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OCCUPATION D’ABYEI : Béchir donne des verges pour se faire fouetter

Publié le jeudi 9 juin 2011 à 02h55min

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"J’y suis, j’y reste !", "Nous pas bouger !" C’est en ces termes qu’on peut qualifier la déclaration samedi dernier du gouvernement de Khartoum de ne pas faire partir ses troupes d’Abyei. Abyei ! En voilà un trait d’union entre le Nord-Soudan et le Sud-Soudan qui vient semer des notes discordantes dans la merveilleuse symphonie qui devrait chanter la consécration de l’indépendance du second, le 9 juillet prochain. Dans tous les cas, cette "invasion" d’Abyei par les troupes nordistes nourrit des doutes quant à la franchise du président Omar El-Béchir sur sa volonté réelle d’accepter la partition du pays. Cela donne l’impression de l’homme charitable qui veut donner une miche de pain, mais qui en retient le bout au moment où le bénéficiaire commence à sourire de joie.

Normal qu’on perde son latin quand le donateur met le bout de pain dans sa bouche et réclame ensuite … la "négociation" ! Négocier quoi ? Seuls Béchir et Dieu doivent peut-être le savoir. Pour l’instant, les Sudistes et les Nations unies ne l’entendent pas de cette oreille. D’où cette injonction de l’ONU à Béchir de quitter la zone. Et face au refus du président soudanais, on se demande à quel jeu il joue. Certainement à celui de la dépouille de cabri qui se frotte au couteau, sachant qu’il ne pourrait plus se blesser. Sinon, avec le mandat d’arrêt international qui plane déjà sur sa tête, on aurait dit que Omar El Béchir offre des verges pour se faire bastonner en se mettant encore à dos la communauté internationale par cette occupation musclée.

En effet, il veut résoudre par la force un problème qui aurait pu l’être pacifiquement. En l’occurrence un référendum lors duquel les habitants d’Abyei auraient en toute liberté décidé à quel landerneau ils voudraient désormais attacher leur sort. Peut-être que Béchir avait pressenti que cette voie allait jeter Abyei dans les bras de la partie sud du Soudan. De sorte qu’il a préféré devancer les méharis dans le désert. Mais alors, que risque-t-il d’arriver ? L’ONU va-t-elle essayer de faire entendre sa voix d’une façon plus musclée ? Ou alors, le Sud-Soudan répondra-t-il à la manière du berger à la bergère en engageant ses troupes et en rouvrant ainsi une plaie qui vient juste d’entamer son processus de cicatrisation ? C’est une éventualité qui serait regrettable.

Les dizaines de milliers d’habitants de la zone ayant déjà souffert les affres de la guerre civile, l’ont senti et ont déserté les lieux. Pour l’instant, le gouvernement de Juba a préféré un langage autre que celui des armes, tentant ainsi de ne pas ternir le faste de sa prochaine proclamation d’indépendance. Mais pendant combien de temps ce jeu d’équilibrisme va-t-il durer ?

Abdou ZOURE

Le Pays

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