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Abraham D. Soulama, maire de Niangoloko : « … la politique ne doit pas constituer une source de division »

Publié le vendredi 17 juin 2011 à 02h48min

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Porte d’entrée du Burkina avec la Côte d’Ivoire, la commune de Niangoloko a toujours vécu, depuis l’avènement de la décentralisation en 1995, au rythme des crises et soubresauts. Même la Journée de pardon organisée le 2 mai 2009, sous la houlette du coordonnateur du MCA Burkina Bissiri Sirima, n’a pu exorciser ce signe indien. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le maire Abraham Dramane Soulama revient sur l’esprit de cette Journée, la fronde conduite au mois de mai par un groupe de conseillers municipaux et, entre autres, des conflits fonciers récurrents dans cette contrée.

Sidwaya (S.) : Monsieur le maire, comment expliquez-vous que la Journée de pardon tenue le 2 mai 2009, n’ait pas pu apaiser véritablement les cœurs et que l’on assiste toujours à des querelles et des rebondissements interminables à Niangoloko ?

Abraham D. Soulama (A.D.S.) : Il faut reconnaître que la tenue de cette Journée a été une étape très importante pour les populations de Niangoloko, même si aujourd’hui le conseil municipal est quelque peu amer. Effectivement, nous nous sommes retrouvés à cette occasion et on a parlé le même langage. Chacun s’est repenti. Je trouve que ces rebondissements actuels sont de bonne guerre, puisqu’on tire vers une échéance électorale. Mais de mon point de vue, la politique ne doit pas constituer vraiment une source de division. En tout cas, le constat est amer. Il y a eu la journée de réconciliation et officiellement, nous nous sommes pardonnés, mais les difficultés de dialogue demeurent. Je déplore que depuis la tenue de cette journée jusqu’à nos jours, il n y ait pas eu de cadre de rencontre. Je pense que les initiateurs de ce forum devraient aller jusqu’au bout, poursuivre les démarches et initier d’autres cadres de rencontre.

C’est malheureux que nous nous retrouvions aujourd’hui à la case de départ. Pour ma part en tout cas, je dirai que le gouvernement a vu juste en organisant cette journée. Je pourrai même dire que n’eût été cette prise de responsabilité, on allait assister à des choses plus graves et plus cruelles que la crise elle-même. Aujourd’hui il y a des tensions certes, mais il faut reconnaître que cette démarche a permis de taire certaines rancœurs

S. : Depuis quelques semaines, un groupe de 18 conseillers réclame un audit de votre gestion. Seriez-vous prêt à accueillir une équipe d’inspection ?

A .D.S. : C’est ce que j’ai toujours dit, c’est politique. On m’accuse pêle-mêle d’avoir vendu des parcelles, d’avoir parcellé des réserves pour vendre et d’avoir détourné des deniers publics. Tout a été clarifié par la session du conseil municipal en date du 26 mai. Je ne suis pas surpris ! J’ai pu démontrer ce jour-là, que ce n’est pas 18 conseillers. En réalité, c’est un groupe de six personnes qui ont monté de toutes pièces cette manigance, en portant sur une liste, les noms des autres conseillers et en se disant tout simplement qu’ils sont du même bord politique. Pour la question d’audit, l’idée a été émise par moi-même lors d’une session du conseil municipal. J’ai pensé qu’avant de quitter la mairie, il est nécessaire de faire la lumière sur toute notre gestion. Je suis donc partant pour l’audit. Il serait même le bienvenu, puisque cette année cela me fait onze ans de gestion de la commune depuis fin 2000. Je trouve qu’il est opportun, sinon indispensable qu’il y ait cette mission d’audit pour faire la situation avant que nous ne passions la main à une autre équipe.

S. : Onze ans à la tête de la commune et un départ en vue, pensez-vous à votre avenir politique après la mairie ?

A.D.S. : Même si je ne suis pas à la tête de la mairie, je ne vais pas baisser la garde au sein de ma formation politique, à savoir le CDP. Après onze ans et en ce qui concerne mon avenir politique, je pense en toute humilité qu’il faut une alternance. Je reste convaincu que plus on dure, plus on s’use et on devient moins crédible au niveau du pouvoir local. Je suis fatigué et comme nous évoluons en groupe, d’autres personnes prendront le relais pour poursuivre l’ancrage de la décentralisation et affermir les actions de développement.

S. : Comment expliquez-vous la résurgence des conflits fonciers dans votre commune, notamment à Yéndéré et à Koutoura ?

A.D.S. : C’est vraiment une question très cruciale et je reste convaincu que les problèmes à venir à Niangoloko vont naître des contentieux fonciers. Cependant, je ne considère pas le problème de Yendéré comme un conflit foncier. Par contre à Koutoura, ce sont des individus qui se tiraillent une portion de terre. Il faut dire que les problèmes de terre ne sont pas propres à ces deux localités. Un peu partout dans notre zone, ces problèmes sont vécus avec plus d’acuité, tant du côté des allogènes qu’entre les autochtones eux-mêmes. Nous assistons aujourd’hui à une pression démographique sur les terres agricoles, ce qui amène les paysans à vivre des tensions. Avec la sensibilisation, nous travaillons à éviter ces crises sociales.

S. : Monsieur le maire, comment votre cité qui a tant souffert de la crise, a-t-elle accueilli le dénouement de la crise ivoirienne ?

A.D.S. : Evidemment, nous avons accueilli ce dénouement avec un grand soulagement. Nous sommes à la porte de la Côte d’Ivoire et l’essentiel de nos recettes est basé sur le trafic. Nous avons vécu beaucoup de difficultés dues à la restriction budgétaire. Néanmoins, nous avons pu gérer le quotidien. En termes clairs, la crise ivoirienne a beaucoup affecté l’économie de la commune et le budget communal.


S. : Dans un tel contexte, quel bilan auriez-vous à présenter à la fin de votre mandat ?

A.D.S. : On s’active à présenter notre bilan et malgré la crise, je peux vous assurer que nous ne sommes pas restés les bras croisés. Je profite de l’occasion pour remercier le gouvernement pour son accompagnement. Ce qui nous a permis de supporter les contrecoups de cette crise, sans oublier les autorités de tutelle à Banfora et les populations qui ont fait preuve d’une grande compréhension, par moments.

Propos recueillis par Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2011 à 12:25, par koko En réponse à : Abraham D. Soulama, maire de Niangoloko : « … la politique ne doit pas constituer une source de division »

    je crois bien que le maire doit se reconcilier avec sa population et non pas créer des sous groupes, qu’il nous dise au juste quelles sont les réalisations effectuées durant ces oonze années qui ont contribué au developpemnt de la commune
    Durant son regne il ya eu trop de conflits entre nous les enfants de la commune, de grace avant son depart qu’il essaye de les mettre ensemble, la reconciliation est trés importante pour la commune, on ne peut pas etre maire et refuser les critiques monsieur soulama
    Pour l’avenir essayé d’ecouter toutes les couches sociales qui vous entoure avant de prendre une decision
    la politique passe mais nous les enfants de la commune demeuront toujours

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