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Réformes politiques et institutionnelles : Le peuple tranchera

Publié le mercredi 22 juin 2011 à 21h54min

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Les spéculations qui avaient cours sur la volonté de l’Exécutif d’imposer des réformes « taillées sur mesure » à l’ensemble de la classe politique, ne devraient plus avoir lieu après le dernier point de presse du gouvernement au cours duquel le ministre en charge desdites réformes a affirmé, haut et fort, que « contrairement à ce qui était prévu, le résultat des travaux sera adopté, après amendements au niveau des régions, par des Assises nationales et non plus par le parlement. »

La démarche ainsi adoptée, doit en principe couper court aux récriminations récurrentes tournant pour l’essentiel sur le caractère « imposé » de ces réformes politiques et institutionnelles, avec au finish, un « tripatouillage » de la Constitution qui permettra à Blaise COMPAORE de se maintenir « ad vitam aeternam » au pouvoir. Si ce n’est pas un procès d’intention, voire une intention délibérée de « bouter » l’intéressé hors du champ politique, ça y ressemble fort surtout au regard des comportements et des propos tenus par certains à la faveur de la crise sociopolitique que vient de traverser le Burkina.

On a, en effet, entendu des opportunistes de la dernière espèce demander le départ de Blaise COMPAORE au motif que ladite crise lui ôtait toute légitimité. Un argument spécieux, battu en brèche par le peuple qui a boycotté massivement le meeting du 30 avril dernier organisé par nos tartufes pour « orchestrer » leur coup d’Etat. A peine trois cents badauds ont répondu à leur appel et, certains d’entre eux ne se sont toujours pas remis de cette déculottée. Depuis, ils semblent avoir battu leur coulpe, en témoigne la vigueur dont ils ont fait montre pour demander le départ de l’actuelle CENI.

Pour en revenir aux réformes à venir, il ne devrait plus y avoir d’aprioris de leur part si tant est que nous convenons tous que le peuple est le souverain premier et que nul ne doit aller contre sa volonté. Et, contrairement à l’opinion qu’ils aiment répandre à tout bout de champ, celui-ci est loin d’être « bête » et a une claire perception de ses interêts.L’occasion est belle de toiletter notre texte fondamental pour en faire un instrument de progrès continu avec un rééquilibrage des pouvoirs et l’ancrage constitutionnel de certaines institutions. Aussi, sur le plan de la gouvernance politique il sied de combler certains manques.

La crise de la CENI a révélé que l’Administration électorale était « bancale » et qu’elle ne pouvait de ce fait, malgré toute la bonne volonté qui l’habitait, organiser des élections sans certains couacs. La dernière élection présidentielle a été le concentré de toutes ces carences, et, il y a vraiment urgence à mettre en place une administration électorale performante, surtout que, fait inédit, les prochaines législatives et municipales seront couplées. La réussite de ces élections conditionnera pour beaucoup celle de la communalisation intégrale et donc en partie, celle du programme quinquennal du président du Faso.

D’autre part, ces réformes, en ce qu’elles vont donner une plus grande indépendance à la justice, vont crédibiliser davantage tout le processus, la justice en étant le socle. Dans ce registre d’administration d’une bonne justice gage d’une reconciliation véritable, il va falloir faire preuve d’ingéniosité pour solder définitivement les comptes du passé. A vouloir rendre une justice sélective en privilégiant les dossiers « emblématiques » ( ?), on court le risque de créer d’autres frustrations. Notre histoire politique tumultueuse et douloureuse par moments, nous permet de dire que personne n’est totalement innocent, pas plus qu’il n’y a de coupables « absolus » . Siérait-il dans cette occurrence d’ouvrir une boîte de pandore dont nul ne sait ce qu’il en sortira ?

La réponse conditionnera pour beaucoup la suite de notre processus démocratique et, il nous faudra éviter la surenchère si tant est que nous avons à l’esprit de préserver l’intérêt supérieur de la Nation. La réforme de l’administration entreprise depuis quelque temps, et la lutte contre la délinquance à cols blancs donneront plus d’allant à la responsabilité citoyenne et nous éloignerons des turbulences regrettables vécues ces derniers mois. Ce ne sont donc pas des réformes pour plaire à quiconque qui sont entreprises et, le peuple qui tranchera en dernier ressort se doit être vigilent pour éviter que ses intérêts soient galvaudés. La maturité et le sang-froid dont il a fait montre au cours du trimestre écoulé nous autorise à l’optimisme.

A. YAYA
L’Opinion

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