LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

FAMINE EN AFRIQUE DE L’EST : N’accusons pas dame nature !

Publié le mardi 19 juillet 2011 à 02h19min

PARTAGER :                          

La famine menace l’est de l’Afrique. Une fois encore, est-on tenté de dire. A l’origine de la disette annoncée, il y a la mauvaise pluviométrie enregistrée dans cette zone du continent, ces dernières années. Il est notoire que la Corne de l’Afrique n’est pas particulièrement favorisée par la nature en termes de quantité d’eau déversée par le ciel. C’est une zone chroniquement déficitaire dans son ensemble, en matière de production agricole. Cela est vrai. C’est certainement une excuse. Mais, pas une excuse suffisante ni sérieuse pour ces pays. Cette situation illustre l’incapacité de bon nombre d’Etats, sous nos cieux, à assumer leurs responsabilités, à assurer l’autosuffisance alimentaire à leurs populations.

Les gouvernants de ces pays manquent bien souvent de volonté et de prévision. Ce n’est pourtant pas les signaux qui ont manqué. Cette zone est presque constamment dans le rouge en matière de sécurité alimentaire. On se souvient qu’elle a vécu, dans les années 1980, l’une des pires famines que l’humanité ait connues au 20e siècle. Cela aurait dû peser sur les décisions, les choix prioritaires des gouvernants. Ceux-ci devaient se donner pour mission la plus urgente, de conjurer un tel sort en luttant de façon rationnelle et méthodique pour réduire un tant soit peu la dépendance de leur pays vis-à-vis de la nature. Rien n’a, visiblement été fait, dans ce sens, avec vigueur et forte conviction. Le Kenya, par exemple, semble avoir privilégié les cultures de rente tels le thé et le café, au détriment des cultures vivrières.

En Somalie, on a atteint les sommets de l’inconscience avec ces combats meurtriers et interminables entre le gouvernement et les talibans d’Afrique que sont les shebabs. Résultat : une paix impossible, un pays instable et un non-Etat. Dans ces conditions, point de place à toute entreprise à même de contribuer au développement du pays. En d’autres termes, la guerre est un facteur limitant, voire empêchant toute production agricole suffisante. Cela, même si la pluviométrie était excédentaire. Cette famine était donc prévisible. Les dirigeants de ces Etats n’ont pas travaillé à l’avènement d’une politique agricole hardie, à même de faire face à l’énorme défi de la sécheresse. Pourtant, cela est faisable. On en a la preuve : d’autres pays, confrontés aux mêmes réalités, l’ont fait.

Par exemple, un pays comme l’Israël, est venu à bout des contraintes climatiques, a su, grâce à son ingéniosité conjuguée à la qualité de sa gouvernance interne, dominer l’adversité, en "domptant" les terres désertiques. En tout cas, certains Etats qui ne bénéficient pas d’une meilleure clémence de la nature que ces pays de l’Afrique de l’Est, s’en sortent bien au plan de la sécurité alimentaire. L’Afrique du Nord nous en donne un bel exemple. C’est dire qu’il faut arrêter d’accuser dame nature. C’est un argument trop facile que de pointer, à la moindre difficulté, un doigt accusateur sur la nature. La mauvaise qualité de la gouvernance est la principale cause de ces famines à répétition. Et, il faut le reconnaître, le même spectre hante les sommeils de beaucoup de pays du continent.

L’agriculture qui occupe plus de la moitié de la population africaine n’arrive pas à nourrir ce continent. Autant dire qu’il n’y a vraiment pas de quoi être fier des modèles et des choix en matière agricole pour bien des pays du continent. Et pourtant, pour tout Etat qui se respecte, travailler à assurer l’autosuffisance alimentaire de ses populations est non seulement un devoir, mais aussi et surtout, une nécessité d’une extrême urgence.

Le sursaut s’impose. Certains pays comme les Etats-Unis d’Amérique, n’hésitent pas à subventionner leurs agriculteurs. L’Afrique ne fait pas assez pour ses agriculteurs. Elle doit revoir sa copie. Faut-il donner raison à Réné Dumont, pour qui "l’Afrique noire est mal partie" ? En tout cas, il est inadmissible qu’en ce 21e siècle, avec tous les progrès scientifiques et technologiques réalisés par l’humanité, le continent en soit réduit à vivre au gré des caprices de la nature.

Une fois de plus, les populations de l’Afrique de l’Est attendent de l’aide pour ne pas mourir de faim. Elles comptent sur la magnanimité des autres peuples pour ne pas crever de faim. Malheureusement, malgré les énormes potentialités agricoles du continent, l’Union africaine n’a pas les moyens de leur apporter l’aide qu’elles attendent. L’Afrique de l’Est ne peut, de ce fait, que compter sur l’aide humanitaire extérieure. Il lui faudra, hélas, tendre encore la main à l’Occident. Tout cela, après des décennies d’indépendance pour bon nombre de pays du continent. Une faillite collective s’il en est.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2011 à 08:18 En réponse à : FAMINE EN AFRIQUE DE L’EST : N’accusons pas dame nature !

    Ecoutez, c’est bien de faire une analyse mais dans ce contexte tous les exemples sont très mal pris. Comparer "pays africains à Israel ou aux Etats unis" quelquesoit le plan est nul. Réfléchissez un peu avant d’écrire.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique