LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Travaux du CCRP : Plaidoyer pour une chefferie unique à Sya

Publié le mardi 19 juillet 2011 à 02h20min

PARTAGER :                          

Le 14 juillet 2011, la Nation burkinabè a été informée de l’établissement d’un code moral social qui verra bientôt un statut particulier de la chefferie coutumière au Burkina Faso. « Il n’est jamais trop tard pour bien faire », dit-on. Dans une analyse parue dans Sidwaya du mercredi 13 juillet 2011, le Docteur R. Edjou Djomnlyo Kantiebo a dit : « le rapport télévisuel des phases terminales des travaux du CCRP donne la proposition suivante : abstention des chefs coutumiers de la politique publique… ».

Cette conclusion me va droit au cœur dans la mesure où cela permettra à la province du Houet en général et au peuple Bobo de Sya (Bobo-Dioulasso) en particulier, de faire le ménage dans sa chefferie traditionnelle. Si nous avons bonne souvenance, dans une de ses parutions sur l’histoire du Burkina Faso, le Docteur Bongnessan Arsène Yé classait les pouvoirs traditionnels en 2 catégories : les sociétés structurées à pouvoirs historiques et les sociétés monarcho-anarchistes qui se rencontrent à l’Ouest-Burkina. Le chef a un pouvoir flexible comme le roseau de la Fable.

Dès lors, il n’est pas exagéré de dire qu’à Sya, il y a 2 clans qui se disputent la chefferie coutumière : un chef « dit de canton » à Sya et un « Golotigui » (chef coutumier traditionnel) à Dagasso. Ce ne sont pas les autorités administratives qui me contrediront, aussi bien résidentes que de passage. Un ministre de passage à Sya qui, dans son programme de visite de courtoisie se rendrait à Sya, chez le chef « dit de canton » se verrait dans l’obligation protocolaire de faire le saut chez le « Golotigui » à Dagasso (secteur 4, ex-Koko). L’histoire véritable de Sya est tout autre, empreinte de cordialité, de probité morale et de coexistence pacifique.

La province du Houet (Molo ta Koolo en dialecte local) est le royaume de Sya. Il fut fondé vers 1830, et regroupait les villages bobo et bwaba. Ses descendants habitent à Momoro-Conso, Sangouélélouma et Dagasso. Ils forment la famille régnante. Molo est le vrai libérateur du royaume de Sya et sa branche armée est Dagasso. Le chef des armées se nommait Zélélou et il régnait de concert avec l’imam Sakidi de Farakan, grand prêtre de la mosquée. C’est Zélélou qui arrêta la marche de Tiéba du Kénédougou sur Sya avec les bénédictions de Sakidi. C’est encore lui, Zélélou, qui fit la bataille contre les Kougala de Bouna (CI). Samory Touré de Guinée voulait prendre la ville de Sya. C’est encore Zélélou qui dépêcha à sa rencontre une délégation avec l’imam Sakidi et Guimbi Ouattara. Un consensus fut trouvé et Sya fut épargnée.

De nos jours, El hadj M’Pa Yacouba Sanou est le 17e « Golotigui » de Sya, intronisé en 2006, mais pas « chef de canton ». La chefferie « dite de canton » ne bénéficie pas de cette longévité étant contraire aux us et coutumes du peuple bobo de Sya. C’est en 1913, sous le règne du 8e « Golotigui » que le commandant Maubert désigna Souro Kognagami comme chef des 4 familles de la chefferie de Sya. Il devint le 9e « Golotigui » en 1923 et cumula avec la chefferie « dite de canton » jusqu’en 1933. A sa mort, il refusa d’attribuer la chefferie coloniale à son successeur Madou Kolo « Silalo » qu’il donna à Adama son fils cadet.

Suite à l’assassinat des Européens le 3 août 1941, le tribunal militaire de Dakar, siégea le 10 octobre 1941 et condamna Adama Sanou, ex-chef de canton de Bobo à 5 ans d’exil à Touba (CI). Il n’aurait régné que 8 ans (1933-1941). Ce n’est qu’en 1978 qu’il fut intronisé « Golotigui ». Suite à une de ses tentatives de reconquête de cumuler avec son pouvoir de canton, il lui a été notifié qu’il n’était plus que « chef de canton honoraire » sans pouvoir réel.

Nous comprenons mal que depuis 1991, le fils aîné du « chef déchu et décédé », Siaka Sanou se proclame « chef de canton » et tente d’entraîner le « Golotigui » de Sya, M’Pa Yacouba Sanou, dans ses intrigues ? Il s’est illustré dans la négativité et ses actes anti-coutumes comme le trafic des parcelles dont son fils est responsable des affaires domaniales dans l’arrondissement du Dô. Il a encore occasionné l’accident sanglant de la retraite au flambeau d’une année pour avoir détourné l’argent alloué aux religieux et coutumiers de Sya. Et j’en passe.

Si d’aventure, dans l’application des décisions du CCRP par tractations et manigances frauduleuses, on privilégiait le pouvoir de « canton » au « Golotigui », cela ferait le même effet que si on imposait l’Article 37. Qui vivra, verra !

Soumana SANOU : Instituteur principal à la retraite , Secteur 1 Bobo

Tél. : 20 97 37 58

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2011 à 09:47 En réponse à : Travaux du CCRP : Plaidoyer pour une chefferie unique à Sya

    Merci pour cette analyse et ce rappel historique.
    Si on va payer les chefs traditionnels avec nos impôts, il va falloir les élire au suffrages universel et que n’importe quel habitant d’un village ou d’un canton puisse être candidat sans considération de caste ou d’autre distinction. Nous sommes dans une république qui reconnaît l’égalité des citoyens.

  • Le 20 juillet 2011 à 13:08 En réponse à : Travaux du CCRP : Plaidoyer pour une chefferie unique à Sya

    Ce CCRP nous reserve quoi à la fin ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?