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Autant le dire… : La « chambre à air » du ministre Alain Edouard Traoré

Publié le mardi 21 juin 2011 à 03h52min

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Parlant de la situation qui prévaut au Burkina Faso depuis un certains temps marquée par des grèves et des mouvements à répétition dans les casernes, dans certains départements ministériels et même dans des mairies de commune ou d’arrondissement, le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement l’a comparée à une « chambre à air percée ». C’était il y a une dizaine de jours quand il est venu rencontrer la presse dans cette partie du Burkina.
En effet, pour Alain Edouard Traoré, cette série de manifestations ressemble à une « chambre à air qui perce ici ; et quand on croit qu’on l’a bien collée et quand on pense pouvoir décoller, elle perce d’un autre côté ».

Ce qui empêche naturellement le navire Burkina Faso d’aller à port. Qu’est-ce donc à dire ? Que malgré les efforts consentis par le gouvernement, les engagements pris et les mesures qui sont en vigueur, la situation peine à se normaliser ? Si c’est le cas, il faudrait trouver la solution ailleurs. Le pays est à la fois dans une tension sociale, mais également et surtout politique avec naturellement les reformes politiques et institutionnelles en vue. Ne dit-on pas que tout est politique ? Pour l’instant, l’opposition qui a mal négocié sa sortie dans la crise née du décès de l’élève Justin Zongo semble avoir rangé ses déclarations.

Et en tant qu’opposition, elle a sans doute adopté une autre forme de lutte. Qui reste pour l’instant bien discrète. En attendant, c’est les organisations syndicales qui « percent la chambre à air » à chaque fois qu’on croit qu’elle est suffisamment collée pour repartir. Dans des conditions de grève et de manifestations qui ne sont pas toujours conformes aux prescriptions de la loi que ces mêmes syndicats sont les premiers à revendiquer.

Un Burkinabè digne de ce nom ne peut être contre son concitoyen qui réclame de meilleures conditions de vie et de travail quand la revendcation est bien fondée et respecte aussi les droits des autres. Malheureusement, nos syndicats foulent souvent aux pieds ces règles et droits qui leur permettent de revendiquer. A Banfora, des syndicats et travailleurs de la SN-SOSUCO ont brûlé des villas dans la cité des ouvriers. Ils ont pris en otage les usagers sur la route nationale qui mène dans la ville en venant de Bobo en la barrant des heures durant. Pendant deux ou trois jours, c’était le calvaire pour tous ceux qui ont l’habitude de prendre cette route pour subvenir à leurs besoins. Du coup, les syndicats ont fait un grand tort à des citoyens innocents qui n’ont rien à voir avec leur mouvement. Ce qui est bien regrettable et qui pourrait un jour jouer contre eux. Exactement comme ce fut le cas avec les militaires. Ce n’est pas loin d’une prise en otage, de vandalisme et de privation de liberté.

A Ouagadougou, les syndicats des travailleurs des finances sont eux aussi en train de commettre la même erreur en organisant des mouvements qui ne sont pas légaux. Une grève, un arrêt de travail ou toute autre manifestation syndicale sont régis par des textes. Que ces organisations syndicales connaissent mieux que tout le monde. Pourquoi donc refusent-elles souvent de les appliquer à alles-mêmes d’abord ? Il nous semble que les mouvements actuels sont bien spontanés. Ce qui peut se comprendre quand ils durent une journée. Mais au-delà, il est préférable de revoir la formule de lutte. Au risque de ne pas être en contradiction avec la loi.

Dans la même logique, les syndicats des télécommunications avaient commis les mêmes erreurs. Alors qu’ils devraient s’en prendre à leur employeur, c’est aux abonnés qu’ils ont fait payer le prix de leur mouvement en leur coupant tout simplement les lignes téléphoniques. Pire, des lignes aussi rouges que le 17 (Police secours) et le 18 (Sapeurs pompiers) ont été coupées. Des abonnés de leur opérateur ont juré de ne plus se réabonner. Qui perd ?

C’est dire que si l’Etat ou le gouvernement doit revoir de façon générale la gouvernance tant politique, économique et sociale, les organisations syndicales de leur côté doivent revoir la forme de leurs mouvements. Et souvent même le fond. Car en définitive, c’est nous tous qui perçons la « chambre à air », empêchant ainsi le vélo de démarrer et de partir pour de bon. C’est pourquoi, nous devrions tous revoir nos comportements pour que plus rien ne soit comme avant.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2011 à 09:11, par ben En réponse à : Autant le dire… : La « chambre à air » du ministre Alain Edouard Traoré

    c’est comme ca, si une chambre à air est pourrie. il à bien dit, le ministre Alain Edouard Traore, que nous vivons dans une pays pourri.

  • Le 21 juin 2011 à 16:34 En réponse à : Autant le dire… : La « chambre à air » du ministre Alain Edouard Traoré

    Merci Mr le ministre,
    C’est très bien dit, mais il y a toujours un mais,
    Il faut aussi dire que les Burkinabè ont perdu confiance en ses dirigeants aussi chacun essaie de se protéger avec ses moyens de bord.
    Il est de bon temps de décrier cette prise en otage des populations que nous sommes mais pour être honnêtes ils ont fait que suivre la voie que certain ont pris des années à mettre en place.
    Restons objectif et réfléchissons pour trouver une solution durable.

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