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TOURNEES DU GOUVERNEMENT : Il faut des propositions concrètes !

Publié le vendredi 3 juin 2011 à 03h10min

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Et si on commençait notre discussion avec des proverbes ? Vous n’en voulez pas ? Tant pis ! De toute façon, c’est moi le capitaine ici ! Voilà ! Les Mossé aiment dire que s’assoir pour palabrer ne laboure pas le champ mais permet d’en régler les problèmes. Ils ajoutent aussi que la solution à un problème peut se trouver au seuil de la porte de l’intéressé. Tu l’enjambes matin, midi et soir jusqu’à ce que quelqu’un te la montre. Enfin, se parler "yeux dans yeux" évite les trébuchements et les éternuements d’un intermédiaire, causes de quiproquos désagréables. C’est sans doute en écoutant ces sages conseils que le gouvernement a décidé d’aller aux quatre coins du Burkina pour propager la bonne nouvelle : écouter les problèmes des gens et prêcher la paix et la cohésion. C’est très louable et c’est propre, cette façon de faire.

Les gouvernants doivent être à l’écoute et très proches de ceux pour qui ils travaillent. On aurait même souhaité que Blaise Compaoré himself (même moi je comprends la langue de Shakespeare !) daignât de temps en temps délaisser les moelleux fauteuils de Kosyam pour aller boire du zom-koom avec les jeunes et les vieux du Sourou ! Cela lui permettrait peut-être d’en savoir un peu plus clairement sur l’état de santé de ses esclaves ou de ses maîtres (c’est selon). Mais bon, peut-être que je rêve tout haut et comme je préfère avoir les pieds sur terre, je me contenterai des balades des ministres. Je disais donc que ces balades seraient très parfaites s’il n’y avait pas un hic. Je ne vais pas citer un cas expressément, mais vous saurez sans doute où va mon regard.

J’ai remarqué qu’après le passage de certains ministres dans certaines régions, explosent des cris d’énervement et des gestes de mécontentement. Un peu comme si les ministres avaient posé une bombe à retardement avant de partir. C’est alors que me viennent ces déplaisantes interrogations : pourquoi gaspiller le peu d’argent qu’on a pour nourrir des 4X4 et les poches des délégations ministérielles si c’est pour aller apparemment irriter les gens plutôt que de les calmer ? Et puis, est-ce que les problèmes des Burkinabè ne sont pas déjà connus ? On sait qu’il y a la vie chère, non ? Qui ne sait pas qu’il y a plus de jeunes qui chôment que de travailleurs ?

Je crois qu’on doit savoir que les greniers des cultivateurs (ils sont les plus nombreux au Burkina) ne restent pas pleins pendant les 12 mois de l’année et que le diable a la queue tout effilochée parce que les citadins ont trop tiré dessus. Alors, qu’est-ce qu’il faut aller écouter encore ? Et même s’il y avait encore à entendre, que font les gouverneurs, les préfets, les hauts-commissaires et les maires ? Ne sont-ils pas les mieux placés pour recueillir "en live" les peines des gens pour ensuite les retransmettre à la hiérarchie ? Si ce n’est pas le cas, à quoi servent alors la décentralisation et la communalisation intégrale ? Ou bien est-ce du saupoudrage, toute cette affaire de tournées ? Juste pour calmer les gens un temps ? J’espère bien que non, car autrement ce serait grave.

Ce qui est certain, même si les visites que rend le gouvernement aux populations ne sont pas condamnables en soi, il faut reconnaître que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. En ce qui me concerne (même si je sais que vous n’avez rien à faire des élucubrations d’un fou), je pense qu’il faut rectifier le tir. Je propose, pour commencer, de réduire ces tournées au strict nécessaire. Ensuite, au lieu d’aller écouter les gens bouches ouvertes et bras ballants, mieux vaut, avant de commencer la palabre, offrir quelques noix de cola. En l’occurrence, agir pragmatiquement, proposer des solutions concrètes aux problèmes que les dirigeants locaux auront déjà recensés.

Une fois la cola offerte et mangée, la colère noue moins le ventre, la langue se délie et le cœur est plus réceptif aux offres de paix. En tout cas, ça urge et les solutions doivent fuser vite. Franchement, y en a marre des balles perdues qui me sifflent aux oreilles dans mon caniveau et du bruit des souliers éculés et des sandales trouées des grévistes qui marchent à longueur de journée sur le macadam et les pistes poussiéreuses !

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 3 juin 2011 à 11:44, par paspanga En réponse à : TOURNEES DU GOUVERNEMENT : Il faut des propositions concrètes !

    Le Fou, c’est très sensé ce que tu dis.Faire les choses simplement et avec méthodes.Pas besoin d’en faire des tonnes.Agir efficacement.
    Démilitarisé le pays s’il faut en arrivé là.Le dialogue a été rompu. Il faut un ultimatum adressé à tous les mutins : Ramener toutes les armes aux casernes et les mettre sous scellé.
    Autre solution demander aux responsables de l’armée de ramener le calme au sein de leur corps, par tous les moyens. C’est leur responsabilité.
    Cette étape est indispensable. Sans cela nous serons condamner à vivre, la peur au ventre, craignant qu’à tout moment n’éclatent d’autres mutineries.
    Nous ne pouvons plus continuer comme ça. Si la situation nous dépasse, il faut demander une aide extérieur. Il est hors de question qu’un seul civil soit encore victime de ce "carnage".

  • Le 3 juin 2011 à 14:36, par Poko En réponse à : TOURNEES DU GOUVERNEMENT : Il faut des propositions concrètes !

    Tout à fait d’accord avec le "fou". Les gens ont besoin de concret, c’est-à-dire de quoi nourrir leur famille, payer les études de leurs gosses, se soigner, etc... (satisfaire leurs besoins essentiels). Tous ces déplacement sont couteux, et ressemblent beaucoup à de la mise en scène. Les burkinbè ne sont pas des enfants qu’on flatte avec des bonbons.
    Si l’armée se permet de tels écarts, à qui la faute ? Pendant des années, les "Gens" ont cherché à se remplir les poches et à avoir la côte sur la scène internationale (1er producteur de coton, facilitateur régional, nouveaux quartiers poussant comme des champignons, organisation d’évènements culturels, etc), à se rendre services. Ce sont les enfants de nantis qui ont facilement des bourses et des stages.Le fossé s’est creusé entre pauvres et riches, le bas et le haut, l’injustice s’est propagée, les frustrations ont pris corps, la haine a grandi, et le retour du bâton est terrible ! Et puis entre temps, le pays est devenu un carrefour de passage de la drogue, avec une partie qui reste sur place, et les dégâts que cela peut poser au sein de la population....nous n’avons pas de centre de désintoxication, et ce n’est pas la priorité des décideurs ; certains ont les moyens d’envoyer leurs gosses à l’extérieur pour se traiter.
    Avant d’aller balayer devant la porte des autres, il vaut mieux enlever la poutre qui est dans son oeil.Ben Ali se croyait in-déboulonnable, Mobutu, Moubarak et bien d’autres pareils.
    Ce qui irrite surtout le peuple, c’est ce sentiment d’injustice lié à ce semblant de monarchie ambiante, où quand tu n’es pas du milieu, tu n’as aucune chance de réussite, quel que soit ton niveau de compétence ou ton savoir faire. Obama n’aurait pas pu être président chez nous, je parle de ces dernières années (j’espère que les choses vont bouger). Cette forme d’oligarchie "de fait" qui sous un costume de démocratie (élections truquées, ou "abstentionisme" citoyen : les gens savent que les dés sont pipés d’avance) reproduit des pratiques désuètes et condamnées. Ils veulent prendre la place de nos Nanamsé d’antan (réappropriation du Naam), alors que ceux-là ont été écartés du pouvoir par le colon, qui voulait d’abord asseoir son pouvoir, et pour des nécessités démocratiques par la suite.
    On ne peut rester un quart de siècle au pouvoir et parler de démocratie, sinon, remettons nos nanamsé en place, avec un premier ministre élu par le peuple, par l’intermédiaire de nos représentants. Enfin le Mogho Naaba ne sera pas représentatif de tous les burkinabè, et cela pourrait poser d’autres problèmes. Ceci pour dire que fini le temps du pouvoir à Vie.
    Au lieu de gaspiller les sous pour des tournées et irriter les populations avec des 4/4, il vaut mieux organiser un référendum, pour demander aux populations s’ils veulent qu’on réorganise des élections anticipées. C’est sûr qu’on ne veut pas de ceux qui viennent pour venger un ami, un frère ou un père ; pour ceux qui veulent régler des comptes, il y a des tribunaux pour cela. Le Burkina n’a pas besoin de ces personnes ; le Burkina cherche sa voie, son meilleur être dans la démocratie, le justice et la Paix sociale....et où tout le monde en fonction de ses compétences, ses mérites, son expérience pourrait accéder à des bourses d’études, un poste, un marché public, un crédit, et enfin occuper un poste de décision.
    Il faudrait également demander des comptes à ceux qui ont permis une telle déliquescence de l’armée.
    Pour avoir des personnes "beaux, bons, justes", il faut qu’ils aient baigné dans une atmosphère de beauté, de justice et de bonté.Les enfants qui prennent facilement les armes, ou les poings, ont grandi dans une ambiance de "non-amour", de violence psychique, verbale, économique (luxe insultant), de mépris et la télé n’arrange pas toujours les choses même si on essaye d’endormir les consciences avec des séries à l’eau de rose, ou comiques.
    Je crois que les gens se comporteront mieux, si nos gouvernants eux-mêmes sont exemplaires.La probité, l’esprit civique, la solidarité, etc... sont inculqués bien-sûr par les parents, la famille, mais sont renforcés par ceux-mêmes qui nous gouvernent et qui sont de ce fait un Miroir national et fédérateur. Ce n’est pas un hasard si tout le monde veut s’enrichir vite et quel que soit les moyens utilisés ; ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.....Etre CHEF, donc être RESPONSABLE, était, est et reste une charge de CONTRAINTES à blanchir les cheveux en un temps record !
    Ce qui est sûr, les pauvres ou exclus, n’auront rien à perdre en dehors de leur Vie, mais les riches tomberons de très haut, et en plus de leur vie, perdrons leur dignité, et auraient (pour les "survivants")sur la conscience le poids de la "Paix perdue" devant le tribunal des Ancêtres. Il est donc dans l’intérêt des dirigeants d’oeuvrer au mieux avec humilité, bon sens et justesse (sans arrière pensée, ni magouille), car il y gagneraient plus que quiconque.
    Voilà un début de réponse.
    Poko

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