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REVENDICATIONS SOCIALES : Etat de grâce contre état de gaz

Publié le vendredi 17 juin 2011 à 02h50min

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"A quelle sauce seront mangés les civils ?"Vous vous rappelez qu’il y a deux semaines, je m’interrogeais sur ce que ferait désormais le gouvernement par rapport aux revendications des uns et des autres ? Je vais vous rafraîchir la mémoire parce que tout le monde semble l’avoir oublié rapidement au Burkina. Voilà. C’était après la mutinerie de Bobo-Dioulasso (après celles de Ouaga, Dédougou, Pô, Kaya, Dori, etc.) où les mutins ont été matés par leurs frères d’armes du RSP et du RPC. Après des semaines de vols, de viols et de pillages perpétrés par les "enfants gâtés" de la République, l’Etat venait de reprendre la main et restaurer, du même coup, son autorité bafouée à maintes reprises. Et beaucoup d’entre nous ont applaudi.

Eh oui, des étudiants qui venaient me voir tous les soirs dans mon ghetto, jubilaient comme des gamins. Ils disaient que c’était bien fait pour les militaires de Bobo. Dans leur euphorie, j’ai été le seul à être prudent comme un Sioux. Je leur ai dit qu’après les militaires, les civils devaient s’attendre à recevoir les matraques des policiers qui avaient disparu de la circulation depuis le mois de février. Ah oui, dans l’opinion, ils étaient considérés comme des pestiférés. Maintenant, vous allez les sentir. N’gaw ! Ils ont commencé par les financiers qui réclament depuis le lundi 13 juin, plus d’équité dans la répartition du fonds commun. Gazés et matraqués, les financiers l’ont été au nom de la loi parce que leur sit-in a été jugé illégal. Il y a eu des blessés dans leur rang.

Le gouvernement a repris la main et j’ai dit à mes petits-là qu’il ne risque pas de s’arrêter en si bon chemin. Malheureusement, c’est ça qui me déçoit. Quand ça chauffait, ils imploraient les différents corps socioprofessionnels de ne pas tout brûler et d’accepter la main tendue du dialogue. Effectivement, les grèves des enseignants ont trouvé des solutions dans ces moments de braise. Maintenant, je crois que le gouvernement a choisi de bander les muscles ; comme pour vous dire que le roseau s’est plié mais ne s’est pas cassé. Et j’ai dit aux étudiants que c’est bien fait pour les syndicalistes.

Ce sont eux qui, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, ont déclaré qu’ils lui accordaient un délai de grâce. Quand il s’est bien assis et que l’étau s’est desserré, il leur sert à présent un état de gaz. Mais, je veux demander au Premier ministre une chose. Pensez-vous que la répression va résoudre les problèmes parce que vous n’êtes plus coincés comme avant ? Vous vous trompez de chemin et ces méthodes-là vont vous fourvoyer. Moi, je le dis sans sourciller. Tout le monde souhaite que la crise finisse vite et pour les Burkinabè, ça doit passer par un dialogue social de vérité (parce que l’Etat a aussi ses limites) et non par le bâton. Si vous avez choisi le bras de fer pour éteindre le feu de la contestation, réveillez-vous avant qu’il ne soit tard…

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