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REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

Publié le vendredi 17 juin 2011 à 02h52min

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Les Burkinabè pourraient en perdre leur latin ou plutôt leur…langue maternelle ! En pleine crise, et après vingt ans de processus démocratique, voilà que nos gouvernants n’hésitent pas à engloutir cinq cents millions de nos francs dans des opérations visant à proposer des…réformes politiques ! Le hic, c’est que ces projets de réformes n’ont rien de contraignant pour le pouvoir, et le mode opératoire est récusé de la majeure partie des opposants, et des membres les plus représentatifs de la société civile. Récemment, un Conseil consultatif sur les réformes politiques au Burkina Faso a été créé, qui se compose de 66 membres.

La représentation des partis politiques se fait, dit-on, à égalité de quinze (15) membres entre partis politiques de la majorité présidentielle et de l’opposition. D’autres composantes sociales dont la société civile sont prévues. Les travaux du Conseil consultatif seront restitués dans chacune des treize régions du pays pour amendements, puis soumis à des assises nationales en vue d’être adoptés. Un rapport devant faire l’état des points de consensus et de désaccord, sera alors soumis au gouvernement. La critique avance pourtant que les problématiques sont claires dans les esprits.

Nul n’ignore entre autres, où se situent les dysfonctionnements dans ce pays. Les éléments dominants tournent autour de la séparation des pouvoirs, de la lutte contre le clientélisme et la corruption sous toutes ses formes, la non-inféodation de la chefferie dans le système politique, au risque de l’avilir en cultivant le partisanisme qui va à l’encontre des traditions. Par ailleurs, on sait ce qu’il faut faire pour assainir les milieux de la justice.

Après ces vingt dernières années de vie constitutionnelle, d’expérience démocratique, il existe déjà une masse considérable d’éléments, d’informations à exploiter ! Des réformes ont été proposées par le Collège de Sages. Aux travaux effectués par la défunte deuxième chambre, s’ajoutent ceux régulièrement produits par l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel, le Conseil économique et social (CES), etc. Il y a aussi l’important rapport produit par le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) sur la vie politique au Burkina Faso, les travaux de recherche effectués par les Burkinabè et d’autres nationaux. Que d’expériences dans les tiroirs, à mettre à profit pour plus de performance.

La volonté politique d’appliquer les vraies réformes issues de précédentes consultations, fait-elle autant défaut au Faso ? Pourquoi n’avoir jamais cherché à le faire ? Qu’attendre alors des conclusions des prochains travaux ? Qu’on passe donc aux actes, au lieu de tergiverser ! Pourquoi perdre du temps dans le dilatoire ? Pour beaucoup dans l’opinion, le mode opératoire proposé est inapproprié. Les gens sont convaincus que le pouvoir a son agenda caché, et nul ne tient à se faire utiliser pour rien. Personne n’aspire à servir de faire-valoir. L’on craint fort en effet, qu’à la longue, on ne rassemble des partisans du « béni oui oui », prétendument membres de l’opposition et de la société civile, pour faire passer des consignes. De quoi édulcorer les discussions et les recommandations, pour ensuite présenter des réformettes sans impact et dont assurément le peuple burkinabè ne voudra pas !

D’ailleurs, pour certains analystes, le temps consacré aux débats est discutable : sera-t-il suffisant, étant donné l’importance des enjeux et l’ampleur des problèmes ? D’autres dénoncent les intrigues qui se tisseraient derrière ces échanges parfaitement inutiles. Aurait-on des choses à cacher ? Manifestement, une crise de confiance existe entre les forces politiques au pouvoir, et tous ceux qui s’apparentent à l’opposition ou font office de contre-pouvoir. Etant donné les divergences qui vont crescendo, qu’on mette donc balle à terre, et qu’on discute franchement de ce cadre opératoire qui n’a rien de consensuel !

Sur un tout autre plan, ces assises nationales telles que prévues, constituent un sérieux gouffre financier. Cela est déplorable d’autant que les conclusions n’ont rien de contraignant, et que des travaux analogues existent déjà ! Parmi les mesures envisagées, l’avènement d’un sénat nous parait superflu, eu égard à l’expérience de la chambre des représentants. Pourquoi s’accrocher tant à ce que l’homme de la rue perçoit comme étant des refuges-récompenses, des caisses de résonnance du pouvoir, et surtout des structures budgétivores ! De qui se moque-t-on donc, en cette période de vie chère et de revendications tous azimuts ?

Il faut éviter d’effaroucher par ces temps de crise ! L’irritation gagne du terrain ! A preuve, cette frilosité qui titille les rangs du pouvoir. Celui-ci semble en effet renouer peu à peu avec la politique de répression qui l’a caractérisé dans un passé récent. Simple démonstration de force, manque de sérénité ou signe d’un malaise persistant ? Toujours est-il que les forces de l’ordre, se font de plus en plus visibles dans les rues à la moindre manifestation. La répression des mutins du camp de Bobo-Dioulasso aurait-elle ragaillardi certains responsables ? Ce serait pourtant une erreur de croire que les Burkinabè cautionnent la répression systématique comme méthode de gouvernance. Plus le temps passe et que les informations circulent, plus ils prennent leur distance vis-à-vis de certains agissements. Dans cette optique, et dans un souci d’apaisement, il est temps pour le président du Faso, de clarifier sa position sur l’épineuse question de l’article 37. En effet, de plus en plus dans l’opinion, on traduit le silence assourdissant de Blaise Compaoré à ce sujet, en intention cachée. Pour certains, plutôt que de se prononcer ouvertement sur la révision de l’article 37, le chef de l’Etat cherche à gagner du temps. A lui donc de bien situer ses compatriotes, afin que cesse la rumeur et que baisse la tension !

C’est un euphémisme que de dire que le peu d’argent dont dispose le pays, doit servir à autre chose. Pourquoi nourrir des insatiables en matière d’argent, que ce soit sous forme de salaires, perdiem et autres formes d’indemnités qui se justifient difficilement aujourd’hui ? Il y a encore des milliers d’enfants sans écoles dans nos provinces, des familles affamées, des malades qui ne peuvent honorer la moindre ordonnance, des postes de santé sans moyens ou sans ambulances, des femmes qui meurent en couche dans des conditions affreuses, et des enfants qui rendent l’âme parce que les parents n’ont pas de quoi les faire soigner ! Quand donc nos élites politiques comprendront-elles que ce pays n’appartient pas qu’à elles seules, et qu’il faut avoir de la compassion pour son prochain, comme savent si bien le dire nos religieux à chacun de leur sermon ? Encore une fois, à la quatrième république de relever cet autre défi de sa gestion de notre expérience démocratique. Face aux critiques de toutes sortes, il lui revient de ne pas donner raison à ceux qui soutiennent que l’on s’achemine vers un passage en force des réformes politiques envisagées.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2011 à 04:43, par BZHN En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

    Très franchement, la volonté de faire des reformes manque. Avec tous les rapports produits er les conseils prodigués (conseil des sages, comité d’évaluation par les pairs, etc.) on veut engager 500 millions de CFA pour aboutir à là où tout le monde voit le gouvernement venir.
    C’est simple : comme c’est déjà à 100% sûr qu’il n’y aura pas de concensus (puisque les membres du parti au pouvoir brilleront par leur mauvaise volonté en cela), le Président décidera alors d’appeler au referendum. Et comme on n’organise pas les élections pour les perdre en Afrique, uneopération similaire au cas Tandja au Niger est prévisible.
    Pour éviter les conséquence de l’entêtement de Tandja, prions que le Président du Faso soit plus sage, lui qui avait prévenu Tandja qu’"il allait droit au mur" : ATTENTION MONSIEUR LE PRÉSIDENT, IL N’Y A PAS PIRE QU’UN PEUPLE QUI A PERDU L’ESPOIR. Travaillez à ce que les Burkinabè ne perdent pas l’espoir de la démocratie (et de l’alternance) !

    • Le 17 juin 2011 à 16:50 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

      C’est à voir. Je suppose que toute proposition non consensuelle sera tout simplement ignoré. Donc, si quelques uns proposent de revenir à un nombre de mandats présidentiels illimité et qu’il n’y a pas consensus llà-dessus, il sera concervé tel qu’il est actuellement.

  • Le 17 juin 2011 à 05:45, par Beurk En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

    Rien à ajouter sauf à sortir les kleenex pour essuyer nos larmes parceque nous n’avons que les politiciens que nous méritons

    • Le 17 juin 2011 à 17:27 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

      éh bien si, vous avez bel et bien les dirigeants que vous méritez !
      Chez nous en France si un politique ose mener en bateau son peuple comme ça se fait habituellement chez vous, la sanction est immédiate. En Afrique je constate les politiciens font ce qu’ils veulent et ça passe. En tout cas c’est ce que je crois comprendre des informations que je lis régulièrement sur ce site. Si je me trompe veuillez me corriger. Pierre Dubois.

      • Le 18 juin 2011 à 20:26, par zein Diallo En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

        vs ne trompez pas mr Dubois. Mai notre contexte social est bien different du votre (france). N’oubliez pas que l’Afrique a été coupée de ses racines et un autre systeme educatif et politique lui a été imposé. La majorité du peuple est en total rupture avec ce systeme et n’y comprend rien. La democratie, bcp n’en ont jamais entendu parler. Et rien n’est fait pr changer les choses. Pourquoi ? Parceque cette situation arrange les dirigeants du moment. Un peuple affamé qui vote sans comprendre votera pr peu qu’on lui tende une carrote. Et pire , il ne demandera jamais des comptes. Malheureusement, les peu qui comprennent (-10/100) et qui aspirent au changement ne font pas grand chose pr eduquer le peuple. Ils passent tt leur temps à gemir et à ce mordre les doigts en esperant chaque jr que la providence viennent les delivrer. Pendant ce temps les autres frolent les 100/100 à chaque election. Alors du coup, les politiques font ce qu’ils veulent et ya foye.

  • Le 17 juin 2011 à 10:22 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

    Je ne comprends pas ce journaliste. On dit qu’on va rassembler des gens pour examiner les réformes à faire, y compris les propositions du collège des sages et du MAEF. Vous voulez quoi ? Que le gouvernement applique ce qui a été proposé sans les faire examiner par les composantes de notre société ? Un peu de bon sens.

    • Le 17 juin 2011 à 17:40, par Goomzanga En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

      Si tu ne comprends pas ce journalsite, doit-on te faire une explication de texte ? Dans cas, il faut repartir à l’école. Le journaliste n’a fait que relater ce qu’il a appris lors de la conférence.

    • Le 18 juin 2011 à 06:06 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

      Nous allons etre patients et tolerants avec toi car ce n’est pas de ta faute si tu n’arrives pas a comprendre. Slors, allons ensemble a la necessaire explication de texte niveau cm. S’ il y a deja des textes, que le gouvernment les soumette deja au libre arbitrage du peuple. Mais sans ruse car la Tandjanite ne sevira pas qu’ au Niger. Et la Tandjamicyne, ca soigne toute Tandjanite partout ou besoin est.

  • Le 17 juin 2011 à 13:30, par Obs En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Vers un passage en force ?

    A-t-on besoin de ces réformes pour faire reculer la pauvreté ?
    A méditer.

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