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PREMIERES DAMES EN AFRIQUE : Egéries ou présidentes bis ?

Publié le jeudi 16 juin 2011 à 01h55min

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Il existe en Afrique une catégorie de Premières dames qui savent occuper la place qui leur revient et qui leur va comme un gant dans les palais présidentiels. Discrètes et très humbles sur les plans politique et économique, elles n’en demeurent pas moins visibles et très efficaces dans les domaines humanitaire, social et sanitaire. Ces véritables mamans nationales n’hésitent pas à voler au secours des plus démunis de leurs compatriotes en leur apportant quelque aide financière ou en contribuant au succès de campagnes de vaccination, d’alphabétisation et de promotion des droits humains notamment au profit des femmes et des enfants.

Elles mettent ainsi à profit leurs réseaux de partenaires techniques et financiers pour accompagner leurs époux dans la mise en œuvre de leurs programmes électoraux. Tout en évitant de poser des actes qui puissent ternir l’image et la réputation de leurs époux de présidents, ces exemplaires compagnes présidentielles jouent le rôle de véritables conseillères et muses auprès de leurs conjoints. Elles se comportent ainsi en véritables égéries qui suppléent efficacement aux insuffisances humaines de leurs compagnons, faisant ainsi de leurs foyers des cadres où la nuit porte réellement conseil, comme le soutient une tradition bien ancienne.

Cette race de first ladies a fait ou continue de faire la fierté de leur pays et, partant, du continent tout entier, à l’image d’ailleurs de leurs maris qui ont su se conduire ou qui se conduisent en véritables hommes d’Etat. L’on peut citer en exemple et sans aller chercher très loin, les femmes des anciens présidents de l’ex-Haute Volta et du Burkina Faso, que les populations connaissaient à peine, mais qui, sûrement, ont été pour quelque chose dans la construction de l’image positive que le pays des Hommes intègres et le reste du monde ont gardée de leur mari. Bien qu’il ne faille pas mettre la charrue avant les bœufs et toute prudence observée, l’on peut aussi fonder un espoir justifié sur Dominique Ouattara, Première dame ivoirienne, qui donne des gages d’une femme réservée et tempérée.

Aux antipodes de ces tendres épouses et douces mères qui considèrent tous les fils de leur pays comme leurs propres enfants dont elles se font le devoir moral et maternel de prendre soin, se trouvent celles non moins intelligentes, riches ou belles, mais tout simplement dépourvues de tout sentiment, voire de tout instinct maternel. Toujours promptes à exiger que leur nom soit toujours accompagné ou substitué par le titre de Première dame, cette espèce de conjointes de chefs d’Etat se prend pour des présidentes bis. Ce culte de la personnalité leur fait ainsi confondre allègrement l’élection de leur mari à leur propre nomination à la tête de l’Etat pour assumer une sorte de vice-présidence ou même de co-présidence.

Et comme pour des raisons de sécurité et de personnalité, la Constitution leur accorde un statut particulier avec les privilèges y liés, elles en profitent pour faire de leur titre toute une super institution. Nanties d’un pouvoir réel nettement plus important que le Premier ministre lui-même, ces pseudos reines d’une autre époque sont souvent en mesure de faire et de défaire des gouvernements dont elles démettent les ministres et en nomment, suivant leurs humeurs. La dureté de leur caractère est telle que leurs hommes, bien que reconnus comme des dictateurs de premier ordre, ne portent cependant pas la culotte dans le ménage. Ceux-ci dirigent leur pays par procuration, leurs femmes étant les vraies initiatrices de certains projets impopulaires qu’ils font exécuter aveuglement. Des conseils, celles-ci en donnent sûrement à leur mari.

Seulement, leurs suggestions ne sont jamais en phase avec les aspirations profondes du peuple dont la félicité est du reste le dernier de leurs soucis. Tout ce qui compte pour elles, c’est la consolidation du pouvoir de leur couple, de sa fortune et de son influence. Et pour ce faire, tous les moyens sont bons, y compris les plus répréhensibles. C’est ainsi que, par le biais du système du prête-nom, elles monopolisent tous les secteurs de l’économie en accaparant tous les gros marchés publics. Généralement surgies du néant, ces Premières dames sont décidées à s’en mettre plein les poches afin d’assurer leurs arrières en abusant du fruit des efforts consentis par le contribuable. Sans dénier à ces citoyennes le droit de participer à l’animation de la vie politique de leur pays et de contribuer à la reconquête démocratique du pouvoir par leur mari, le reproche que l’on peut leur faire, c’est de profiter de leur position pour chercher à occuper les devants de toutes les scènes.

Afin de ne jamais perdre ces privilèges, elles n’hésitent donc pas à transmettre à leurs hommes, leur boulimie du pouvoir ce qui, à terme, les empêche de concevoir d’elles-mêmes l’image d’une épouse ordinaire vivant hors des murs d’un palais. Et pour parvenir à leurs fins ou à leurs desseins, elles sont capables de revêtir le manteau de femmes fatales dont elles incarnent à la perfection le rôle et finissent ainsi par perdre leur mari après les avoir mis à leurs pieds. Les exemples les plus patents viennent de la Tunisie et de la Côte d’Ivoire où Leila Ben Ali et Simone Gbagbo ont été les principales actrices du déclin du pouvoir de leur mari. Toute chose qui met en exergue la véracité parfois devastatrice, de l’adage selon lequel ce que femme veut, Dieu le veut.

« Le Pays »

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