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ANCIENS DIGNITAIRES DU SYSTEME : Faut-il être fou pour lorgner Kosyam ?

Publié le vendredi 8 juillet 2011 à 02h18min

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Etes-vous au courant de l’existence du Rassemblement des Fous du Faso (RFF) ? Eh ben, il a été créé depuis peu. Il n’est ni de l’opposition ni de la majorité. Il appartient à la mouvance du Burkina Faso. Son idéologie ? Le Burkina Faso. Mais le but n’est pas de conquérir le pouvoir d’Etat. Les membres du parti ont bien d’autres choses plus sérieuses à faire. Que diantre ! Le RFF n’a que deux membres pour l’instant, mais c’est un parti qui est appelé à grandir, cela on n’a pas besoin d’en douter ! Mais qui sont ces deux membres ? Le premier, c’est moi, votre humble et fou serviteur. Le second, c’est Torkabé. Bien entendu, il est aussi fou que vous êtes lucides. Dans notre parti, on adore le débat démocratique et contradictoire.

A ce propos, nous avons eu de solides empoignades récemment sur un sujet d’actualité de notre pays et dont je veux vous faire le compte rendu. Torkabé et moi avions discuté sur le cas des anciens dignitaires du pouvoir qui ont quitté ce méga navire pour créer aujourd’hui leur parti. Torkabé a tout de suite planté le décor en déclarant ceci : "Je ne comprends pas pourquoi ils ont attendu d’avoir quitté le parti avant de faire valoir leurs opinions. Ils auraient pu le faire pendant qu’ils étaient toujours dedans.

Je trouve que c’est un manque de courage de leur part. C’est vrai qu’il n’y a pas de morale en politique, mais il faut respecter une certaine éthique". J’ai opiné qu’effectivement, on peut leur en vouloir pour cela. Parce qu’ailleurs, en France par exemple, les gens, quand ils ne sont pas d’accord avec certaines positions de leur parti, ils l’expriment ouvertement et clairement. Mais à mon ami et camarade Torkabé, j’ai apporté la limite que chez nous, la liberté d’expression n’est pas la chose la mieux partagée au sein de nos partis politiques. C’est à la limite le règne de la pensée unique.

Et puis, il ne faut pas oublier non plus que ce ne sont pas forcément les idées qui motivent leurs actions. Le tube digestif est souvent l’étoile polaire de leur comportement politique et ce n’est pas étonnant que les gens préfèrent étouffer leurs opinions. La révision de l’article 37 est par exemple décriée dans les cabarets et les buvettes alors qu’il semble faire l’unanimité dans les huis clos des réunions de partis politiques. Tout cela parce que la peur du lendemain bride le courage d’opinion du jour. Enfin, n’importe qui ne peut pas quitter un parti politique ou un système pour aussitôt s’y opposer.

Il faut une autonomie d’esprit, une assise solide et confortable pour pouvoir le faire. Et à ce propos, certains de ces dignitaires du système n’ont pas créé leur parti juste le lendemain de leur défection ou de leur éjection. Ils ont pris du recul avant de revenir sur la scène politique."Ils ont pris du recul, certes, n’empêche qu’ils demeurent toujours des produits du système et ce n’est pas certain qu’ils ne vont pas faire pire que ledit système s’il venait à monter au pouvoir", a contre-attaqué Torkabé. Il ajoute même que rien ne prouve que ce ne sont pas des taupes, des infiltrés que le système a envoyés dans la sphère de l’opposition pour mieux gangrener celle-ci et la neutraliser pour toujours.

Pour lui, le peuple aura des difficultés à croire en ces opposants venus du pouvoir. Je lui ai concédé encore cette hypothèse qui peut se vérifier. Cependant, il n’est pas interdit non plus d’espérer que ces hommes soient un espoir pour le Peuple burkinabè. Certains de ceux qui ont quitté le navire d’eux-mêmes, ils ne sont pas nombreux, l’ont peut-être fait par conviction et ne feront pas partie de la race des aigris qui protestent dans un esprit revanchard qui n’apportera pratiquement rien au peuple. De plus, la plupart des grands hommes, des grands cadres et des hommes et femmes de qualité du Burkina se trouvent dans le système.

Si de tels hommes se retrouvaient dans l’opposition, ils rehausseraient celle-ci de leurs qualités et de leurs expériences du pouvoir et pourraient lui donner plus de chances de conquérir le pouvoir d’Etat. En tout cas, s’ils jouent vraiment leur rôle, s’ils ont un discours réaliste et porteur, le peuple pourrait leur accorder sa confiance. Telle a été la tonalité de notre débat. Mais à la fin de nos discussions, Torkabé et moi avons abouti à un consensus : ces anciens piliers du pouvoir qui le quittent pour faire entendre un son de cloche différent sont à saluer. Cela prouve qu’on a pas forcément besoin d’être fou pour penser à lorgner Kosyam quand on est du système.

Cela renforce notre démocratie et donne une chance à l’alternance de se réaliser sans cacophonie dans notre pays. Par conséquent, à l’unanimité, nous avons adressé une motion de soutien à tous les cadres de notre pays, qui voudraient se responsabiliser et s’exprimer pour renforcer notre démocratie. Ne trouvez-vous pas beau notre parti ? Si vous êtes intéressés, vous pouvez venir prendre la carte de membre. Il coûte le prix d’un plat de benga. Vous pouvez l’acquérir si vous remplissez une seule condition : être fou !

Le Fou

Le Pays

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