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Politique nationale : Le CCRP sera jugé à l’aune de ses résultats

Publié le jeudi 23 juin 2011 à 05h37min

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En principe, c’est aujourd’hui, 23 juin 2011, que commencent à Ouaga 2000 les travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) au Burkina. Créée le 13 avril dernier, cette structure, comme son nom l’indique, a pour mission principale de réfléchir et de dégager des pistes de réformes en vue d’engager durablement le pays sur la voie de la paix, de la stabilité sociopolitique, du progrès continu… de l’émergence.

Si la nécessité de réformer pour mettre le Faso sur orbite ne fait aujourd’hui l’ombre d’aucun doute, situation nationale oblige avec la crise ambiante, de sérieuses divergences existent entre les acteurs sociopolitiques au sujet du CCRP. Les divergences sont telles que certains acteurs, et non des moindres, ont jugé bon de ne pas participer au CCRP.

« L’opposition politique réaffirme principalement qu’elle ne peut se rendre complice d’un pouvoir à vie en allant siéger dans des structures ou instances où la possibilité de révision négative de l’article 37 n’est pas exclue. Y aller dans ces conditions, serait cautionner même l’idée d’une révision constitutionnelle qui affaiblit au lieu de renforcer notre processus démocratique, un processus déjà fort verrouillé », indiquait hier le Chef de l’opposition Me Bénéwendé S. Sankara dans une déclaration publique.

De nombreuses organisations de la société civile ont réservé le même refus à l’appel à participer au CCRP. C’est par exemple le cas de la Coalition des organisation de la société civile qui propose, en lieu et place du Conseil consultatif sur les réformes politiques, un « Panel de personnalités indépendantes reconnues pour leur intégrité morale, leur impartialité et leur connaissance de la politique burkinabè ».
Ces réticences à participer aux travaux du CCRP traduisent bien le manque de confiance entre les animateurs de la scène sociopolitique nationale. « Les burkinabé aspirent à être gouvernés autrement. Malheureusement les réformes telles que voulues et orchestrées par le régime en place n’en montrent pas le chemin. Tout laisse croire qu’il s’agit même d’une diversion en temps de crise pour gagner du temps comme ce pouvoir en a malheureusement l’habitude », relève Me Sankara, porte-parole de l’opposition pure et dure.

Et Abdoul Karim Sango, à la fois politique et acteur de la société civile, de renchérir : « Le décret portant création du CCRP devrait aussi préciser que le rapport du Collège de sages et celui et celui du MAEP doivent servir de base de travail puisque ces travaux ont été commandés et acceptés par le pouvoir. La démarche est donc frappée sérieusement de suspicion ».
De la CCRP, B. René Bagoro, secrétaire général du Syndicat burkinabè des magistrats, pour sa part, dit ne rien en attendre, raison pour laquelle sa structure n’y participe pas également.

Mais, quoi qu’il en soit, les membres du CCRP se doivent d’être à la hauteur de la mission à eux confiée, c’est-à-dire poser, dans un esprit patriotique et sans calculs partisans, les jalons d’un Burkina politiquement viable. Trois semaines durant, ces acteurs ont la lourde charge de plancher sur l’avenir sociopolitique du pays. Ce défi historique, ils se doivent de le relever. Pour eux, l’échec ne doit pas être une option car ils ont obligation de résultats. Ceux qui refusent de cautionner le CCRP font ce qui leur semble bon. Pareilles oppositions ne sont pas forcément mauvaises en ce sens qu’elles permettent de rompre avec les tendances de solutions consensuelles qui ne servent toujours la cause de la démocratie dans un pays.

Aux membres du CCRP de faire leur devoir en tenant compte des réserves ou oppositions entendues ça et là. Bien sûr, le tout n’est pas de faire de bonnes propositions. Encore faut-il qu’elles soient bien appliquées. Mais, la solution peut commencer par là, car pour bien appliquer il faut avant tout avoir de quoi appliquer. En cela, les membres du CCRP ont une énorme responsabilité qu’ils se doivent pleinement d’assumer. Si toutes ces personnalités font correctement leur boulot, elles auront fait œuvre utile. En tout état de cause, elles seront jugées à l’aune des résultats. Aujourd’hui quand l’on évoque le Collège des sages, l’on n’indexe pas ceux qui y ont siégé parce que leur travail a répondu aux attentes du peuple.

Aujourd’hui, plus qu’hier, le contexte est favorable à des réformes politiques hardies. Au CCRP d’oser et l’histoire retiendra.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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