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Réformes politiques : Un passage en force qui pèserait lourd sur la démocratie

Publié le lundi 27 juin 2011 à 01h51min

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Les réformes n’arrêtent pas de diviser la classe politique burkinabè et, au-delà, toute la société, eu regard aux prises de position des acteurs de la société civile. Le consensus libérateur se fait encore désirer. En dépit de la création d’un cadre exclusivement dédié à la réflexion sur les réformes politiques de notre pays, la question piétine. Le beau discours du docteur Bobognessan n’emballe pas, et pour cause ! Les acteurs politiques ont cette impression que le pouvoir en place joue avec les mots, juste pour se donner un peu de répit.

Critiqué pour son intention de passer en force, notamment pour ce qui est de l’article 37, le gouvernement burkinabè multiplie les manœuvres pour aboutir à son résultat initial. Ainsi, face au refus ferme des principaux acteurs de l’opposition de participer au processus de conduite des réformes, le pouvoir a sorti une autre ruse de son chapeau. En effet, le Conseil des ministres a décidé de faire transiter les débats par les treize régions du Burkina. Une telle procédure pourrait alourdir le processus et braquer davantage les Burkinabè les uns contre les autres.

On est tenté de croire que si le gouvernement persiste dans sa manœuvre, c’est qu’il veut à tout prix faire sauter le verrou de la limitation des mandats. Sinon, pourquoi ne pas indiquer clairement les points de la loi fondamentale pour lesquels la réforme est urgente et ceux sur lesquels on ne doit pas porter le moindre changement pour ne pas mettre en péril la république ?

Les acteurs de l’opposition et les membres des organisations de la société civile les plus représentatifs ont décliné l’offre de participation à la commission consultative parce qu’ils ne veulent pas être les dindons de la farce. Pour contourner cette difficulté objective, le gouvernement propose de prendre l’avis des régions, comme pour dire qu’il prend l’avis du peuple pour certainement anticiper sur les éventuelles plaintes de l’opposition ou des membres de la société civile. C’est biaiser le problème, car tout le monde sait que le problème du Burkina réside principalement dans le sort que ces réformes feront subir à l’article 37. Le pouvoir actuel, et singulièrement son chef, a indéniablement contribué au progrès de ce pays.

Personne de sérieux ne peut nier qu’après la Révolution le tempérament du “Blaiso” national a été un atout pour vaincre les clivages entretenus pendant la période révolutionnaire. Mais autant il semble avoir eu du nez en faisant un virage à 180° pour passer de la révolution, si ce n’est du communisme, à la démocratie bourgeoise, au début des années 1990, autant il doit faire pression sur lui-même pour accepter que l’évolution du monde n’est plus au règne sans fin. En réalité, il y a un temps pour tout.

L’histoire récente montre qu’il est déconseillé de ramer à contre-courant de l’histoire. L’heure est à l’alternance au sommet de l’Etat. La soif de changement du peuple se mesure à l’aune de sa satisfaction après le départ de certains directeurs généraux dont la longévité à leur poste avait fait oublier leur contribution positive à la vie de la boîte. En ayant l’’’audace’’ de rencontrer les soldats au début de la crise, le président du Faso a lui-même compris le hiatus qu’il y avait entre le rapport officiel qui lui parvenait et la réalité du terrain.

Il pourrait en être de même pour le processus de conduite des réformes. Les conclusions des assises et des conclaves des régions pourraient bien indiquer que la modification de l’article 37 pour mettre fin à la limitation du mandat présidentiel serait un impératif de démocratie alors que le peuple brûle d’impatience de faire une autre expérience. Pourquoi pas avec un de l’écurie du “Blaiso” ?

Adam Igor

Journal du Jeudi

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