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Autant le dire… : Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

Publié le jeudi 16 juin 2011 à 01h58min

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Quand j’entends parler certains démocrates ou encore quand je lis des écrits d’hommes politiques ou même de la société civile sur la démocratie au Burkina Faso, j’ai tout de suite l’impression que ce n’est pas la même démocratie burkinabé qui leur permet de parler ainsi ou d’écrire ce qu’ils veulent. Tellement elle est tout sauf une démocratie. Si c’est réellement le cas, à qui donc la faute ?

En effet, on peut croire que ceux qu’on vilipende aujourd’hui, ou qu’on traite de tous les noms d’oiseaux anti-démocraties sont les premiers responsables. Mais à l’analyse, chacun est responsable. Quel que soit le niveau auquel il se situe. En poussant davantage la réflexion, on peut même dire que ceux qui pourfendent la démocratie burkinabé sont plus responsables que ceux qu’ils pourfendent. Tous les démocrates sincères savent et reconnaissent qu’une bonne et grande démocratie se définit en partie par la capacité de ceux qui s’opposent au pouvoir en place à la renforcer. De même que les organisations de la société civile.

Qu’en est-il du cas précis du Burkina Faso ? D’abord l’opposition politique. Elle est bien faible et manque très souvent de stratégie face au pouvoir. La récente crise qui a secoué le Burkina en est une preuve. Au moment où le peuple crie famine, cherche désespérément la paix, elle s’occupait de comment parvenir au pouvoir. Le résultat, c’est que ses propres militants ne sont pas sortis le 30 avril pour l’applaudir quand elle devait appeler le président Compaoré à quitter le pouvoir. Aux temps forts de l’affaire Norbert Zongo, il fallait des organisations de la société civile pour faire fléchir par moment le pouvoir. Mais quand tout est rentré dans l’ordre, ce sont ses membres qui se sont précipités d’aller à la soupe. Et à chaque fois, il en a été ainsi. Comment une telle opposition peut-elle être crédible aux yeux des populations ?

A vrai dire, l’opposition politique burkinabé n’a pratiquement pas le poids nécessaire pour peser devant le pouvoir. En plus, elle est très souvent déphasée par rapport aux aspirations du peuple. Autrement, suffisamment divisée et apte pour certains de ses membres à courir derrière les subsides qui jette le pouvoir, elle a fini par se neutraliser en son propre sein. N’a-t-il pas fallu le pouvoir pour qu’elle ait un chef de file avec toutes les prérogatives y afférentes ? Et même là, tout le monde n’est pas d’accord avec ce chef. C’est sans doute cela aussi la démocratie !! On est mémoratif que plusieurs fois, elle a raté l’occasion de faire chanter le pouvoir. Certains observateurs l’ont par moment confondu avec le pouvoir.

Quant aux organisations de la société civile, elles représentent aux yeux de tous pratiquement le seul contre-pouvoir. Autrement, elles jouent beaucoup plus le rôle des partis politiques. On se rappelle que ce sont elles qui ont battu le pavé pour arracher des victoires démocratiques quand il s’est toujours agi de le faire. A l’heure actuelle où il est question de reformes politiques et institutionnelles, elles jouent plus le rôle de propositions et même de contre-pouvoir que l’opposition. Qui a comme leitmotiv, ôtes-toi pour que je m’y asseye. A-t-on déjà vu un pouvoir en place qui fait le lit de l’alternance pour l’opposition politique ? Qu’elle se détrompe car il n’en sera jamais ainsi. Aussi, si elle veut réellement le pouvoir qu’elle se pourvoit autrement.

Revenons donc à la Constitution qui fonde notre démocratie pour dire qu’elle n’est pas aussi mal que cela. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tout le monde est unanime qu’il faut la toiletter. Mais cela répond à un certain nombre de règles qui se trouvent dans la même Constitution. Sur le plan purement politique, il y a des concessions qui peuvent et doivent être faites. De part et d’autre, il faut savoir raison garder. L’article 37 n’est pas le seul article actuellement en jeu. Quand bien même il focalise les attentions. Démocratiquement, si les uns argumentent qu’il ne faut pas y toucher, il faut en retour accepter que les autres demandent de le toucher. Refuser cela, c’est radicaliser les positions pour une issue incertaine. Tout le reste n’est que politique et peut dans tous les cas trouver une solution. Le peuple burkinabé est coutumier de ce genre de questions à la fois politiques et démocratiques.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 16 juin 2011 à 02:30, par LUI En réponse à : Autant le dire… : Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

    Article vraiment très bien écrit et dont la lecture est plaisante !

    • Le 16 juin 2011 à 13:41, par Dany En réponse à : Autant le dire… : Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

      Kani, à vous lire je suis étonné de votre analyse. Vous n’aviez pas lhistoire de cette contitution. Le Juin 91 si cette avait étét voté, c’est parce que la limitation de mandat était contenue. Au fil du temps on la modifie et il a fallu des evenement dramatique qu’un collège le suggère pour calmer la situation la limitation revient. Puisse qu’on pense que l’on maitrise tout on veut la sauter encore. SVP ! regardez à qui sa profite ?. Ce qui est étonnant, le faso n’est pas un pays où un blocage institutionnel y est intervenu découlant de cette constitution. J’ai honte quand j’entend minitère chargé des reformes institutionnelles !!! Quelle dinamyque interne nous vivons nous amenant à créer tout un ministère qui ne s’occupe que des reformes. et l’A.N ?.Continuez puisse que vous considérer que d’autres sont fabriqués pour servir d’autres, OK ! nous brulerons ensembles, et les survivants aumoins se respecterons et respecterons la parole donnée. Un pays où aucun secteur n’est lisible sur deux ans ; santé, infrastructures, écoles, emplois, logement(loyé) ; business.
      Ce qu’il faut savoir, la démocratie n’est pas un stade que l’on atteint et que l’on se taise. Il a besoin de vie et sa vie c’est savoirêxprimer sa différence pour être pris n compte.

  • Le 16 juin 2011 à 04:18, par Dayo En réponse à : Autant le dire… : Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

    L’article est bien equilibré dans l’analyse.c’est vrai le manque d’alternance est plus un echec de l’oposition politique que la faute des gouvernants du moment.la credibilité exigee aujord’hui de ceux qui sont aux affaires vaut egalement pour ceux qui visent la conquete de l’appareil politique.Et cette conquete commande que l’on soit en phase avec les aspirations des electeurs potentiels qui pour l’heure ne crient que famine ! d’ou la sanction du 30 avril.quant a la societe civile les exemples sont legion ou elle fut la locomotive des acquis politico-democratiques dans notre pays:bravo a la societe civile et carton jaune a l’opposition politique !Elle gagnerait en travaillant plus et mieux !

  • Le 16 juin 2011 à 05:09, par Beurk En réponse à : Autant le dire… : Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

    Mr Kani,je ne sais pas si c’est par incompétence ou si c’est voulu mais vous contribuez à semer la confusion dans la tête des Burkinabè car en parlant de démocratie,si pouvoir ouvrir la bouche en exprimant son opinion fait de facto de notre pays un Etat démocratique à part entière,vous vous trompez lourdement.La liberté d’expression est une composante de la démocratie mais pas la seule.Par exemple,je vous donne un seul exemple.Est ce que nous sommes tous égaux devant la justice ?J’en doute et vous aussi sûrement car je pourrai vous citez une liste de faits passés ou récents qui font que nous sommes que nous sommes dans un Etat d’exception.
    Autre point abordé dans votre article concerne l’alternance.Là encore vous induisez les gens en erreur en vous prenant seulement à l’opposition.Que l’opposition soit faible,divisée,c’est leurs oignons mais qu’on ne nous serve pas à la tête de l’Etat et dans les hautes fonctions les mêmes têtes depuis des décennies.Dans certains pays vraiment démocratique,un même parti politique peut gagner les élections présidentielles 5 ou 10 fois de suite sans qu’on ne crie au scandale mais pas la même personne avec 5 ou 10 mandats.C’est ça aussi l’alternance pour éviter l’usure du pouvoir avec ses dérives comme la corruption,le népotisme etc.Donc un pays démocratique est un pays où on doit accepter l’alternance en respectant scrupuleusement la colonne vertébrale de sa constitution au lieu de chercher chaque fois à la tripatouiller pour se maintenant au pouvoir.En conclusion,Mr Kani avec votre fonction noble qu’est le journalisme,ayez l’audace d’éclairer le peuple en pointant du doigt les vrais problèmes au lieu de taper chaque fois à côté pour faire plaisir à certains

  • Le 16 juin 2011 à 15:09, par Z.AB En réponse à : Autant le dire… : Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

    je dirai qu,au Burkina les gens se rendent compte de leur souffrance que lorsqu,ils ne peuvent gagner ce dont ils ont déjà gaspille.c,est très honteux tous ces agissements sans raison.z.AB

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