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Maires et lotissements : Il faut boire la coupe jusqu’à la lie

Publié le mercredi 22 juin 2011 à 03h08min

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La 3e édition des "journées bilan de l’action municipale" se tient depuis hier dans notre capitale. A la veille de cet événement, le maire Simon Compaoré, au cours d’une rencontre avec les hommes de médias, a fait une proposition assez curieuse : que la gestion des lotissements soit retirée aux maires et confiée au ministère de tutelle. Cette proposition intervient dans un contexte quasi révolutionnaire né d’un mouvement social violent avec de multiples sorties de militaires, auxquelles le bourgmestre a d’ailleurs payé un lourd tribut.

Aucun pan de la vie nationale n’échappe à cette forme de renaissance au point que les conseils de ministres sont maintenant redoutés par les grands commis de l’Etat. Les lotissements, qui font des vagues et cristallisent la colère des populations, ont naturellement attiré l’attention du nouveau PM, Luc Adolphe Tiao, qui a demandé leur suspension en attention d’y voir clair.

Les sanctions, elles, commencent à tomber, même si les citoyens sont toujours sur leur soif que la suspension et la révocation de maires n’arrivent pas à étancher. C’est donc parce que les quartiers spontanés, appelés communément "non-lotis", sont devenus des vaches à lait des maires, conseillers et autres spéculateurs immobiliers que le premier magistrat de la ville propose que les conseils municipaux s’en tiennent désormais à l’écart et s’en lavent les mains.

Cette proposition semble bonne en dépit de la décentralisation, qui demande que les collectivités jouent un rôle plus accru dans leur développement, en prenant leur destin en main, mais elle vient tardivement, du moins en ce qui concerne Simonville. Après 16 ans de lotissement, Ouagadougou n’a plus de terres à borner, même qu’elle empiète sur celles des communes environnantes : que lui reste-t-il en effet à lotir si ce n’est les cimetières et les 3 barrages, comme qui dirait ?

C’est donc bien malin de vouloir rétrocéder une coquille vide aux autres. Tant qu’à faire, laissons les maires boire leur coupe jusqu’à la lie en assumant jusqu’au bout le passif déjà créé. Et même si on considère que la mesure sera de portée générale, en touchant toutes les collectivités territoriales du pays, on peut tout de même s’étonner que l’idée vienne de ceux qui n’ont plus rien à perdre et qui voudraient montrer la voie à suivre aux autres. La question qu’on se pose, c’est de savoir si l’Administration réussira là où les maires ont échoué, étant entendu que la tentation des trafics de tout genre en matière de foncier demeure et se fait même de plus en plus forte.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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