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Querelle autour du schéma idéal de sortie de crise

Publié le lundi 20 juin 2011 à 11h19min

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Dans le pays aujourd’hui, il y a deux courants qui se disputent les voies de sortie de crise. Lesquels ? Voyons et analysons.

Le premier, c’est celui qui en appelle au coup de force. Par toutes sortes de voies (militaire ou civile), il s’efforce d’inculquer dans l’opinion commune, qu’il n’y a plus d’autres solutions que le renversement de Blaise Compaoré. Pour ceux-là, le dialogue, les réformes, la transition pacifiée…, tout ça, c’est du bla-bla. Me Benewende S. Sankara, dira à propos du meeting du 30 avril : « Les 34 partis se sont régulièrement retrouvés pour apprécier l’évolution de la situation. Et nous sommes arrivés à une prise de position unanime et consensuelle qui est de demander le départ de Monsieur Blaise Compaoré, de faire un meeting » (BENDRE, 11 mai 2011).

Pour sa part, le professeur Luc Marius Ibriga, à l’occasion d’un dialogue initié le 11 juin dernier par le Centre pour la gouvernance démocratique, sous le thème « La Constitution burkinabè, 20 ans : bilan et perspectives », a fait savoir
qu’il était même opposé à un changement de régime comme le demandent certains : « Partant des points de vue ci-dessus, Luc Marius Ibriga estime qu’il y a nécessité d’envisager des réformes durables. Pas question de changer de République, une nouvelle Constitution comme le veulent certains, autrement dit une remise du compteur à zéro qui offrirait des chances à certains citoyens en principe disqualifiés » (in L’Observateur Paalga du 13 juin 2011).

Dans ce camp, en tout cas, la plupart estiment qu’il faut gicler Blaise Compaoré du pouvoir. Après cela, tout va s’éclaircir : les Burkinabé seront apaisés et c’est dans l’allégresse qu’ils iront à la préparation des élections. Mais si l’on veut faire tomber Blaise Compaoré, il faut accepter d’en payer le prix et de ne surtout pas lui donner le temps de se refaire une santé. La société civile, très active, va-t-elle faire le boulot à la place des politiques qu’elle juge de plus en plus défaillants ou va-t-elle associer ces derniers à son œuvre de redressement de la gouvernance nationale ? Quoi qu’il en soit, elle entend dorénavant assumer un leadership qu’elle estime lui revenir sinon de droit, par défaut !

L’autre courant prône la sortie de crise par le dialogue, soutenant qu’à partir du moment où la décision de ne pas toucher à l’article 37 est acquise, on ne devrait miser que sur une transition pacifique, surtout quand on est loin d’avoir avec soi des forces militaires et populaires sûres, décidées. C’est le point de vue des Refondateurs.

Inutile de dire que dans ce camp, on n’est pas enthousiasmé par l’idée d’une Cour martiale à la suite des évènements de Bobo qui déboucherait sur des sanctions extrêmes, comme on entend dire. On n’y est pas davantage favorable à des structures auxquelles on accorderait des quasi-souverainetés pour décider du nouvel ordonnancement institutionnel et des voies de sorties de crise. Comme a dit Me Hermann Yaméogo, « Tous ceux qui demandent dans le cadre des réformes qu’il soit accordé le pouvoir souverain à une conférence nationale, un collège de Sages ou tout autre organe du genre, concourent à un détournement de la souveraineté du peuple car lui seul a ce pouvoir instituant ».

Enfin, parmi les refondateurs, on n’écarte pas le passage à une autre République par la voie de la convocation d’une assemblée nationale constituante. Point de vue partagé par Harouna Dicko du RPN (Rassemblement Politique Nouveau) : « Les réformes que le RPN demande depuis 2008 (…) et que le président lui-même souhaite depuis le 10 décembre 2009, peuvent servir à ouvrir une porte de sortie honorable pour lui dans une 5e République adaptée à nos réalités, car la 4e République ne répond pas aux aspirations de démocratie, de justice et de bien-être de la majorité des Burkinabè » (LE PAYS, 19 mai 2011).

On le voit, les partisans de la 5ème République sont de plus en plus nombreux. Ils pensent comme Luc Marc Ibriga, qui s’en expliquait alors le 6 août 2009 à l’Observateur Paalga, en ces termes si actuels : « …au regard de la crise actuelle que traverse le pays, un dépassement du régime actuel est souhaitable. Car, de toute évidence, cette crise s’origine dans un dysfonctionnement institutionnel et politique ».
Il faut seulement souhaiter que ce dernier courant ait raison car c’est la voie de la responsabilité qui préservera le pays d’un chaos probable duquel il se relèvera difficilement.

San Finna

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