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Mauritanie : Il est minuit "docteur" Taya

Publié le lundi 4 octobre 2004 à 07h40min

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S’il se trouvait quelques "bonnes âmes" qui accordaient un tant soit peu de crédit aux allégations mensongères débitées par la Mauritanie à l’encontre de notre pays, deux faits survenus après le prétendu complot viennent mettre à mal tout l’argumentaire de Nouakchott.

Premièrement, la libération de dizaines de prétendus putschistes arrêtés, avait été annoncée, alors même que Nouakchott affirmait que l’enquête sur le "coup", se poursuivait. C’était la preuve que la peur panique qui habite les autorités du pays depuis "l’insurrection populaire" d’avril 1989 (à l’époque les contestations socio-politiques des négro-mauritaniens avaient "tourné" à la guerre contre le Sénégal) s’apparentait de plus en plus, à un délire paranoïaque.

Deuxième fait accréditant cette tendance schizophrénique, alors que la Mauritanie ne cesse d’accuser des pays comme le Burkina Faso, la Libye et maintenant la Côte d’Ivoire, "d’abriter" des camps d’entraînement d’opposants au régime Taya, c’est bel et bien à Nouakchott que des comploteurs sont toujours arrêtés.

En réalité, et tous les commentateurs de l’actualité s’en sont fait l’écho, le régime Taya est menacé par le "péril noir". Jadis cantonnés au rôle de faire-valoir du fait de leur statut séculaire d’esclaves, les Mauritaniens noirs (les Haratines, Hal-pulaar et "assimilés" ) rendus "audacieux" par la loi du nombre, n’entendent plus se laisser marcher sur les pieds.

Fraîchement émoulus de grandes écoles du monde entier (avec l’Université Cheick Anta Diop de Dakar comme "foyer incandescent" ) compétents, les cadres de race noire en sont pourtant réduits à se contenter des seconds rôles, servant de "porte-valises" à des patrons arabes qui, pour la plupart sont "analphabètes comme la queue d’un âne", pour reprendre l’écrivain Amadou Kourouma.

La frustration est donc grande, et la "résistance" s’est organisée peu à peu, d’abord à l’extérieur (Dakar) avant de se manifester à l’intérieur avec ces troubles socio-politiques récurrents. Une parenthèse pour dire que si la Mauritanie s’est retirée de l’espace CEDEAO en dépit de tout bon sens, c’est parce que Taya en avait gros sur le cœur vis-à-vis de certains dirigeants de la région suspectés d’avoir de la sympathie pour leurs "frères noirs" mauritaniens.

Et, comme souligné plus haut, cela a valu au Sénégal du très démocratique Abdoul Diouf de subir les foudres de Nouakchott en 1989 avec l’expulsion de plus de 100 000 de ses ressortissants du pays de Taya avec à la clé la perte de toutes les richesses accumulées durant leur exil. Taya avait profité de cette occasion pour "s’occuper" de certains opposants en les liquidant nuitamment.

Mais, le vent incompressible de l’histoire est en train de souffler sur la Mauritanie et la révolte gagne progressivement tous les corps sociaux et professionnels. Taya qui n’en peut plus en est arrivé à l’extrémité où il a peur même de sa propre ombre. Peut-on raisonnablement accorder du crédit à un tel homme qui vous rappelle un noyé gesticulant dans un torrent en furie ?
A chacun de se faire une religion, même si l’adage nous enseigne que "si longue que soit la nuit, l’aube poindra". Pour l’heure, il est minuit monsieur Taya et une lueur blafarde éclaire la lutte du peuple mauritanien. C’est dire que l’aube n’est plus très loin.

Boubakar SY
Sidwaya

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