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DEBATS SUR LE FICHIER ELECTORAL EN GUINEE : Jusqu’où ira Alpha Condé ?

Publié le lundi 4 juillet 2011 à 01h13min

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Les vieux démons semblent être de retour en Guinée Conakry à la faveur des préparatifs des élections législatives prévues pour la fin de l’année. L’inimitié mal contenue que se vouent mutuellement le chef de l’Etat Alpha Condé et son challenger de la présidentielle de novembre 2010, Cellou Dalein Diallo, devenu son principal opposant, refait surface. En effet, les deux hommes s’étripent par rapport au fichier électoral. Le candidat malheureux de la dernière présidentielle s’oppose à la volonté de l’opposant historique devenu chef de l’Etat, de faire un nouveau recensement en vue de disposer d’un nouveau fichier électoral. Il est aussi farouchement contre la volonté du président de la république de donner l’organisation des législatives à venir au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD).

Les esprits s’échauffent à l’orée des législatives comme ce fut le cas pendant l’entre-deux tours. A l’époque, les débats avaient fait rage avec la proposition du Premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré, de réviser la Constitution pour faire jouer un rôle de premier plan au ministère de l’Administration du territoire et des Affaires politiques (MATAP) d’alors dans l’organisation du second tour au détriment de la CENI qui n’avait pas bien organisé la première manche du scrutin. On croyait la question définitivement tranchée mais elle resurgit avec l’intention prêtée au professeur Alpha Condé de mettre sur la touche la CENI dans le pilotage des prochaines législatives.

Par contre, concernant la révision du fichier électoral, le chef de l’Etat ne fait pas mystère de ses intentions. Chaque fois qu’il en a l’occasion, il ne cesse de marteler que le fichier en question comporte des anomalies dont la correction passe par un nouveau recensement du corps électoral. A ce niveau, on a du mal à suivre le professeur de droit. Le fichier en question n’a pas encore une année d’existence et n’a donc pas pris des rides au point qu’il faille le substituer à un autre. Tout ce qu’il demande, c’est juste une réactualisation consistant d’une part à y faire entrer les jeunes qui n’avaient pas l’âge requis pour voter (18 ans) au moment de sa confection et d’autre part, à l’expurger des morts et éventuellement de tous ceux qui ont perdu leurs droits civiques.

Pour cela, on n’a pas besoin de tout chambouler, de tout reprendre à zéro. La révision partielle qu’il faut faire ici permet de gagner en temps et en ressources financières. En effet, ce serait un pari difficile à relever que de vouloir effectuer un nouveau recensement pour disposer à temps d’un fichier pour les législatives en fin d’année. En outre, le nouveau recensement nécessitera un financement pour lequel la Guinée pourrait être amenée à se tourner vers des bailleurs de fonds extérieurs. Il est permis de douter que les bailleurs délient les cordons de la bourse au regard de la tournée effectuée par Cellou Dalein Diallo dont l’objectif est de convaincre les pays occidentaux de ne pas favoriser le projet de son challenger. Alpha Condé s’acharne contre un fichier sur la base duquel il a été élu, il y a à peine une année, sans l’avoir jamais ouvertement remis en cause.

Aujourd’hui, avec son attitude, on se demande s’il n’est pas lui-même intimement convaincu qu’il n’a pas été bien élu, auquel cas il veut changer le fichier après coup pour se donner bonne conscience. A vrai dire, Condé doit souvent savoir mettre de l’eau dans son vin et voir les intérêts du pays plutôt que ceux de son seul camp. Il a intérêt à signer un pacte de non-agression avec Dalein Diallo qui peut bien nuire à son mandat s’il estime être payé en monnaie de singe après avoir renoncé, au nom de la paix sociale, à contester les résultats de la présidentielle dont il continue à se considérer comme le véritable vainqueur.

Séni DABO

Le Pays

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