LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Amnistie oui, amnésie non !

Publié le jeudi 7 juillet 2011 à 01h37min

PARTAGER :                          

Les travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques entamés il y a maintenant plus d’une décade, sont arrivés à leur vitesse de croisière avec l’entame des débats sur l’axe deux concernant la redéfinition des rapports entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Outre certaines questions fondamentales comme celle de l’âge de la « retraite » du président du Faso et la nature du régime que l’on veut mettre en place, la question non moins essentielle de l’amnistie s’est invitée à la table des débats.

Si nous parlons de question essentielle de l’amnistie ce n’est pas tant qu’elle ne fait pas l’unanimité au sein des conseillers (à en croire la presse ceux-ci semblent s’être entendus sur la question) mais au regard de la polémique qu’elle ne manquera pas d’entraîner, certains voyant dans cette loi, un moyen d’absoudre à peu de frais des responsables de crimes politiques de leurs actes. Pas de réconciliation sans justice, le slogan a déjà été usité sous nos cieux, et il réapparaîtra de plus belle dans certaines chapelles politiques, qui ont donc fait selon le mot de Sami Serges SOU, des « morgues politiques » leur fonds de commerce.

Car, il s’agit bien de cela en réalité, toute cette agitation de nos croisés de la justice n’ayant pour objectif principal que de faire rendre gorge à Blaise COMPAORE de tous ses « pêchés » (sic) comme si tous les crimes qui ont jalonné notre histoire politique lui étaient imputables ou s’il y avait des crimes punissables et d’autres pas. Si ce n’est pas faire preuve de mémoire sélective, voire d’amnésie, peut-on décider in petto que la violence en politique a commencé sous son « règne », occultant ainsi un pan important de notre histoire politique ? Sans faire un inventaire à la Prévert, on peut affirmer qu’au cas où l’on voudrait ouvrir la boîte de pandore en décidant de juger les crimes politiques des dossiers que l’on a de la peine à s’imaginer pourraient « s’inviter » à la barre. Du député Philippe Zinda KABORE, mort dans des conditions « troubles » au commandant Fidèle GUIEBRE tué en 1983 en passant par le colonel Badenbie NEZIEN et le commandant Moumouni OUEDRAOGO dont le parachute a « refusé » de s’ouvrir lors d’un saut de démonstration à Ouahigouya, bien de familles pourraient demander justice pour leurs morts.

Dans cette occurrence, la réconciliation nationale que l’on veut faire passer par l’étape de la justice ne serait pas pour demain. On aurait plutôt à la place, une foire d’empoigne qui au mieux se terminerait dans la cacophonie et au pire tournerait en guerre civile. Il ne faut pas perdre de vue que la brève mais meurtrière guerre civile ivoirienne, nonobstant les ravages de l’ivoirité, a aussi pris racine dans cette soif de justice développée par les radicaux du camp GBAGBO qui voulaient solder certains comptes du passé notamment les massacres de Gagnoa dans les années 70 et l’assassinat de certains leaders charismatiques bétés.

Pour en revenir à notre sujet, force est de reconnaître que le pouvoir de la IVe République a montré une bonne disposition d’esprit vis-à-vis de la réconciliation nationale en organisant l’historique Journée de pardon du 30 mars 2001. Une journée que certains se plaisent à banaliser mais dont le symbolisme et la portée sont indéniables. Elle aura en effet vu l’ensemble des hommes qui ont dirigé ce pays faire acte de contrition et a également permis à certaines familles victimes de la violence en politique de se réconcilier avec la Nation et faire le deuil de leurs morts.

La journée de souvenir qui a été instituée depuis, permet chaque année de constater les acquis engrangés en matière de mise en œuvre des recommandations prises lors de cette journée. On n’a donc guère passé les victimes par « pertes et profits », mais on a plutôt privilégié la paix et la concorde nationale en évitant, nous l’avons dit, d’ouvrir la boîte de pandore de la justice. Le propre de tout dirigeant éclairé est de faire de celles-ci sa boussole, et, les derniers tourments que nous venons de vivre, illustrent abondamment leur importance. Alors, oui pour une amnistie générale qui ne doit cependant pas nous empêcher de nous souvenir de nos morts et de leur rendre les hommages qu’ils méritent.

Alpha YAYA
L’Opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2011 à 21:11, par Beurk En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Mais Monsieur le journaliste Alpha Yaya,vous vous en prenez à qui ?Il me semble que le CCRP est initié par le PF avec Monsieur Yé à la manette et il me semble aussi que votre journal l’Opinion est un ardent défenseur ou une officine du pouvoir en place.Alors de quoi vous plaignez-vous ?On nous a dit et crié que le CCRP c’est pour parler du bien être des Burkinabè mais que nenni.Pour le moment le CCRP nous parle d’augmenter des députés,faire un sénat,créer une vice présidence,fonctionnariser les chefs traditionnels,créer un haut conseil des sages,du financement des partis politiques,d’amnistier certains hauts dignitaires et patati patata mais pour le moment,je ne vois rien qui concerne le bien être du peuple sauf à nous appauvrir encore plus encore avec des augmentations d’impôts et taxes enfin de nourrir grassement tous ces politiciens anciens et nouveaux qui arriveront à l’assemblée,au sénat,au haut conseil des sages,les chesf traditionnels politicardisés etc...!.Donc pour l’amnistie que vous parlez,il faut vous en prendrre au Ministre Yé parceque je ne comprends pas pourquoi le CCRP nous sert cela alors que je ne vois même pas sa pertinence dans le débats à moins que le PF se reproche des faits graves que nous ignorons et qu’il aimerait se couvrir.En tout état de cause,je pense sincèrement que ce CCRP est une vraie mascarade qui ressemble à une cuisine interne entre politiciens afin de mieux se servir au lieu de débattre vraiment pour que nous puissions nous en sortir de cette galère à savoir l’injustice,la corrumption,le pillage des deniers publics,le chomage de masse etc...!Donc Monsieur Alpha Yaya,je vous aurai applaudi si vous aviez eu le courage de dénoncer que ce fameux CCRP est entrain de faire fausse route parceque c’est pas ce qu’on nous avait vendu dès le départ,à savoir que c’était pour la bonne gouvernance,la démocratie etc....!Mon oeil....je pleure pour mon cher Faso car nous allons tout droit à la catastrophe avec cette manière de concevoir la politique.A bon entendeur,salut !

    • Le 6 juillet 2011 à 23:47, par Alpha142 En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

      Mon cher Alpha Yaya, tu es journaliste ou bien tu ne l’es pas ? Personne n’est contre le fait de juger tous les crimes de sang dans notre pays. De quoi tu te plains ? Ou bien tu as aussi commis des crimes comme tes amis qui sont au pouvoir. Si c’est la cas, tu peux commencer à préparer ta défense car CCRP ou pas, vous serez tous jugés dans le pays-là

  • Le 6 juillet 2011 à 23:11, par katimi justice savadogo En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    "Dans cette occurrence, la réconciliation nationale que l’on veut faire passer par l’étape de la justice ne serait pas pour demain. On aurait plutôt à la place, une foire d’empoigne qui au mieux se terminerait dans la cacophonie et au pire tournerait en guerre civile".
    Mr Alpha Yaya tout en respectant votre point de vue,je dois vous dire que je ne la partage pas du tout.En faisant une arithmétique sommaire des morts "suspects" que vous venez de citer de 1960 à 1983(23 ans) cela fait au total quatre morts(4 morts).
    Dans le même temps en 23 ans de règne de cette 4è republique,malgré votre bonne foi vous aurez des difficultés arithmétiques à dénombrer le nombre exact de compatriotes qui sont disparus,executés,assassinés,fusillés,"faits" par d’autres burkinabè.Je vous conseille de ne pas chercher le nombre exact de morts en 23 ans,vous pourrez avoir des cauchemars.
    Pourquoi tant de morts inutiles pour des divergences d’opinion ? Pourquoi tant de sang versé inutilement pour des contradictions somme toutes normales et même souhaitable dans toute démocratie et nécessaire pour une bonne marche de la cité.
    Je ne partage pas votre point de vue mais nous sommes ensemble et chacun dans son domaine d’activité travaille pour le developpement du Burkina,c’est cela la démocratie ;accepter et respecter l’autre pour ces opinions divergentes des votres.
    Si ce principe démocratique,ce droit à la différence et à la vie avait été respecté,bien de vies seraient épargnées.
    Il laisser la justice indépendante décider du droit de chaque citoyen que nous sommes.Si nos dirigeants n’ont rien à se reprochés,ils retrouveront leur place au sein de la société avec leur droit.
    La justice indépendante n’est dirigée contre personne et si vous n’avez rien à vous reprocher mr Alpha Yaya vous ne serez jamais inquiété et nous pourrons ensemble prendre un pot ensemble malgré nos divergences de vues.
    L’amnistie est une forme d’impunité et d’injustice et qui ne favorise pas une veritable paix entre les citoyens qui veulent savoir la verité sur la mort de leur proche avant de pardonner.
    Le burkinabè est pacifique de nature et je sais que beaucoup sauront pardonner leur boureau si la justice venait à se dire dans la douleur.Trop de sang a coulé et il faut tourner la page de la verité,de la justice et de la concorde.Vive la paix pour le développement.
    Merci de publier webmaster
    Par katimi justice savadogo

  • Le 7 juillet 2011 à 00:55, par Rasougou En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Et puis vous avez surtout cru ruser en nous évitant une conférence nationale comme certains voisins avec la complicité, entre autres, d’un certain Touré Soumane (encore lui). Ce faisant, vous nous avez mis en retard démocratiquement pour nous vendre une journée dite du pardon et enfin, cette tribune appelée CCRP.
    Apprenez, Monsieur Alpha YAYA, que l’histoire s’écrira contre vents et marées.

    Merci
    Rasougou

  • Le 7 juillet 2011 à 03:44, par wez En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Sans confession des crimes de sang et economiques,pas d’amnistie,de toute facon c’est le peuple qui pardon,pas le ccrp

  • Le 7 juillet 2011 à 10:26, par ICEBERG En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Ainsi M. Alpha Yaya, on oublierait aussi facilement les crimes de sang mais aussi les crimes céonomiques. Ceux qui ont spolié le peuple pour être milliardaires pourraient ainsi jouir des fruits de leurs forfaits en toute impunité alors qu’une bonne majorité du peuple croupirait dans la pauvreté. Ceux qui ont tué auraient tué vraiment et puis y a rien ! On ne doit jamais perdre de vue que les victimes ont une descendance et tôt ou tard, cette dernière demandera des comptes d’une manière oud’une autre. Alors s’il y a des vérités à se dire , mieux vaut les dire maintenant ; laissant le soin aux ayants droits de pardonner ou de demander réparation. Voilà notre vision ds choses M. Alpha Yaya.

  • Le 7 juillet 2011 à 10:27, par Flouz En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Yaya, mais tu es dangereux pour la démocratie ! "il faut éviter d’ouvrir la boite de pandore de la justice", c’est la première fois que j’enntends que la justice est un péril pour un état de droit. Tous les analystes et les institutions internationales ont toujours avancé le contraire.

  • Le 7 juillet 2011 à 12:02 En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    bonjour,
    A lire votre article on ne sait pas ce qui vous préoccupe ou à quel problème précis vous faites allusion. vous semblez dire que les dérives inqualifiables du camp GBAGBO trouvent leurs origines dans exactions commises dans le canton guébié (KRAGBE Gnabié) de Gagnoa en CI. Visiblement vous ne connaissez pas l’histoire de la RCI et vous illustrez votre article par des contre vérités. vous défendez quoi ? Vous rendez service à qui ? En tous cas pas même à vos obligés. Relisez votre article.

  • Le 7 juillet 2011 à 13:26, par Kader En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Si le CCRP est crée pour faire des travaux taillés sur mesure pour un certain nombre d’individu, alors ça ne passera pas. Vous savez très bien que cette amnistie présidentielle ne profite pas au peuple et ne fera pas avancer ce pays.
    D’autre part, l’augmentation du nombre de députés est inefficace et engendre des dépenses supplémentaires. Si vous vouler vraiment rendre service au burkina, je vous propose de débattre sur l’indépendance de la justice, le mode de recrutement des militaires, procédure d’octroi ment des marchés d’états. Voici quelques points qui intéressent le peuple. En gros, il suffit de faire respecter les lois qui existent déjà dans ce pays et tout ira bien. On n’a pas besoin de créer des CCRP ou collèges de sages pour résoudre quoi que se soit.

  • Le 7 juillet 2011 à 19:56, par Marechal CeloD En réponse à : Amnistie oui, amnésie non !

    Adopter cette amnistie présidentielle équivaut à dire aux futurs présidents du faso après leur prestation de serment ; vous êtes libres de tuer les compatiotes génants, forniquer avec les femmes de vos collaborateurs, massacrer les étudiants et surtout piller les maigres ressources du faso et détourner l’aide financière des bailleurs de fonds car à la fin de votre mandat vous serez amnitier. Non, vous n’avez rin à craindre. ça c’est de la "DEMONCRATIE" et la DEMOCRATIE.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Article 37 : Une camisole de force !
Assises nationales : Tout est bien qui finit bien