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Lettre ouverte de Karim Wade : Il n’a qu’à s’en prendre à son père

Publié le mardi 5 juillet 2011 à 02h29min

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Jusqu’en mars 2000, date de la première alternance au Sénégal, dont son père, Abdoulaye Wade, fut l’artisan, Karim, était un parfait inconnu pour les Sénégalais. Tout juste, certains savaient que le fondateur du PDS avait un rejeton qui travaillait à Londres. C’est par suite de son départ des bords de la Tamise en 2001 pour être conseiller de son père, puis patron de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (ANOCI) en 2004 que Karim est tombé sous les feux de la rampe. Karim Wade, c’est la photocopie de son père avec 42 ans de moins, le métissage et 10 cm en plus ; le parallèle s’arrête là, car, alors que le chef de l’Etat sénégalais est très volubile, voire agaçant, Karim est volontiers secret, introverti et énigmatique.

En dix ans de pouvoir de son président de père, ses sorties médiatiques ont été rarissimes, et cette stratégie du silence est même devenue son arme favorite.

D’où vient alors qu’il en soit arrivé à cette sortie du 3 juillet 2011 via une lettre ouverte ?

Cette tonitruante salve épistolaire, loin d’être un coup de sang, appelle 2 lectures :

- premièrement, Monsieur Karim Wade, vous avez raison de parler de lynchage médiatique à votre endroit. Quiconque a séjourné ces dernières années au Sénégal aura remarqué que RIMKA (inversion de son nom pour les intimes) occupe régulièrement la manchette des journaux dans des articles qui, en dépit des clauses rédactionnelles avec l’emploi, disproportionné, des points d’interrogation et du conditionnel, manquent de consistance. Cette situation traduit à l’évidence une "mise à mort médiatique".

Que n’a-t-on pas dit ou écrit sur ce personnage qui, jusqu’à présent, n’est pas très bien connu de ses compatriotes ? Qu’il serait le Robespierre de la politique sénégalaise avec une kyrielle de trophées à son tableau de chasse ; qu’il serait le PCA de Sénégal INC, percevant 15% sur chaque gros marché... et qu’il veut surtout s’emparer du sceptre de son père.

Monsieur Karim Wade, vous avez donc raison d’évoquer, dans votre missive, les attaques ad hominem de certains journalistes stipendiés par des hommes politiques.

Vous avez raison également d’estimer que c’est insulter vos compatriotes que de brandir, depuis des lustres, une tentative de dévolution dynastique du pouvoir venant de votre père. Bien que les apparences s’y prêtent, on ose vous croire, car le phare de la démocratie qu’est le Sénégal ne peut se permettre cette reculade. Du reste, les Sénégalais ne l’accepteraient pas.

Enfin, vous avez parfaitement raison quand vous dites de vous juger sur pièce au lieu de supputer.

Les faits, encore les faits et toujours les faits pour paraphraser Danton. En effet, c’est au regard des actions qu’on juge un homme politique !

- Deuxième lecture : Monsieur Karim Wade, vous avez tort pourtant, d’estimer qu’"être fils de" ne donne droit à rien. Pensez-vous, tout expert en ingénierie financière que vous êtes, avoir été le seul capable de diriger l’ANOCI ? En Afrique et ailleurs, les "fils de" n’ont jamais été de simples citoyens. Les patronymes célèbres ont toujours été des "sésame ouvre-toi".

Croyez-vous, Monsieur Karim Wade, que si vous ne portiez pas ce nom, ce superministère taillé sur mesure vous aurait échu en 2009 ? Vous avez, en effet, en charge les départements de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Aménagement du territoire.

D’ailleurs votre nomination à ce poste ministériel est intervenue au lendemain de l’OPA ratée sur la mairie de Dakar, vaut tout son pesant de supputations. Allez-y convaincre, Monsieur Karim, vos concitoyens que ce n’était pas une pirouette paternelle après votre berezina aux élections locales pour vous remettre sur orbite.

Monsieur Karim Wade, vous avez aussi tort, car malgré les dénégations, votre père donne la fâcheuse impression de vouloir coûte que coûte vous baliser l’avenue Léopold-Sédar-Senghor (siège de la présidence) tout en écartant ceux qui pourraient vous faire de l’ombre tels Idrissa Seck ou Macky Sall.

Vous avez enfin tort de vous en prendre uniquement à vos adversaires politiques, voyez du côté de votre père, qui vous expose trop. Votre silence et vos démentis sont annihilés par le comportement du chef de l’Etat. Vous êtes superministre et fils du président, ce n’est pas rien et vous n’êtes pas dans la même situation qu’un Moustapha Guirassy (Communication et porte-parole) ou un Aliou Sow (Collectivités territoriales).

La seule parade contre cette bronca permanente, Monsieur Karim Wade, est de vous construire politiquement vous-même, patiemment mais sûrement, en dehors de l’ombre tutélaire du père. Commettez au besoin le parricide politique ! Votre géniteur a mis 25 ans à arriver au pouvoir ; ça tombe bien, chez les Wade, on est génétiquement centenaire ; Monsieur Karim Wade, vous n’avez que 43 ans, qui vous dis que dans 10 ou 15 ans vous ne serez pas élu par les urnes président de la République du Sénégal ? Et là, personne ne pourrait crier au scandale.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2011 à 19:13 En réponse à : Lettre ouverte de Karim Wade : Il n’a qu’à s’en prendre à son père

    Monsieur Dieudonné Zoungrana, vous savez faire de belles analyses lorsqu’il s’agit des bavures ou dérives politiques dans un autre pays comme le Sénégal, la Côte d’ivoire etc. Malheureusement votre objectivité et votre esprit critique s’arrête sur l’étranger et ton propre pays baigne dans l’impunité et les entorses à la démocratie et vous-vous en accommodez sans problème. Soit vous mangez dans le pouvoir de Blaise COMPAORE ou soit ...... ; Dans tous les cas on vous comprend pas.

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