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ARRESTATION DE RATKO MLADIC : Vous avez dit justice à double vitesse ?

Publié le mardi 31 mai 2011 à 01h45min

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Ratko Mladic vient d’être arrêté par la justice internationale. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Mladic est ce général serbe, fortement impliqué dans le massacre de 8000 musulmans de Bosnie à Srebrenica. Ce qui lui a valu, en son temps, le tristement célèbre nom de "Boucher des Balkans". Il y a de cela 16 ans (1995-2011) que s’est produite cette tragédie génocidaire survenue une année après celle du Rwanda.

La justice internationale, avec l’arrestation de ce tout dernier présumé criminel du génocide serbe, vient de prouver qu’elle est loin d’être une justice à double vitesse, pour laquelle la font passer certains Africains. En tout cas, elle n’aura laissé en liberté aucun criminel de cette barbarie humaine, bénéficier d’une impunité, fût-il un puissant ou un quidam vivant en Europe. Et, les Africains qui s’époumonent à jeter systématiquement le discrédit sur les instances juridiques internationales, la taxant de justice à géométrie variable, ont de quoi se raviser. Tout compte fait, la détermination du Tribunal pénal international à traquer tous les concepteurs et les exécuteurs de ce plan macabre, devrait amener les Africains toujours dubitatifs quant à sa crédibilité et à son impartialité, à lui faire foi.

Car ces Serbes, aujourd’hui aux arrêts, ne sont pas des Africains. Et puis, pourquoi toujours s’en prendre à une justice internationale qui n’agit que lorsque les justices locales, souvent aux ordres, se montrent incompétentes ? De fait, l’Afrique a souvent fait la preuve de son incapacité à rendre justice à ses fils. Le cas Hissène Habré est une illustration parfaite que le continent noir, tout entier, peine à juger bien de ses dictateurs, arguant du sempiternel manque de moyens. Comme il est aisé de se prendre pour d’éternelles victimes ! Mais que fait l’Afrique pour sortir de cette situation ? L’une des conditions posées à la Serbie pour devenir membre de l’Union européenne (elle y aspire fortement) est de définitivement tourner cette page noire de son histoire, en rendant justice à toutes les victimes du drame génocidaire.

L’Union africaine adopte-t-elle toujours ce genre de positions, de principes et de conditions strictes ? Rien n’est moins sûr. Combien de pays au passé fortement sombre font partie de cette union continentale, censée représenter et défendre l’Afrique partout où besoin est ? Cette union ressemble plutôt à une auberge espagnole où se retrouvent à la fois les bons, les moins bons et les très peu recommandables en matière de démocratie et de droits de l’Homme. Il est même fort à parier que si le drame serbe s’était produit dans certains pays du continent noir, l’on aurait, au nom d’une certaine réconciliation, fait table rase de ce crime. Or, la justice, est-il nécessaire de le répéter, a un caractère pédagogique. Elle précède la paix.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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