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Les effets des précédents dangereux

Publié le mercredi 8 juin 2011 à 21h35min

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Les Généraux Honoré Traoré et Gilbert DiendéréNous disions, au début des mutineries, qu’il fallait éviter des précédents dangereux. Ce qui commandait l’application de sanctions exemplaires pour dissuader toute velléité de ramer à contre courant des us et règlements de l’Etat de droit chez les hommes chargés de protéger et défendre ce même Etat.

Malheureusement l’apathie que beaucoup n’ont pas comprise de la part de l’autorité a conduit inexorablement à ce que l’on a connu ces temps derniers : des mutins ont encore vandalisé, terrorisé, blessé, violé, défié et mis à mal l’autorité de l’Etat, pire la dignité du peuple, pour qu’excédées les autorités réagissent.

Qu’est-ce qui est fait au niveau du commandement pour qu’une telle descente n’ait plus lieu ? Pour réponse à la question l’ancien chef d’état-major général des armées, Dominique DJINDJENRE disait : « Dans un premier temps, il est difficile de faire la lumière sur la situation ; mais nous savons que les condamnés sont les acteurs les plus connus et nous sommes donc passés par eux pour faire passer un message en direction de leurs frères d’armes, promotionnaires ou camarades qui ont tenu à manifester. Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est de notre possible pour éviter de telles situations à l’avenir mais ce n’est qu’avec la compréhension, la sensibilisation et surtout l’intégration de meilleures valeurs éthiques par tous les personnels des armées. »

Un aveu d’impuissance donc de la haute hiérarchie militaire. Si les bidasses sont sortis, et ressortis, c’est simplement parce que ceux qui sont sortis en décembre 2006 n’ont pas été inquiétés. Ils sont sortis, ils ont terrorisé, vandalisé, blessé, violé et même tué sans être inquiétés. Il n’y aura rien encore, parce que la frilosité des responsables est palpable. Il n’y aura rien puisque l’homme en arme semble un surhomme, au-dessus des lois de la république.

Il n’y aura rien puisque les mis en cause et condamnés ont déjà été libérés par la hiérarchie militaire au mépris de la décision de justice. Il n’y aura rien parce que les bidasses sont priés de rejoindre la caserne. Il n’y aura rien parce que selon le chef d’état-major des armées : « …il est difficile de faire la lumière sur la situation… »

Pourtant, si rien n’est fait, si ces militaires ne sont pas sanctionnés, les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produiront les mêmes effets et les conséquences seront encore plus graves. Les gouvernants doivent prendre leurs responsabilités pour que force reste à la loi. La hiérarchie militaire doit être des plus fermes, car il est question de discipline et nous savons tous que c’est la discipline qui fait la force des armées. « Fermer les yeux sur cette ignominie de quelques brebis galeuses créerait un précédent grave dans notre pays ». disions-nous dans L’Opinion du 701 du 30 mars au 5 avril 2011.

Fallait-il qu’on en arrive jusque-là ?

Il aurait fallu donc que la goutte d’eau déborde le vase à Bobo pour que le gouvernement prenne enfin ses responsabilités. Visiblement, les mutins n’en avaient cure de la stratégie du dialogue. Nombre de Burkinabè étaient venus à se demander s’il y avait encore un capitaine dans le bateau burkinabè. Oui, il faut le dire tout net. Car l’on a tardé à réagir. Faisant croire à ces « bandits » qu’ils pouvaient continuer impunément à écumer les villes, violenter les populations et écorner l’image de notre pays.

On a discuté avec eux : le président du Faso leur a tendu la main. Le Premier ministre lui aussi a dialogué. Le chef d’Etat major général des armées également a négocié avec eux. Tout cela pour trouver une issue pacifique à la crise. Mais comme le disait quelqu’un : « Une mutinerie, ça se mate ». C’est pour cela que dès les premières heures de la crise nous avons réclamé des sanctions. Certainement qu’on avait estimé qu’il était trop tôt. C’est pourquoi, le vendredi 3 juin 2011, le gouvernement a diligenté une expédition punitive conduite par des éléments des Régiments para-commando (RPC) de Dédougou et de la sécurité présidentielle (RSP) appuyés par la Gendarmerie nationale avec pour mission de mettre fin aux agissements non recommandables des mutins. Bilan de l’expédition : 6 morts parmi les séditieux et une fillette de 14 ans fauchée par une balle perdue, une trentaine de blessés (dont de nombreux civils) et enfin une soixantaine de mutins aux arrêts.

Au lendemain de l’opération militaire qui a permis de restaurer l’ordre et la quiétude dans la ville de Sya un confrère visiblement tout heureux lançait : « Il n’y a point de doute que le pays commence à être encore gouverné ». Les populations de Sya, et du Burkina entier, visiblement heureuses et satisfaites, applaudissent les forces armées avec à leur tête le général Honoré Nabéré TRAORE.

Il faut espérer que l’opération de Sya sonne comme un avertissement pour les apprentis mutins. Qu’ils sachent que plus rien ne sera comme avant et que toute mutinerie connaîtra le même sort, sinon pire.

Frédéric ILBOUDO
L’Opinion

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