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CONFLITS AGRICULTEURS- ELEVEURS : Que chacun joue son rôle !

Publié le mardi 14 juin 2011 à 01h44min

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A chaque campagne agricole, son lot d’angoisses. Après les problèmes conjoncturels comme ceux liés au prix du kg de coton ou des intrants, le Burkina va devoir faire face à d’autres problèmes structurels et récurrents. Hélas, ce pays à vocation agricole traîne certaines tares comme un boulet à ses pieds. Il s’agit des conflits agriculteurs- éleveurs. Tantôt ce sont les champs qui sont dévastés, tantôt ce sont des bêtes qui sont confisquées ou tuées. Telle une hydre, le phénomène resurgit périodiquement avec son lot de dégâts et de vies humaines fauchées. On a l’impression que l’Etat burkinabè assiste impuissant à ces bagarres fratricides pour le contrôle de la terre. Ce ne sont pourtant pas les efforts qui ont manqué.

L’Etat a procédé récemment à la relecture de la Réforme agraire et foncière (RAF) pour certainement intégrer des dispositions permettant de corriger les insuffisances du texte. Des actions de sensibilisation ont aussi été menées à l’endroit des responsables administratifs locaux. Certes, nul n’est censé ignorer la loi, dit-on. Mais dans le contexte du Burkina, le contenu de la RAF est royalement ignoré des producteurs à la base. Conséquence, la terre est toujours gérée selon la coutume pendant qu’on réaffirme avec force que « la terre appartient à l’Etat ». Comment instaurer les bases d’un dialogue entre les différents protagonistes si les uns et les autres ignorent leurs droits et leurs devoirs ?

Pire, quand la justice doit trancher certains litiges, les verdicts ne donnent pas toujours satisfaction. En clair, l’Etat ne gère que les conséquences de ces drames récurrents. Mais comment prévenir les conflits agriculteurs- éleveurs ? Il faut impérativement que chacun joue son rôle en commençant par les producteurs. Avant que l’Etat ne délimite les pistes rurales, tout le monde connaissait les routes des pasteurs, les villages traversés et la période de transhumance. Autrement dit, le problème est peut-être vieux comme le monde mais des solutions étaient trouvées pour minimiser les conflits. Aujourd’hui, les villages disposent de Conseils villageois de développement (CVD) qui peuvent initier des cadres de concertation entre agriculteurs et éleveurs à la lumière des textes en vigueur. Si rien de durable n’est envisagé dans ce sens, on peut craindre la catastrophe puisqu’à cause de la démographie galopante, la pression sur les terres ne fait que s’accentuer d’année en année.

Au niveau de l’Etat, l’heure doit être à la fermeté. La situation actuelle démontre que la sécurisation foncière reste encore au stade de concepts et ne s’est pas encore traduite dans la réalité surtout au niveau des villages. Or, tout le monde connaît l’importance de la sécurité juridique pour un exploitant agricole. C’est malheureusement le cas de certains migrants qui, du jour au lendemain, se voient dépossédés des terres qu’ils exploitent depuis des lustres. L’Etat a tout intérêt à réaffirmer son autorité sur la terre du Burkina en fixant les conditions de son exploitation parce qu’il y va de son développement et de la gestion durable des ressources naturelles.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2011 à 13:09 En réponse à : CONFLITS AGRICULTEURS- ELEVEURS : Que chacun joue son rôle !

    Bel article ! Seulement, j’aimerais ajouter un élément. C’est que même les premiers acteurs ne sont pas toujours au parfum de l’évolution des choses. Prennez le niveau départemental, les membres des tribunaux départementaux qui ont à charge de trancher lors des conflicts ignorent tout des textes. Les CVD et les conseillers municipaux ne sont même pas impliqués dans aucune formation de ce genre. Ce serait important que les triunaux départementaux,les maires et les préfets reçoivent des formations pour pouvoir à leur tour répercuter l’information aux CVD et Conseillers municipaux. Ce sont eux les vrais acteurs de terrains qui peuvent changer les choses à la base.

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