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Editorial de Sidwaya : Une nouvelle CENI, des défis nouveaux !

Publié le lundi 20 juin 2011 à 11h31min

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La marche vers les élections couplées de 2012 vient de franchir un nouveau palier. Le gouvernement de Luc Adolphe Tiao a décidé de prendre ses responsabilités pour restaurer la confiance entre les composantes de la classe politique et les acteurs de la société civile impliqués dans le processus électoral. En mettant un terme au mandat de Moussa Michel Tapsoba et de son équipe, le gouvernement vient, à l’image des mesures fortes prises contre la mutinerie à Bobo-Dioulasso, confirmer que la solution aux problèmes du Burkina Faso se trouve entre les mains des Burkinabè.

Ce geste cristallise l’impérative volonté de tous à sortir de cette crise sociopolitique qui ralentit la bonne marche de nos institutions et pénalise l’émergence du pays depuis février 2011. Certains considèrent que c’est, entre autres, la mauvaise organisation de l’élection présidentielle de novembre 2010 par l’équipe congédiée de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a plongé le Faso dans les turbulences que nous essuyons actuellement. Le refus du premier responsable de l’institution de démissionner en vrai « gentleman » pour s’extirper du marasme ambiant, comme la majorité des acteurs politiques le lui avaient demandé, a contraint le gouvernement à prendre ses responsabilités. Il ne pouvait en être autrement : la mission et surtout le devoir fondamental de cette équipe gouvernementale est de réconcilier les Burkinabè avec eux-mêmes pour marcher de concert vers une autre gouvernance.

Chaque jour qui passe nous apporte la preuve que le Burkina est habité par une volonté forte et saine de décrisper les esprits, les cœurs, mais aussi les institutions de l’Etat ; l’omniprésence du Premier ministre sur le terrain, la volonté d’ouverture et de dialogue qu’il a transmises à son équipe en sont des démonstrations probantes. Observateur et inconditionnel, comme nous, de cette passion de la vérité à l’œuvre dans la plus haute sphère décisionnelle de l’Etat, tout « agent » de la CENI aurait pu et même dû voir, comprendre et accompagner cette ferveur par des actes civils et républicains. La Commission (CENI) n’a jamais été aussi indépendante et en adéquation avec les valeurs nationales que lorsqu’elle s’est attachée à défendre la vérité, en faire la ligne de mire de son combat. Car, ne l’oublions pas, la CENI résulte, selon les débats conduits au sein du cercle des politistes burkinabè, d’un combat multiforme et de longue haleine mené par la société civile et la classe politique pour la transparence, c’est-à-dire pour la vérité et la liberté. Nul ne peut disposer comme il veut de ces valeurs, substantifique mœlle de notre société démocratique. C’est la transparence au-dedans de la CENI qui pourra garantir celle de l’Agora, comme elle l’appelle de ses vœux les plus pieux, quand elle organise des élections.

De leur côté, les partis politiques, de la Majorité comme de l’Opposition, devraient se convaincre que le vrai problème politique qui les unit et les divise à la fois, c’est la question du leadership national. Un grand peuple nécessite indubitablement des grands leaders. Les points forts de l’histoire des Etats modernes géopolitiquement prépondérants se signalent par le passage d’illustres hommes qui savent ce que gouverner veut dire et ce que la gouvernance veut accomplir. S’attacher à des détails, s’y morfondre parfois à faire pitié, se comporter sans aucun amour pour son pays, sont des attitudes qui nous éloignent tous sans exceptions de cette dure formation au leadership. Tous les acteurs politiques se doivent de comprendre le message du Premier ministre : le gouvernement veut des consultations transparentes et sans bavures. C’est un appel à tous à contribuer de manière diligente et consensuelle à la bonne marche de notre Nation. Une injonction, également, à s’engager, sans hypocrisie aucune, à la mise en place d’une équipe électorale de mission afin que notre pays devienne une référence en matière d’élections exemplaires, transparentes, crédibles et équitables. Le Burkina Faso mérite de dépasser les combats politiques pour entrer dans un jeu politique sain et responsable. Nos fondamentaux valent mieux que l’image qu’ils renvoient actuellement à la communauté internationale.

Une nouvelle CENI, mise en place avec probité, garantira l’apaisement du dialogue et sa résultante directe : des élections non moins apaisées ouvrant la voie à des réformes politiques de premier ordre. Il est temps que les Burkinabè en toute confiance se rassemblent, s’asseyent et parlent, en famille, en toute responsabilité, à travers un dialogue responsable.

Des élections crédibles expriment, logiquement, le véritable choix de la majorité de la population. Elles assurent, en tant que telles, une confiance légitime aux institutions mises en place et amorcent le processus de résolution de la crise vis-à-vis de l’institution organisatrice des élections au Burkina Faso. Toute institution, si et seulement si les citoyens qu’elle sert lui accordent le crédit nécessaire, ne peut se targuer d’avoir des fondations solides que quand les femmes et les hommes qui l’animent ont le souci du bien commun, de l’intérêt général et de la paix pour tous. L’équipe de Moussa Michel Tapsoba en était arrivé à perdre et la confiance du gouvernement - c’est-à-dire de la majorité - et celle de l’opposition. Il ne s’agit pas, au grand jamais, de privilégier les intérêts qui ne rassemblent pas. Seul celui de la nation doit primer. C’est la première mission de la nouvelle équipe. Elle doit être visionnaire comme aucune ne l’a jamais été, libre au plus profond de ses tripes et prête à s’offrir en sacrifice pour réussir le pari de la transparence, de l’indépendance et de l’intégrité.

Ce qui compte, c’est d’accompagner les changements positifs voulus par les Burkinabè. Une condition essentielle au retour de la quiétude et à la relance du progrès. Dans cette dynamique, l’avis de chaque citoyen compte. Faire preuve d’écoute est essentiel.

Il s’agit d’un défi individuel et collectif : chacun doit faciliter le processus par son effort citoyen. Une approche inclusive et synergique est donc indispensable pour que cette nouvelle équipe offre au Burkina Faso des élections propres, qui seront, à n’en pas douter, un gage de stabilité, de paix et de progrès social

Par Ibrahiman SAKANDE ( sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 juin 2011 à 13:57, par Jean Jacques Ilboudo En réponse à : Editorial de Sidwaya : Une nouvelle CENI, des défis nouveaux !

    Analyse bien menée ! Bravo à son hauteur ! Mais on ne comprend pas pourquoi Sidwaya a beaucoup d’anciens journalistes alors que le journal manque d’analyses ! Est-ce le résultat du fonctionnariat ou quoi ? En tous les cas, courage à ceux qui se battent...

  • Le 20 juin 2011 à 14:44, par Jean Jacques Ilboudo En réponse à : Editorial de Sidwaya : Une nouvelle CENI, des défis nouveaux !

    Analyse bien menée ! Bravo à son auteur, le jeune SAKANDE ! Je me demande pourquoi Sidawa manque de commentaire alors que le journal contient beaucoup d’anciens journalistes qui devraient être à même de faire de bons commenetaires, vu leur expérience(...) De passage, félicitations à M. BENIN Bilélé qui est l’un des anciens qui se bat bien !

  • Le 20 juin 2011 à 17:44, par ouedraogo En réponse à : Editorial de Sidwaya : Une nouvelle CENI, des défis nouveaux !

    Excellent ! Excellent ! j’apprécie bien les éditoriaux de Sakandé ! courage ! tu as de l’avenir !

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