News of the world est en effet, accusé d’avoir piraté pendant plusieurs années, des centaines de messageries téléphoniques, appartenant à des stars, aux proches de soldats tués au combat et à une adolescente enlevée et assassinée en mars 2002.

A travers sa dernière parution en date du dimanche 10 juillet 2011, le journal a fait ses adieux au lectorat, laissant orphelins plus de 7 millions de lecteurs. Faut-il pleurer ce canard de près de 170 ans ? Peut-être ! Au nom de la confraternité et surtout, pour les 200 confrères désormais sur le macadam. Ce journal spécialisé dans la dénonciation de scandales, principalement sexuels, se révèle être aujourd’hui, auteur de scandales dont les secousses sont ressenties jusqu’au sommet de l’exécutif en Angleterre. Le Premier ministre, David Cameron, est directement interpellé par l’opinion publique anglaise, son ancien conseiller, dernièrement rédacteur en chef du journal, Andy Coulson, a été arrêté et inculpé. En attendant l’aboutissement de cette affaire médiatico-judiciaire, attardons-nous sur les pratiques peu scrupuleuses d’un journalisme en quête obsessionnelle du « scoop » et du sensationnel.

C’est connu, le fait de changer son identité pour obtenir des informations est peu recommandé par l’orthodoxie de la profession, quand bien même le statut de journaliste peut créer l’hostilité naturelle dans certains milieux. Une entorse à cette règle, peut encore, sans être encouragée, se comprendre. Surtout en matière de journalisme d’investigation où l’investigateur court, à tout moment, des risques réels pour son intégrité physique et celle de ses proches. Mais, lorsque des journalistes usent d’écoutes téléphoniques illégales pour violer l’intimité de personnes, soient-elles publiques, cette pilule passe difficilement.

Le métier de l’information ne saurait être assimilé à de l’espionnage pur et dur. Toutefois, si le scandale britannique s’explique par le zèle de professionnels de l’information, il doit l’être aussi par la gourmandise de lecteurs vivant dans une soif de scoops impossibles à étancher. C’est toujours avec plaisir que nous découvrons la vie privée d’autrui dans les colonnes d’un journal, sur une chaîne de radio ou de télévision. Mais comme le dit le proverbe « ça n’arrive pas qu’aux autres ». Le journalisme est une profession noble, à condition que les acteurs fassent preuve de responsabilité. Le cas « News of the world » n’est pas isolé. Pour preuve, trois autres journaux anglais sont en passe d’être épinglés pour des pratiques similaires. Et par qui le tour suivant ?

Les leçons à tirer de ces scandales se doivent d’aller au-delà des frontières du Royaume Uni. Les professionnels véreux se rencontrent certainement partout dans le monde. Le rang des adeptes du journalisme sensationnel semble grossir au fil du temps. Les raisons de cette tendance sont à trouver dans la férocité de la concurrence dans l’univers médiatique. Chacun veut vendre toujours plus, en vue de faire les meilleures recettes possibles et surtout d’appâter les annonceurs. Dans cette course effrénée au gain, ce sont d’honnêtes citoyens qui payent de leur image et des lecteurs qui sont dupés

Pour paraphraser François Rabelais qui rappelle que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », nous retenons que le journalisme sans responsabilité n’est que ruine de la plume, du micro, de la caméra ou de l’âme.

Koumia A. KARAMA (karamalass@yahoo.fr)

Sidwaya