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Le sport a souffert de la crise socio-politique

Publié le mercredi 15 juin 2011 à 20h41min

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La pratique du sport comme toutes les autres activités est tributaire de la paix sociale. Pour ne prendre que l’exemple du football, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) structure faîtière de la discipline sur le plan mondial est très exigeante sur les questions de sécurité.

On se rappelle les doutes qui ont entouré l’organisation de la Coupe du monde en 2010. L’insécurité qui était présentée comme la « marque de fabrique » de la nation arc-en-ciel par une certaine opinion surtout occidentale a longtemps été présentée comme un obstacle à la tenue de cet évènement. Heureusement la compétition s’est déroulée sans la moindre difficulté dans ce sens.

Sur le plan continental, la Confédération Africaine de Football (CAF), pour des raisons d’insécurité ambiante en Libye et en Côte d’Ivoire, a obligé leurs équipes à disputer leurs matchs sur des terrains neutres lorsqu’elles recevaient. Le Burkina a d’ailleurs été directement touché par ces mesures de restrictions de la CAF.

En effet, selon l’article Article 65 du code d’éthique de la FIFA consacré à l’organisation des matches, « Les associations qui organisent des matches doivent :

a) évaluer les risques (ndlr : en matière de sécurité) que présentent les rencontres et signaler aux organes de la FIFA celles qui sont particulièrement dangereuses ;

b) respecter et mettre en œuvre les règles de sécurité existantes (Réglementation de la FIFA, lois nationales, conventions internationales) et prendre toutes les autres mesures de sécurité exigées par les circonstances, que ce soit avant, pendant ou après le match, ainsi que lors de la survenance d’incidents ;

c) assurer la sécurité des officiels de match, des joueurs et des officiels de l’équipe visiteuse durant tout leur séjour ;

d) informer les autorités locales et collaborer activement et efficacement avec elles ;

e) assurer la discipline dans les stades et leurs abords immédiats et le bon déroulement des rencontres. »

C’est dire que la structure faîtière du football ne fait pas dans la dentelle en matière de sécurité dans les stades. C’est pourquoi l’Union Sportive des Forces Armées (USFA), représentant le burkinabè à la 9e Coupe de la Confédération s’est qualifiée pour les huitièmes de finale sans jouer. Et pour cause ! Son adversaire, l’Africa Sport national d’Abidjan, n’a pas pu se déplacer à cause des violences post-électorales qui secouaient la Côte d’Ivoire. Selon le règlement, le match aurait dû se jouer à Ouagadougou le 3 avril mais la mutinerie qui a éclaté le 22 mars a servi de prétexte aux dirigeants de l’Africa national Sport pour demander la délocalisation du match à Accra pour des raisons de sécurité à Ouagadougou. Toute ou malheureusement c’est selon, les Ivoiriens n’ayant pas pu se déplacer dans la capitale ghanéenne, les militaires burkinabè se sont qualifiés pour le tour suivant.

Sur le plan purement intérieur, les mutineries des militaires ont fortement perturbé le calendrier sportif national. Pendant les rencontres, ce sont les Forces de l’ordre qui assurent la sécurité des joueurs et des spectateurs. Leur absence constitue, dans presque toutes les disciplines, des causes de report ou d’annulation de ces regroupements humains. Le championnat national de football a été interrompu pendant de nombreuses semaines.

Comme nous l’avons d’ailleurs déjà écrit dans notre précédent numéro, la mutinerie a créé pour la Fédération de football un problème crucial : la mauvaise gestion du report du match Union Sportive de Ouagadougou (USO) contre Union Sportive du Yatenga de la 15e journée constitue un os dans cette fin de championnat. Et comme si cela ne suffisait pas, la reprise n’a permis de jouer que quelques journées avant que n’éclate la mutinerie de Bobo-Dioulasso suivie de ses conséquences que l’on sait. Cette fois-ci, c’est la seconde compétition nationale qu’organise la FBF qui a été touchée.

Les seizièmes de finales de la Coupe du Faso qui devaient se dérouler le 7 juin ont été annulés pour des raisons d’équité sportive parce qu’il était impossible de jouer à Bobo-Dioulasso. Le calendrier footballistique national est ainsi bouleversé.

Notre confrère l’Observateur Paalga, qui organise depuis le 28 mai 2008 le Marathon Ouaga-Laye, a été obligé d’annuler la 4e édition cette année en raison de la situation nationale. On imagine la déception des athlètes locaux et de la sous-région en apprenant que la course n’aura plus lieu. Mais les organisateurs ont eu des mots pour expliquer cette décision à tout le moins douloureuse. « Que se passerait-t-il si, le moment venu, l’actualité était telle que la police ne pouvait pas mettre à la disposition du Ouaga-Laye les 200 et quelques policiers qui sécurisent habituellement le trajet ? » s’était interrogé Ousséni ILBOUDO le président du Comité d’organisation, le 10 mai, au cours d’un point de presse.

Sport rime forcément avec sécurité et tranquillité. Le sport est certes devenu plus que jamais une activité économique en raison des fonds qu’il génère mais il n’a pas totalement perdu son aspect ludique. Il contribue à l’équilibre psychologique de l’individu et à désamorcer les tensions. N’entend-on pas souvent dire : « ce n’est que du sport » pour dédramatiser le plus souvent les situations d’échec ? Pour tout dire, autant il est facteur de paix autant le sport a besoin de la paix et de la sécurité pour sa pratique.

Ahmed NAZE
L’Opinion

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