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Au marché de la crédibilité...

Publié le jeudi 7 juillet 2011 à 01h37min

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A écouter les échos qui proviennent de la salle de conférences de Ouaga 2000 où le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) a ses quartiers depuis le 23 juin, les 68 conseillers sont sur la brèche dans une ferveur qui coupe court aux insinuations de certains observateurs et acteurs de la scène sociopolitique qui annonçaient plutôt une partie de jeu de cartes entre copins.

Il semble qu’on est loin d’une telle image, les conseillers et le ministère en charge des réformes politiques ayant une claire conscience des espoirs que tout le pays place en eux. Voilà qui augure des résultats à la hauteur des attentes et qui ouvre la voie à des transformations en profondeur, afin de donner un nouveau souffle au contrat social qui garantit au Burkina Faso la paix et des progrès réels dans tous les domaines depuis deux décennies.

Nous le disions déjà dans notre précédente édition, le CCRP est attendu au coin du bois et personne ne lui fera de cadeaux. Ni ceux qui en attendent des solutions, ni ceux qui ne lui font guère confiance et espèrent tout au contraire qu’il échouera et leur donnera ainsi du grain à moudre dans le registre de « c’était sûr ». D’ailleurs les premiers seront beaucoup plus exigeants que les derniers, qui eux, peuvent se satisfaire de tout et même de rien pour donner dans le tempo des cris de gorets qu’on écorcherait vifs.

Le paysage de l’après 14 juillet est donc connu de tous, ce qui donne au CCRP un double défi. Celui de sa propre crédibilité et celui d’accoucher de propositions de réformes autour desquelles la majorité des Burkinabè pourront se retrouver. Si l’un ne va pas sans l’autre, il serait tout de même prétentieux de penser que la crédibilité suffirait à elle seule pour garantir le succès. Voilà pourquoi, il nous semble totalement spécieux de trop s’attarder dans un débat dont l’objectif serait de déterminer la représentativité des différents membres du CCRP en fonction de leurs groupes d’origine. Cela d’autant plus que dans ce pays, chacun se prend pour le nombril de la terre et tout naturellement tire à lui toute la légitimité.

On en a eu une nette expression ces derniers mois avec un Chef de file de l’opposition crédité de seulement 6% des suffrages exprimés à la dernière élection présidentielle de novembre 2010, déniant toute légitimité au président élu, Blaise COMPAORE, qui lui avait eu plus de 80%. C’est tout dire sur les notions de représentativité et de légitimité en vogue dans le landerneau sociopolitique.

Au niveau de la société civile, on n’en mène pas large non plus, puisque-là aussi, chacun y va de ses propres instruments de mesures avec en prime la présence dans les médias et le porte-feuille de partenaires techniques et financiers. C’est dire qu’on y est aussi quelque peu loin de l’opinion publique véritable et que le souci principal n’y est pas d’impacter réellement les populations.

Les rapports et bilan à l’adresse des partenaires financiers semblent la préoccupation principale. Difficile dans ces conditions de dire qui est réellement représentatif des centaines d’associations évoluant dans ce secteur. Cela dit, la bataille de légitimité que tentent d’imposer certains est donc une fausse querelle. Ni les conseillers du CCRP, ni l’opinion publique ne devraient donc se laisser divertir ou s’en formaliser.

D’ailleurs ceux qui ont refusé de participer au CCRP peuvent-ils prétendre être plus représentatifs de nos populations que les partis politiques, les responsables coutumiers et religieux, les représentants d’associations qui y prennent part ? Ce serait trop prétentieux, nous semble-t-il. C’est à ce niveau que se situe la véritable bataille. Celle de sa crédibilité et de sa légitimité. En vérité, au marché de la crédibilité, chacun repart avec ce qu’il a apporté. Alors place au travail.

Cheick Ahmed
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2011 à 22:03, par Beurk En réponse à : Au marché de la crédibilité...

    Ayant lu avec attention l’arcile de Mr Cheick Ahmed du journal l’Opinion,je m’éviterais volontiers de tomber dans la caricature comme lui en portant tout simplement à l’attention de nos chers forumistes l’avis d’un excellent journaliste et après,chacun jugera de sa façon.
    Ainsi,à New York lors d’un banquet le 25 septembre 1880,le célèbre journaliste John Swinton s’énerva quand on proposa de boire un toast à la liberté de la presse en disant ceci :
    "Quelle folie que de porter un toast à la Presse indépendante !Chacun ici présent sait que la presse indépendante n’existe pas.Vous le savez et je le sais.Il n’y en a pas un parmi nous qui oserait publier ses vraies pensées.S’il le faisait,vous savez d’avance qu’elles ne seraient jamais imprimées.
    Je suis payé pour garder mes vraies opinions en dehors du journal pour lequel je travaille.D’autres parmi vous sont payés pour un travail similaire.Si j’autorisais la publication d’une bonne opinion dans un simple numéro de mon journal,je perdrais mon emploi en 24 heures.Un homme suffisamment fou pour publier la bonne opinion serait bientôt à la rue en train de rechercher un nouvel emploi.
    La fonction d’un journaliste est de détruire la vérité,de mentir radicalement,de pervertir les faits,d’avilir,de ramper aux pieds de Mammon et de se vendre lui-même,de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien ou ce qui revient au même,son salaire.
    Vous savez cela et je le sais.Quelle folie donc que de porter un toast à la presse indépendante.Nous sommes les outils et les vassaux d’hommes riches qui commandent derrière la scène.
    Nous sommes leurs marionnettes.Ils tirent sur les ficelles et nous dansons.Notre temps,nos talents,nos possibilités et nos vies sont la propreté de ces hommes.Nous sommes des PROSTITUES INTELLECTUELS"
    (cité dans:Labor’s Untold Story, de Richrd O. Boyer and Herbert M. Morais,NY,1955/1979)
    Le premier métier d’un journaliste est de se taire
    Son deuxième est de mentir

    • Le 7 juillet 2011 à 09:47, par hyac En réponse à : Au marché de la crédibilité...

      Bravo Beurk, moi je n’ai rien à ajouter !
      Merci

      • Le 7 juillet 2011 à 12:42, par madi En réponse à : Au marché de la crédibilité...

        l’Opinion a enfin trouvé une tribune pour s’exprimer et se faire lire ; c’est l’un des rares journaux de la place à raconter des contre-vérités : capable de dire que ce qui est blanc pour tout le monde est noir chez lui et inversement !

    • Le 7 juillet 2011 à 13:32 En réponse à : Au marché de la crédibilité...

      Quoi dire de plus ? Tu as tout dis, et très bien dis.Plus rien à ajouter

    • Le 9 juillet 2011 à 13:30, par Cheick Ahmed En réponse à : Au marché de la crédibilité...

      Merci Beurk pour avoir pris le temps de me lire et surtout de réagir. La citation que vous faîtes m’indique que vous n’êtes pas de ceux qui n’ont que l’injure à la bouche et que vous êtes capable d’argumenter vos points de vue. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas et vous le constatez avec moi en lisant ceux qui ont réagi sur le même sujet.
      Néanmoins je ne peux manquer de vous faire observer que caricature pour caricature, entre mes propos relativement à la représentativité des uns et des autres dans le landerneau sociopolitique et ceux de John SWINTON sur l’indépendance de la presse que vous citez, c’est comme le jour et la nuit. N’est-il pas péremptoire et exagérément caricatural de déclarer que : « La fonction d’un journaliste est de détruire la vérité, de mentir radicalement, de pervertir les faits, d’avilir, de ramper aux pieds de Mammon et de se vendre lui-même, de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien … »
      C’est le minimum qu’on puisse dire pour ne pas être désobligeant avec un grand professionnel qui avait manifestement perdu ses nerfs. Beurk, vous ne le savez peut-être pas mais John SWINTON est en lui-même un concentré de paradoxes ; et ceci explique largement cela. Ce n’est pas le lieu d’épiloguer sur le sujet mais pour faire court il a été un homme de gauche, un activiste des causes des « travailleurs opprimés » et du « petit peuple ». Pourtant il officiait dans un journal libéral « Le New York Times » en qualité de Rédacteur en Chef (1860-1870). Il a été ensuite éditorialiste au « New York Sun » de 1875 à 1897. Il a même été candidat à la Mairie de New York pour le compte d’un petit parti. Comme vous le devinez certainement, John SWINTON était tout sauf un conformiste. Il était un adversaire acharné du système. Et pourtant il était au service de ce système en écrivant dans des journaux dont les lignes éditoriales étaient sans équivoque. Ainsi donc pour gagner sa pitance il a cru devoir, comme il l’écrit, « détruire la vérité, ... mentir radicalement, ... pervertir les faits, ... ramper aux pieds de Mammon et ... se vendre lui-même, ... vendre son pays et ... race pour son pain quotidien … ». On sait qu’il avait fini par créer son propre journal en 1883. Mais celui-ci a fait faillite au bout de 4 ans seulement.
      Ce qu’on peut dire sur l’attitude M. SWINTON, c’est que personne ne l’a obligé à être journaliste et qu’il aurait bien pu rester dans l’imprimerie ou dans la marine, des métiers qu’il avait occupé avant. M. BEURK, on ne peut pas écrire que « Le premier métier d’un journaliste est de se taire. Son deuxième est de mentir ». Ce serait insulter jusqu’aux lecteurs, auditeurs, etc. N’est –ce pas ça qui est une caricature inacceptable ?

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