LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Chronique : Attention à la fuite des bailleurs de fonds

Publié le vendredi 3 juin 2011 à 03h09min

PARTAGER :                          

On croyait la crise dernière nous. Mais hélas, crise repetita ! Le Faso n’en finit plus et ne sait pas non plus où se mettre la tête. Cette fois-ci c’est Bobo-Dioulasso qui est entrée dans la danse. Aussi la capitale économique n’a pas été épargnée par la vague de mutinerie qui ébranle le pays depuis plus deux mois. Après Ouagadougou, Dédougou, Koupèla, Tenkodogo, Pô, etc. c’est au tour de la ville de Sya qui abrite les centres de formation des forces armées de subir la furie des bidasses. Toute l’économie de la ville ou presque a été mutilée, broyée en l’espace d’une nuit. On a l’impression que les mutineries s’enchaînent et se ressemblent avec leur lot de désolation, de tristesse.

Cette situation outre, qu’elle écorne et sape l’image de la grande muette, met incontestablement le pays dans une mauvaise posture. C’est même la crédibilité du Burkina Faso à l’international est ainsi remise en cause alors que le gouvernement était à pied d’œuvre pour reprendre de la main. Plusieurs dizaines de milliards ont déjà été débloqués pour dédommager les victimes innocentes des mutineries sur le territoire national. Combien d’autres milliards faudra-t-il encore pour soulager les commerçants pillés à Bobo-Dioulasso ? Sans doute, des dizaines de milliards en l’absence d’une évaluation précise des dégâts qui apparemment auraient été très importants.

L’Etat aura beau consentir beaucoup d’efforts financiers que tout est encore à refaire. Car aujourd’hui toutes ces familles vandalisées vivant du secteur informel ou même formel et qui ont perdu leur outil de travail ou leur emploi attendent d’être indemnisées. Ce sont encore des dizaines de milliards qu’il faudra mobiliser à la rescousse de ces victimes.

Hier cité comme un modèle de stabilité politique et institutionnelle, notre pays risque gros. D’ores et déjà, les conséquences des actes de pillages et de vandalisme sont dévastatrices pour l’économie. Du petit commerçant de bonbons à l’industriel en passant par le service fisc, chaque maillon du tissu économique ressent les coutre-coups de cette crise. Commerces pillés, édifices publics incendiés,ralentissement des opérations de recouvrement, le cycle infernal n’en finit pas de ruiner l’Etat et les contribuables.

Dans ces conditions, il est à craindre qu’ aucun bailleur de fonds ou investisseur ne daigne financer un projet ici. Car la stabilité, la sécurité constitue une condition sine qua non pour ces acteurs. D’autant plus que la situation contribue sérieusement à renforcer un sentiment d’insécurité, pire ennemie du monde des affaires. Elle a aussi pour effet pernicieux la perte de confiance, le discrédit envers l’Etat par les investisseurs.

Assurément, 2011 sera une année difficile pour le Burkina Faso sur le plan financier et social. Les conséquences de la grogne, quelques soient les ajustements et les réajustements budgétaires, quels que soient les lois de finances rectificatives, ne pourront rien si la quiétude ne revient pas au plus vite.

Saturnin N COULIBALY

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 juin 2011 à 04:39, par palingwendé willy kouadiobley En réponse à : Chronique : Attention à la fuite des bailleurs de fonds

    Que que le président du Faso prenne réellement ses responsabilités d’homme pétrit d’une grande sagesse dans la gestion des conflits comme on le lui attribut partout en Afrique et au delà du Continent Africain "Homme de paix, Facilitateur, etc"
    Le Pays des hommes intègres a besoin de ses services de facilitateur en ces moments de crise Interne et nous savons qu’il a cette capacité. Alors mieux vaut tard que jamais afin qu’on puisse sauver ce qui reste des quelques financements extérieurs octroyés pour 2011.
    Qu’il nettoie ces hommes "satellitaires" qui gravitent autour de lui et qui ne sont plus vraiment crédibles aux yeux du peuple ; mais aussi ne défendent plus son "Idéologie" mais plutot leurs Biens mal acquis...au détriment du Peuple !

    • Le 3 juin 2011 à 20:45, par JYves Danion En réponse à : Chronique : Attention à la fuite des bailleurs de fonds

      Je suis partenaire français d’une organisation qui oeuvre dans le développement durable par l’utilisation de matériaux locaux dans la construction en privilégiant l’isothermie et donc les économies d’énergie.
      Avant la première crise à Ouaga, je recevais au moins deux demandes d’information par semaine, émanant essentiellement d’institutions, associations et investisseurs européens.
      Depuis cette date, je n’ai reçu aucune demande et j’envisage moi-même de quitter le pays si cela dure.

  • Le 3 juin 2011 à 08:53, par Pierre Michaillard En réponse à : Chronique : Attention à la fuite des bailleurs de fonds

    Attention aussi à l’incompréhension des acteurs de la coopération décentralisée. Leurs relations avec la population est heureusement d’une autre nature que celle des grands "bailleurs de fonds" Ces projets de coopération décentralisée sont très souvent conduits à base de subventions des collectivités territoriales du Nord qui ont leurs propres problèmes de trésorerie et qui peuvent user du prétexte de l’insécurité pour suspendre leurs engagements ou les orienter vers d’autres destinations.
    C’est l’image du Burkina, de son accueil amical, de sa paix qui est malmenée et qui sera difficile à redresser si chaque semaine continue à amener son lot de pillages impunis.
    C’est vraiment dommage.

  • Le 3 juin 2011 à 09:42, par Dramane En réponse à : Chronique : Attention à la fuite des bailleurs de fonds

    Qui seme le vent chez les voisins, doit s’attendre un jour a recolter la tempete chez soi.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?