A l’ouverture des travaux du CCRP le 23 juin dernier, le chef du gouvernement ne croyait pas si bien dire lorsque, après avoir salué les membres de la structure pour leur présence, il n’a pas manqué de reconnaitre que certains avaient fait violence sur eux-mêmes pour accepter être portants dans cette grande œuvre à laquelle ils étaient conviés. En effet, les adeptes du « tout ou rien », pour ne pas dire de la « pensée unique » avaient tout fait pour présenter le CCRP comme une autre trouvaille du pouvoir en place pour légitimer ses vues, ses options politiques.
Conséquence, ils ont récusé le cadre qui devait pourtant leur permettre de faire des propositions et de défendre leurs vues surtout qu’il était dit que seuls les points de consensus seraient acceptés comme propositions du CCRP pour un large débat nationale.

Il faut dire qu’on les voyait venir, eux qui ont habitué l’opinion publique à cette manie de toujours critiquer mais se débiner quand vient le moment de l’expression concrète des ambitions. Autrement dit, la politique de la chose vide semble inscrite en bonne place dans leur bréviaire qu’ils n’en démordent pas lorsqu’ils pensent ne pas être en mesure de s’imposer aux autres.

Ainsi, après avoir vainement tenté de plomber le processus engagé pour les réformes politiques par des préalables farfelus tels le retour aux conclusions du Collège de sages originel, la question de l’article 37, la remise en cause du président du CCRP…, ils ont refusé de participer aux travaux du CCRP. Ce qui n’a pas empêché autre mesure la structure qui regroupe ce qu’il y a de significatif dans le monde sociopolitique, religieux et coutumier du pays de fonctionner comme il se doit.

En tout cas, les conseillers du CCRP ont montré qu’il y a encore et toujours des Burkinabé qui, comme le philosophe, restent convaincus que : « le plus haut degré de la sagesse humaine est de savoir plier son caractère aux circonstances et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs ». En effet, beaucoup ont compris que pour l’avenir du pays, ils ne pouvaient s’arcbouter à leurs ambitions ou options personnelles ; ils se devaient de répondre à l’appel ; ce que du reste le Premier ministre a vivement salué à l’ouverture des travaux du CCRP.

Pour dire vrai, les 68 membres et le personnel d’appui qui ont accepté se sacrifier, sacrifier leur temps et leur énergie pour servir pendant 21 jours la nation, la démocratie Burkinabé méritent respect et considération. En attendant les prochaines étapes du processus de reformes, ils peuvent donc être fières ; fière d’avoir accepté participer à l’écriture de nouvelles pages de notre pays. L’histoire retiendra, qu’à une étape décisive de l’évolution de « la maison commune », ils ont accepté apporter leur pierre pour la construction.

L’histoire retiendra aussi que 68 citoyens burkinabé, sans calcul malgré le « statut » partisan de certain, ont accepté travaillé pour faire honneur à la démocratie. Car il faut accepter le reconnaitre, plus que tout autre chose, le CCRP est l’expression même de la démocratie. Pendant 21 jours, les membres du CCRP ont fait valoir leurs idées, leurs opinions dans une ambiance de respect mutuel, de dévouement et d’engagement pour la cause commune, c’est-a dire, le renforcement de notre jeune processus démocratique.

Dans un tel contexte, comment ne pas saluer à sa juste valeur la participation de l’opposition politique qui a compris que la politique de la chaise vide, n’a jamais payé et qu’il ne faut jamais laisser les autres décider à votre place. Bravo à la société civile qui sait qu’elle doit être le « tampon » des débats politiques, être un contre pouvoir et non contre le pouvoir. Comment enfin ne pas aussi avoir une considération pour la majorité présidentielle, qui sait que, gérant le pouvoir d’état, elle a une grande responsabilité visa vis de l’histoire et de tous les Burkinabé. Chapeau bas donc à tous les membres du CCRP pour travail abattu.

Georges Bernanos (1888- 1948) disait : « les petites choses n’ont l’air de rien mais elles donnent la paix… dans chaque petite chose, il ya un ange ». C’est dire que chaque membre du CCRP quelle que soit le degré de sa contribution aux débats, doit se dire qu’il a servi le Burkina Faso et sa démocratie. L’histoire retiendra. C’est sûr !

Idriss BIRBA
L’Opinion