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Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

Publié le jeudi 23 juin 2011 à 05h37min

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Mais dites-donc, pour qui se prennent-ils ces messieurs et dames pour prétendre imposer leurs vues aux autres sans même leur donner la possibilité de défendre les leurs ? C’est la question qu’on ne peut pas manquer de se poser devant la « fatwa » de certains acteurs de la scène politique, excluant du champ des débats certains sujets, au moment où s’ouvre la concertation sur les moyens de renforcer notre processus démocratique.

C’est assurément à ne rien comprendre pour ne pas dire que c’est le monde à l’envers puisque ceux qui tentent ce passage en force ne sont rien d’autres que des partis politiques de l’opposition et une certaine société civile qui ne fait plus mystère de son option stratégique : s’opposer au pouvoir.

C’est d’autant plus incompréhensible que les mêmes nous chantaient depuis longtemps qu’il ne saurait y avoir de sujets tabous dans ce pays, surtout pas celui qui touche à « l’alternance » qu’ils appellent de tous leurs vœux. L’opinion publique leur avait unanimement donné quitus, puisque le pouvoir lui-même avait plus d’une fois affirmé qu’il ne trouvait aucune espèce de réserve à en parler contrairement aux insinuations malveillantes et tendancieuses de certains. Un large consensus s’était donc fait sur le sujet même s’il est vrai que chaque camp avait clairement sa vision sur le débat et ses conclusions éventuelles.

En effet, alors que d’un côté on parlait de « sanctuarisation » de l’article 37 afin que ne soit jamais sauté le verrou limitatif du nombre des mandats présidentiels consécutifs à deux, de l’autre on avait une opinion contraire en prônant la levée de ce verrou perçu comme une disposition antidémocratique en ce qu’elle limitait arbitrairement l’expression de la souveraineté du peuple. La perspective de voir les deux camps échanger sur le sujet autour de la même table et d’aboutir éventuellement à un consensus avait réjoui plus d’un et rassuré sur la maturité du processus démocratique.

On le voit, cet espoir aura fait long feu. En effet, le Chef de file de l’opposition et certains acteurs de la société civile ne seront pas de la concertation sur les réformes politiques parce qu’ils ont exigé comme préalable qu’on n’y évoque pas l’article 37 de la Constitution. Une mauvaise querelle faite au pouvoir qui, manifestement, n’est pas en mesure de garantir que l’un quelconque des autres participants n’a pas la question à son agenda, ni ne peut interdire ceux qui voudraient en parler de le faire.

Il faut croire que les tenants du refus d’en faire cas dénient aux autres la liberté qu’ils s’octroient dans un bras de fer que rien ne justifie. En effet, les échecs cuisants et répétitifs de la politique de la chaise vide ici comme ailleurs auraient dû les enseigner sur la vérité inéluctable et implacable selon laquelle nul ne peut gagner une bataille qu’il n’a pas livrée. C’est donc dire qu’ils savent à quoi s’en tenir.

A moins que leur tactique ne soit tout simplement un aveu d’impuissance et d’incapacité à défendre leurs positions. Néanmoins même dans ce cas, réduire l’ensemble des concertations et des propositions pour améliorer notre processus démocratique et la gouvernance nationale à ce seul point est parfaitement inacceptable, et pose la question de leur crédibilité et de leur sérieux. A moins que la situation ne soit beaucoup plus dramatique puisqu’en guise de propositions les mis en cause ne suggèrent guère ni plus ni moins que d’exhumer le Collège de sages originel pour qu’il vienne mettre en œuvre ses recommandations de 1999. Une proposition qui n’est pas seulement ridicule, mais qui est à la fois perfide et injurieuse pour nos sages.

Perfide parce que entre temps, certains d’entre eux ont quitté ce bas monde (paix à leurs âmes) et injurieuse parce qu’ils supposent que si on leur demandait de plancher de nouveau sur la situation nationale, ils ne pourraient que nous retourner une photocopie de leur rapport d’il y a douze ans.
En vérité, il y a déjà un certain temps qu’on les voyait venir. Bien heureux qu’ils ne nous l’aient pas joué sous l’air du clash en pleins travaux avec des démissions qui auraient fait grand bruit pour rien. A quelque chose malheur est donc bon et il n’y a pas lieu de s’en formaliser outre mesure, car des exemples du genre, les démocraties en pullulent tant il est une lapalissade que les rapports des forces sont les moteurs de l’activité politique. Il n’y a donc aucune raison d’avoir un complexe même si tel était le but visé.

En effet, on se rappelle que si l’ensemble de la classe politique française était d’avis qu’il fallait relire la Constitution en 2008, l’opposition avait fini par laisser la majorité y aller toute seule parce qu’elle estimait que ses préoccupations n’étaient pas suffisamment prises en compte. Cette révision a bel et bien eu lieu sans que cela n’émeuve personne.

Si l’idéal aurait consisté à avoir tout le monde autour de la même table et de se parler, ce n’est pas pour autant une condition sine qua non de la valeur des réformes.

Le CCRP est donc dans son bon droit et a toute la légitimité et la légalité pour proposer les réformes que ses membres trouveront les meilleures pour notre pays. D’ailleurs en terme de représentative, il est beaucoup plus proche de l’échantillonnage le plus représentatif de notre peuple que ceux qui sont en dehors. En plus, l’ensemble du processus (discussions au niveau des régions, puis Assises nationales) garantit parfaitement une large participation de toutes les franges sociales de notre pays.

Ce ne seront donc pas des réformes concoctées entre quatre murs par des « experts » puis « inoculées » au peuple mais des reformes qui viendront de ce même peuple. Malgré qu’ils seront absents, les partisans du Chef de file de l’opposition et la société civile qui les accompagnent en profiteront eux aussi.

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 22 juin 2011 à 22:54, par braogo En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    Permettre à une seule et même personne d’être président pendant plus de 1/4 de siècle, c’est dire que pendant toute une génération une nation n’est pas capable de renouveler sa classe dirigeante. C’est dire aussi que ce n’est pas un métier du tout pesant. Ce qui de mon point de vu n’est pas vrai. En effet diriger la destiné de tout un pays devrait être physiquement et psychologiquement épuisant pour une personne. Si après plus de dix ans un président veux se présenter encore, c’est qu’il ne dirige pas.

  • Le 23 juin 2011 à 02:40, par visage pale En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    Ces reformes ne sont pas si urgentes à ce que je sache, et vous le savez aussi bien que moi que la grande majorité des burkinabés s’opposera à toute modification de l’article 37 ;alors pitié !! arrêtez car vous ne rendez service ni au président ni au Burkina.

  • Le 23 juin 2011 à 09:46, par tranche franche En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    c bien tout ce que vous dites mais arrêter de prendre exemple sur les reformes françaises de 2008. A moins de jouer à l’autruche vous savez bien où elles ont emmenée la France : dans une impasse politique avec un président qui fait parti des plus mal aimé et au niveau médiocre dans les sondages. Les français sont déçu ! donc stop aux exemples perfides.

  • Le 23 juin 2011 à 10:41 En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    J’ai honte quand je lis ces défenseurs des positions indéfendables .
    J’ai honte pour ces griots qui ne pensent qu’à leur panse. J’ai honte pour ces griots qui ne connaissent pas le goût de la sueur (le travail, la souffrance, la réalisation de soi-même par soi-même...)
    J’ai honte pour ces griots qui pensent qu’après 28 ans de pouvoir (en 2015), ils ont toujours quelques à prouver .
    J’ai honte et je m’interroge sur les raisons qui peuvent pousser un homme à noyer sa conscience jusqu’à oublier le sens de l’Histoire...Il faudrait qu’ils sachent que le jour de l’éboulement il ne sert à rien de garder les mains sur la tête soit pour protéger sa tête ou soit pour .. . Tout se brisera. Je demande aux intellectuels et démocrates avertis de nous aider à sauver notre cher Faso parce que quand des dictateurs prennent partout les masques démocratiques, il convient de se méfier.
    KISWEND

  • Le 23 juin 2011 à 11:18, par Raogo En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    Encore vous ! Bravo messieurs de l’opinion ! beaucoup de courage !

  • Le 23 juin 2011 à 12:38, par Eric En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    Encore vous l’opinion a vous lire on s’est de quel côté vs penchez,faites une analyse objective de la situation,les OSC et l’opposition ont le droit de ne pas participer à ce CCRP s’ils estiment que les conclusions de ce cadre de concertation ne seront pas contraignantes,aussi pourquoi engager des reformes qui ne seront pas appliquées,ou sont passés les conclusions du MAEP et du Conseil des Sages ?dans les tiroirs bien sûre donc pas la peine d’aller discuter une fois de plus avec un régime qui a montré sa mauvaise fois.Pourquoi le CCRP ne peut pas tenir compte de la proposition des OSC et de l’opposition à savoir laisser l’article 37 tel qu’il est,de toute façon si le gouvernement veut il n’a qu’a aller discuter avec ceux qu’ils veulent mais tous le peuple burkinabè est unanime qu’il ne faut pas touché l’article 37 ;je récuse le CCRP car sa sera un cadre ou il n’y aura que des discussions oiseuses.

  • Le 23 juin 2011 à 12:42, par AUNG SAN SUU KYI En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    Toute modification de l’article 37 est une déclaration de guerre. Monsieur le journaliste, vous êtes entrain de mettre de l’huile au feu. Rappelez vous d’un passé très très récent. Attention , et ne retombez plus dans l’arrogance et la foutaise. Le peuple en à marre. ATTENTION ! récent. Attention , et ne retombez plus dans l’arrogance et la foutaise. Le peuple en à marre. ATTENTION !

  • Le 27 juin 2011 à 01:57, par Burkinabe.net En réponse à : Réformes politiques : Vous avez dit passage en force ?

    Il ya un dire francais qui soutient que "Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir".Je pense avoir vu mais j’espere me tromper ; je ne pense pas que que ce conseil est representatif des differentes sensibilites du pays en vue de resoudre une crise nee de frustrations profondes.
    Par ailleur un dire du nord du benin soutient que "Il faut des fois confier au diable la resolution de vos problemes dont il est la cause". J’espere que tous ces gens a majorite proche de ceux qui dirige (les plus comptables de la situation actuelle) comprendrons qu’il est temps d’eviter de faire diversion pour une fois et d’aller a la verite. Je crois que la 4eme republique a toujours l’opportunite de resoudre une grande part de la cause des frustrations avant 2015. J’ose esperer que cette opportunite sera saisie pour eviter le pire. Je ne suis pas de l’opposition mais je pense que c’est une mauvaise idee d’aller sans l’opposition. On les critique le plus souvent mais il faut les reconnaitre le courage d’etre opposant dans un pays comme le notre, peut importe le fait qu’ils ne soient pas parfait comme nul politique et d’ailleur pas nous. C’est bcp plus facile de reussir au Faso avec une carte CDP, reconnaissons le, l’hypocrisie ne paie pas. Merci de ne pas me censurer. Bon vent !!!

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