LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Autant le dire… : Les absents auront certainement tort

Publié le lundi 27 juin 2011 à 01h52min

PARTAGER :                          

Pour une fois, je conviens avec ceux qui le pensent souvent, que les absents au Conseil consultatif sur les reformes politiques auront tort. Pour plusieurs raisons dont la principale, est de n’avoir pas répondu présents au moment où le devoir les appelle. En effet, le Burkina Faso est à une phase très importante de son histoire. On peut même croire que son destin se dessine aujourd’hui. C’est pourquoi, ces reformes-là devraient être comprises par l’ensemble des acteurs politiques ou non, comme une renaissance pour un peuple qui, après vingt ans de construction démocratique, veut enfin aller plus loin.

Dans cette démocratie, mais également en matière de paix sociale et de développement. Refuser, sous quelque prétexte que soit une telle occasion, c’est nier le développement auquel le peuple veut aspirer, c’est refuser de participer à la construction de la nation. Dans tous les cas, ceux qui y sont ne sont pas moins opposants que ceux qui se qualifient comme tels et qui le chantent à longueur de journée. Ceux qui y sont représentés comme société civile ne le sont pas moins que ceux qui ont refusé d’y prendre part. Il en est de même des acteurs des autorités coutumières et religieuses.

Ce sont des acteurs, des citoyens d’un même pays au même titre que ceux qui ont refusé de participer au CCRP. Aussi, on peut déjà dire que les questions qui y seront discutées et les conclusions, provisoires qui en sortiront sont les aspirations réelles et fondamentales des Burkinabè. Dans tous les cas, en matière de démocratie et même dans la vie des hommes d’une façon générale, on n’est jamais d’accord entièrement sur une même question.

Que feront donc, après tout cela, tous ceux qui ont refusé de prendre part aux consultations pour un Burkina Faso plus démocratique, engagé dans la modernisation de ses institutions et qui se positionne résolument vers le développement économique et social ? Que nous diront-ils lorsque le moment sera venu pour eux de solliciter nos voix parce qu’ils voudront être députés, maires, conseillers municipaux, sénateurs etc ? Que nous diront-ils quand le moment sera venu de nous rendre compte de ce qu’ils ont fait pour nous dans le cadre de leurs activités ?

Il est évident que la politique de la chaise vide n’a jamais payé. Surtout quand on ne sait pas en user. En 1991, des partis politiques et acteurs de la société civile avaient boycotté les reformes politiques qui devaient doter le Burkina Faso d’une Constitution. Qui a permis l’ouverture d’espaces démocratiques et de libertés. Qui ont permis à ceux-là même qui avaient refusé de séjourner à l’Assemblée nationale, dans des communes, de devenir des opposants reconnus et financés par les fonds publics, de jouir de prérogatives dont ils se réclament et n’hésitent pas à défendre, bec et ongle.

Et voilà que le destin du Burkina Faso les appelle. Ils lui tournent le dos. Sous divers prétextes. Dont le plus important, selon certains d’entre eux est le cadre de concertation lui-même. D’autres vont plus loin en demandant que tant que l’article 37 ne sera pas exclu des débats, ils n’y prendront pas part. C’est à juste titre. Seulement, il faut faire remarquer que le pouvoir ne fera jamais le lit de l’alternance pour l’opposition. L’opposition elle-même le sait. Au lieu d’aller batailler à l’intérieur, elle préfère le faire de dehors. Tout en sachant que le peuple sur lequel il compte ne lui accorde pas suffisamment de crédit.

Toute analyse faite, ceux qui ont refusé d’aller au CCRP ont raté le coche ; l’occasion qui est offerte de parler haut et fort et de prendre à chaque fois à témoin le peuple. Depuis plusieurs années, on ne parle que de l’article 37. Les Burkinabé (en plus de cela) veulent aussi entendre parler d’autre chose. Tel que le renforcement de la justice pour la rendre plus efficace dans son action, le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale afin qu’elle joue mieux sa mission, la création ou non d’un sénat pour représenter d’autres couches sociales du pays non moins importantes et qui étaient un peu exclues des grandes décisions ; le renforcement de la gouvernance économique et administrative, etc. Dans tous les cas, on ose espérer qu’après avoir boycotté le CCRP, ces acteurs trouveront bien un autre cadre pour nous expliquer leurs motivations et ce qu’ils proposent. Toujours dans le sens d’améliorer notre vécu quotidien.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 juin 2011 à 13:01 En réponse à : Autant le dire… : Les absents auront certainement tort

    Merci pour cet essai mais qui manque d’objectivité. Vous avez retranscrit si je ne me trompe la conférence de presse de la Coalition des OSC et vous savez bien qu’elle a proposé des alternatives comme la "démocratisation" des assises qui si elles sont sincères pourraient être un vrai forum social et s’appeler Etats Génraux comme l’ont reclamé les OSC ; et pour ça, les OSC ont prévu faire un plaidoyer et donc le pas vers les autorités.....
    Vous être l’Express du Faso mais attention à ces articles "express" sans fond !
    Il ne s’agit pas de chaise vide, il s’agit de préalables nécessaires à la sincérité.Vous iriez vs à un RDV sachant que c’est un guet apens ?

  • Le 27 juin 2011 à 18:59, par Siniguesba Le Sage En réponse à : Autant le dire… : Les absents auront certainement tort

    M. KANI, vous dites : "Au lieu d’aller batailler à l’intérieur, elle préfère le faire de dehors. Tout en sachant que le peuple sur lequel il compte ne lui accorde pas suffisamment de crédit..." Vous allez vite en besogne. Je ne pense pas que vous ayiez parfaitement compris le fonctionnement démocratique de nos institutions au Faso. Refuser d’aller à la CCRP pour l’opposition est également une façon d’exprimer démocratiquement sa voix. Ce n’est pas parce qu’on a un droit de vote qu’on est obligé de l’exercer. On peut avoir le droit de vote et refuser d’aller voter. Refuser de voter est également une forme d’expression démocratique de la pensée politique.
    Pour ma part, même si je ne partage pas la position de l’opposition politique burkinabé qui consiste à refuser ce dialogue instituionnel, ce refus pourrait constituer le cas échéant,une forme de boycot d’un quelconque pseudo consensus vainement recherché sur la révision de l’article 37 de la Constitution. Si Le Président Blaise COMPAORE aime son peuple, il doit se refuser à une quelconque modification de cet article 37 même si les résultats de la CCRP l’énoncent positivement. Monsieur le Journaliste, ne prenez pas les honnêtes citoyens pour des duppes. Quand le Président de la commission dit que la CCRP n’a pas pour objectif de modifier l’article 37, était-il obligé de clamer une telle évidence si....tel n’était pas le cas. Le contexte actuel milite fortement pour une alternance et vous verrez que cette alternance ne signifie pas forcément la prise du pouvoir par l’opposition. Siniguesba, Le Sage.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?