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FMI : Intronisation de la reine Christine

Publié le mercredi 29 juin 2011 à 02h01min

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C’est quasiment tout le monde qui la donnait gagnante, Christine. Dans le duel qui l’opposait au Mexicain Augustin Carstens, elle avait, dès le départ, tenu la corde. Déjà, à l’échelle de la France où elle était ministre des Finances, personne ne se sera porté candidat contre elle. On l’aura noté, depuis la fameuse affaire DSK, qui plomba les ailes du jusqu’alors patron du FMI au point de l’obliger à démissionner, Christine Lagarde était perçue comme la candidate naturelle se trouvant au bon endroit au bon moment pour remplacer un Strauss-Kahn en pleins démêlés avec la justice américaine pour une sombre affaire de mœurs.

Son portefeuille de l’Economie de l’Hexagone faisait d’elle l’un des patrons de ladite instance internationale. Et elle-même a le profil de l’emploi : dans un pays comme le sien, on ne vous confie pas les cordons de la bourse seulement parce que vous avez de beaux yeux. Et puis, il fallut compter compter avec le jeu des alliances. Lagarde, dès qu’elle sut que DSK était « out », s’empressa de sillonner la planète, se livrant à une pêche systématique aux voix en vue du suffrage prévu pour le jour j.

Elle en fut récompensée : tombèrent dans son escarcelle l’avis favorable de sept pays européens, de l’Egypte, du Togo, de la Chine et de la Russie. Cerise sur le gâteau, les Etats-Unis, juste quelques heures avant que se tienne le conclave du conseil d’administration du FMI, se déclarèrent « heureux d’annoncer » leur décision de soutenir Lagarde. L’atout était de taille.

Mais on ne dira cependant pas que la reine Christine aura vaincu sans coup férir. Elle dut affronter le candidat mexicain, qui incarne le désir de pays émergents frondeurs de faire bouger un certain ordre établi. Carstens, le Mexicain, bénéficiait, lui, du soutien déclaré de l’Argentine, de l’Australie, du Canada et de sa patrie fort naturellement.

Mais la balance était tout de même déséquilibrée et penchait en faveur d’une Lagarde dont le président, Sarkozy, disait déjà que l’affaire était pliée. Il n’avait pas tort d’ailleurs, puisqu’au final, c’est bel et bien elle qui sera nommée directrice du Fonds monétaire international. Il ne lui sera pas accordé de répit, car elle devra prendre fonction dès le 5 juillet 2011.

Et alors, au revoir DSK, bonjour Christine. Le poste est sans doute prestigieux, et la ministre française a l’immense privilège d’être la première dame à ce poste. Mais, à tout le moins, elle n’hérite pas là d’une sinécure, loin s’en faut : elle remplace un mastodonte ; un monstre sacré qui, malheureusement, s’est illustré à plusieurs reprises, plus par ses affaires de mœurs que par ses compétences professionnelles.

On attendra d’elle qu’elle les fasse quelque peu oublier, en redorant le blason d’une institution bien terne au départ de son désormais ex-chef ; tout comme il lui faudra sans doute dépoussiérer l’institution, lui éviter de s’installer dans un certain immobilisme routinier, ce que certains reprochaient déjà à l’institution sous l’ère DSK.

Les tâches qui attendent la nouvelle patronne du FMI sont décidément titanesques : des pays d’Europe sont, depuis de longs mois, secoués par des crises économiques à l’ampleur surprenante ; la crise économique et financière de 2008 n’a pas fini de faire des vagues ; les pays émergents espèrent que l’institution financière leur prêtera main forte pour accéder au stade de pays développés.

Quant aux autres du tiers monde, ils souhaiteraient de toute évidence le miracle. A défaut, ils se contenteraient bien volontiers de plus de sollicitude de la part de ce FMI qui, aux yeux de beaucoup d’Africains, était devenu synonyme de Famine, Misère et Insécurité.

Si Christine Lagarde apprécie le challenge, on dira d’elle qu’elle est désormais bien servie ; car, de toutes part, elle sera attendue. A commencer peut-être par l’institution elle-même, qui avait besoin de sang neuf.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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