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Situation nationale : Attention à ne pas creuser notre tombe commune

Publié le jeudi 16 juin 2011 à 01h56min

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Décidément, les éruptions n’ont pas cessé de surgir dans un climat sociopolitique burkinabè particulièrement surchauffé depuis un bon trimestre. Quand ce ne sont pas des militaires qui ruent dans les brancards, ce sont des commerçants qui sortent pour contre-attaquer, des élèves, étudiants ou enseignants qui manifestent ou encore des sociétés qui prennent les gens en otages de leur crise interne.

La valse des manifestations au Pays des hommes intègres s’est poursuivie avec l’entrée en scène, le 10 juin dernier, des artisans du Village artisanal de Ouagadougou (VAO), qui se sont livrés à une « Intifada » avec les forces de maintien de l’ordre pour contester la nomination du nouveau gestionnaire de cette structure.

Hier lundi 13 juin, c’était au tour des riverains de l’avenue Joseph-Ouédraogo à Ouaga de descendre dans la rue pour réclamer du goudron pendant que les travailleurs du ministère de l’Economie et des Finances (MEF) étaient en sit-in pour avoir les mêmes indemnités que leurs collègues des Douanes et des Impôts, les deux mamelles du recouvrement.

Dans l’ensemble, si certaines revendications sont défendables et se justifient, d’autres, par contre, sont sujettes à caution. Qu’importe l’atmosphère nationale est propice aux revendications à tel point qu’on peut faire tout et son contraire. Désormais, tout le monde se croit tout permis, et on revendique à tour de bras. Et en face, il y a une autorité qui est tellement affaiblie qu’elle fait attention à ne pas multiplier les problèmes. Si fait que pendant qu’on fait tout pour circonscrire un incendie qui s’est déclenché quelque part, il y a un nouveau départ de feu ailleurs. De plus en plus, on a l’impression que l’autorité de l’Etat est en train de s’effriter, voire de partir en lambeaux, et il faut espérer que la répression de Bobo-Dioulasso puisse contribuer à en recoller les morceaux.

En réalité, si nous n’y prenons garde, nous allons en payer collectivement les pots cassés. Si les policiers sont malmenés comme ils l’ont été la dernière fois au VAO ou encore si les gendarmes ont désormais peur de s’en prendre à x ou y, où allons-nous si ce n’est vers le règne de l’anarchie et de l’arbitraire ? Et au bout du compte, ce sont les faibles qui vont trinquer, car l’avantage d’avoir un Etat fort et solide, c’est que, malgré les injustices dont on fait cas, il y a un minimum de sécurité qui est garanti à tout le monde. On a beau détester ce monstre froid qu’est l’Etat, qui agit souvent sans état d’âme, il reste incontournable.

Attention donc à ne pas creuser notre tombe commune à coup de manifestations. Sans oublier le coup dur porté à l’économie nationale par ces itérations. En effet, à force de tout casser à tour de bras, on entre dans un cercle vicieux : on détruit les biens publics, et les investisseurs, partenaires techniques et financiers ou bailleurs de fonds (c’est selon) rechignent à cracher au bassinet.

Ainsi, sachons raison garder et ne nous disons pas que c’est le moment de poser, à tout vent, les problèmes. Gardons surtout à l’esprit qu’en toute chose, il y a une ligne rouge à ne pas franchir. A bon entendeur, …

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 16 juin 2011 à 08:40, par Le rêveur En réponse à : Situation nationale : Attention à ne pas creuser notre tombe commune

    Bonne analyse, il n’y a qu’a voir le nombre de plus en plus restreint d’association, touriste qui ne se rendent plus au Burkina par crainte des évenements pour comprendre que le Burkina soutenu par un nombre important d’associatios surtout dans le domaine scolaire, agricole, des femmes ne feront plus le déplacement ... Il s’en suit un manque à gagner pour les commercants car ces même personnes mangent, dorment, achètent des fournitures scolaires, des souvenirs (demandez aux artisans notamment ceux du petit CIAO se qu’ils en pensent).
    A trop vouloir souvent on perd tout ...

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