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Editorial de Sidwaya : Réformes politiques, entre espoirs et doutes

Publié le lundi 27 juin 2011 à 01h52min

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Les participants au Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) ont entamé leurs travaux depuis le 23 juin 2011. Ils ont trois semaines pour rendre leurs propositions. Le président du Faso, dans son message à la Nation du 31 décembre 2010, avait ardemment souhaité ces réformes. La crise sociale a corroboré sa vision, d’une manière on ne peut plus radicale.

Le contenu des changements évoqués par Blaise Compaoré devrait exprimer les aspirations profondes du peuple burkinabé. Le CCRP, pour ce faire, a décidé d’orienter ses réflexions selon quatre axes : l’élargissement des espaces d’expression démocratique par le dialogue au Burkina Faso, la révision du fonctionnement du mécanisme des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, la réévaluation des textes et institutions liés aux élections démocratiques, l’analyse critique des politiques sectorielles de développement.

Après plusieurs années d’expérience et d’expérimentation sur ces points capitaux pour la pérennité de la Nation, il est sage d’en mesurer les résultats atteints à l’aune des espoirs que ces initiatives ont suscité en leur temps. L’objet est d’améliorer la gouvernance y relative ou de changer, faute d’aboutissements probants, complètement de cap.

Bien entendu, les membres du CCRP auront dans leur background, les critiques formulées par les différentes strates de la société, en dehors des quatre objectifs qui leur ont été confiés. Par exemple, qu’est-ce qui a suscité la colère d’une partie de l’armée et de la population ces derniers mois ? L’insuffisance de dialogue républicain, la détérioration de la confiance mutuelle, etc.? Ces malaises, la mission dévolue au CCRP les englobe tous. et ambitionne d’y apporter ce que la gouvernance démocratique pourrait avoir de meilleur.

Mais pourquoi une partie de la classe politique et de la société civile fait-elle défaut à ce rendez-vous qui se veut consensuel ? Elle avance des arguments sans doute respectables ; et c’est son droit, dans un Etat démocratique, de participer ou non à ce genre de fora.

Il appartient, à ceux qui ont été réunis dans ce conseil, d’estimer puis prouver que les autres ont eu tort… et ce, en accomplissant un travail de qualité répondant aux aspirations du peuple burkinabè, à même de démentir les présomptions de « causerie entre amis ».

Puissent leurs efforts nous récompenser tous, à l’exemple du parcours suivi par le Collège de sages, boudé en son temps par une partie de la classe politique et de la société civile et qui avait finalement rendu une copie propre, dont tout le monde revendique aujourd’hui les résultats. Prions donc que l’histoire ne soit, à situation égale, qu’un éternel recommencement.

Cela battrait en brèche le procès en sorcellerie dont est accablé le président du Faso…. Celui-ci aurait une « idée derrière la tête ». Le CCRP serait une manière de conduire, sournoisement, ceux qui pensent autrement à ce qui fut « une boulangerie » sous d’autres cieux. Il serait l’ombre lugubre et pesant contour de l’article 37, qu’on évite de citer mais qui continue à hanter certaines réflexions, fausse l’esprit des réformes politiques, s’immisce dans la doxa burkinabè. D’aucuns pensent que l’hétérogénéité du Conseil consultatif séduit le peuple, mais que la compétence de chacun et de tous laisse à désirer, rend sceptiques des penseurs de la cité. De soupçon en suspicion, c’est comme si celui qui occupe Kossyam ne faisait plus rien pour le Burkina. Il ne se livrerait plus qu’à des calculs pour le renforcement de son statut, pour son maintien ad vitam aeternam au pouvoir. Est-ce juste ? Il faut plutôt prendre acte et voler au secours de l’épanouissement de la cause du Faso : il ne s’agit pas, en ces efforts nationaux, de sauver un trône, mais de consolider une démocratie par une action réfléchie, consensuelle et globale en prenant en compte aussi bien l’éclairage du sommet que la sagesse de la base.

Et même si les réformes étaient un marché de dupes - ce qui ne saurait se passer ! - pourquoi les honnêtes gens ne s’y rendraient pas pour que ce marché change de nom ?

Chaque fois que l’intérêt général est engagé, on constate qu’une action consensuelle, même ratée, vaut toujours mieux qu’un acte de franc-tireur réussi. La raison semble évidente : le consensus est synonyme d’ordre, d’engagement, d’autocritique, de souplesse d’esprit, de tolérance, de responsabilité et de solidarité d’action et de vision. Le franc-tireur, contrairement à ce que laisse penser ce nom, a tout sauf la franchise, la discipline, le sens du bien commun. Il lui suffit de n’avoir pas suivi la volonté d’autrui pour penser avoir accompli une grande et bonne action.

Attention, toutefois, à ne pas confondre approbation générale et déresponsabilisation : le groupe, quand un de ses individus a tendance à se reposer sur l’appréciation qu’a son homologue d’une situation - qu’elle confirme ou non sa propre vision -,

augmente la capacité à faire des erreurs. Voir la prise de décision comme une épreuve, un fardeau, entraîne la non décision. Parallèlement à l’assentiment de tous, les avis du CCRP devront être portés par des leaders d’opinion aux idées claires, qui croient en ces préceptes nouvellement dégagés. Ils s’appuieront sur le respect du dialogue et de l’écoute, essaierons de trouver — grâce au feedback des expériences passées - l’origine des erreurs commises plutôt que de les sanctionner.

Pour les réformes politiques qui démarrent, auréolées d’espoirs d’un côté et surchargées de soupçons de l’autre, il semble que nous devrions tendre vers le consensus et non vers des actions isolées, quelle que soit la qualité réelle ou supposée de celles-ci

Par Ibrahiman SAKANDE ( sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 juin 2011 à 21:58, par Aminatou En réponse à : Editorial de Sidwaya : Réformes politiques, entre espoirs et doutes

    Moi je dis ESPOIRS !!! J’y crois de plus en plus depuis Février !!

    Que Blaise nous prouve une bonne fois qu’il est un grand homme et qu’il entrera dans l’histoire autrement que la façon dont il est monté sur le trône en marquant au passage toute une génération (la mienne mais aussi celle de mes parents) depuis bientôt un quart de siècle.

    Je crois qu’il l’a compris aussi et à lui de saisir sa chance sinon il va réveiller tout un peuple avide de paix qui depuis toujours ferme les yeux sur ses erreurs pour dissiper le malaise.

    Mon seul doute est que depuis qu’il a le ministère de la défense je crains que le redoutable capitaine qui sommeillant en lui se soit réveillé. L’armée qu’il a formée a oublié les méthodes de l’enfant terrible de Ziniaré on dirait. Les mutins de Bobo ont réappris les premiers.
    Sur la scène internationale, le sauveur. Au Faso, c’est le militaire, on en hérite à chaque fois que les choses se passent pas comme il veut. J’espère qu’il va pas aller se mêler du dossier de la Libye...

    Quoi qu’il en soit, je reste optimiste quant à l’issue des réformes. Il fera le bon choix.

    Vive le Burkina Faso !

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