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REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

Publié le lundi 30 mai 2011 à 00h32min

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Le projet de réformes politiques est actuellement vécu par une grande partie des populations burkinabè avec scepticisme pour les uns et espoir pour d’autres. Les réformes politiques à venir constituent une opportunité inédite dans l’histoire du Burkina dont toutes les composantes sociales, à travers leurs représentants, devraient en tirer une meilleure partie au lieu de se cantonner dans des considérations partisanes et conservatrices qui risquent de priver le pays d’avancées démocratiques et progressistes nécessaires pour le développement national.

Les récentes prises de position d’une partie de l’opposition et de la société civile burkinabè sur le Conseil Consultatif pour les Réformes Politiques (C.C.R.P), relèvent de leurs droits à la liberté d’opinons tout à fait normal dans un Etat démocratique. Cependant, certaines de leurs réflexions et visions des choses laissent à désirer et en appellent à des analyses critiques approfondies sur la base de faits objectifs.

Le constat général qui se dégage, c’est que certaines organisations politiques et de la société civile se focalisent sur les rapports du Collège de sages et du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) qu’elles considèrent comme des vérités absolues et suffisantes pour résoudre tous les problèmes de gouvernance et de développement du Burkina toute une éternité. C’est pourquoi, les partisans de ces rapports pensent qu’il suffit de les appliquer pour que le Burkina marche à merveille comme d’un coup de bâton magique. Ils récusent alors les réformes politiques et le cadre consultatif créé à cet effet.

Dans l’analyse des faits, leurs arguments se basent sur l’hypothèse selon laquelle les résultats des réformes politiques risquent de demeurer sans une application conséquente à l’instar des rapports du Collège de sages et du MAEP. Or, il ne faudrait pas oublier que le contexte actuel de la crise nationale est plus profond que ceux dans lesquels le Collège de sages et le MAEP ont été institués. En effet, c’est la première fois dans l’histoire du Burkina qu’on assiste à une vague de mutineries militaires avec des pertes en vies humaines et matérielles.

Nous sommes également dans un contexte de crise démocratique au plan international avec le vent du printemps des révolutions arabes qui ne laisse personne, ni aucun Etat indifférents. Tous ces aléas socio- politiques contribuent à créer un climat nécessaire d’écoute et de dialogue démocratique au Burkina Faso. Même certaines positions radicales du côté de la majorité présidentielle subissent de facto un certain assouplissement, ce qui constitue un bon présage pour des compromis démocratiques sur des questions essentielles de développement national. C’est pourquoi, les acteurs de la classe politique et de la société civile, en dépit de leurs légendaires querelles intestines et de personnes, gagneraient à faire preuve de grandeur de vue sur les enjeux et les chances de succès démocratiques des réformes politiques à venir.

Faire des propositions novatrices et idoines

Ceux qui pensent que les rapports du Collège de sages et du MAEP seuls suffisent pour le bonheur du Burkina, peuvent formuler les points de ces rapports comme leurs propositions de réformes politiques. Par ailleurs, si d’autres composantes sociales concernées par les réformes ont aussi des idées et propositions novatrices et idoines pour les réformes, il convient qu’elles puissent en faire des formulations à proposer à la table des discussions des réformes politiques. Autrement, se cantonner exclusivement sur les rapports du Collège de sages et du MAEP comme seules solutions, serait faire preuve d’une attitude conservatrice qui pourrait priver le Burkina d’actions progressistes et salvatrices. Il ne faudrait pas perdre de vue que certaines recommandations du Collège de sages théoriquement bonnes, après une décennie d’application, posent déjà des problèmes d’ordre pratique et que des voix s’élèvent pour demander des réformes en la matière.

Par exemple, le système d’appel d’offres ouvert à la concurrence pour les marchés publics est une des recommandations du Collège de sages pour la transparence et la bonne gouvernance économique. A une récente rencontre des entrepreneurs du bâtiment courant mi-mai 2011 à Ouagadougou, ce système des marchés publics a été décrié. Les entrepreneurs exigent une réforme dans la procédure de soumission aux lots qui sont trop regroupés et ne favorisent que quelques grandes entreprises. Par conséquent, ils préconisent un morcellement des lots pour permettre une meilleure équité. Cela prouve que les réformes politiques à venir représentent un vaste cadre de propositions et de décisions démocratiques dans l’optique d’un véritable développement harmonieux du Burkina dans tous les domaines. Même ceux qui proposent les états généraux de la démocratie et des assises nationales, peuvent profiter de la tribune des réformes politiques pour faire valoir leurs préoccupations avec beaucoup de chances de succès compte tenu du contexte actuel d’écoute et de dialogue social.

Il importe peu de s’appesantir sur les personnes du Chef de l’Etat, du Ministre d’Etat ou sur le cadre consultatif des réformes pour crier à la défaite et refuser le combat dynamique et décisif pour un aboutissement satisfaisant des réformes dans l’intérêt général du Burkina et de son peuple. Dans la vie des nations, personne ou aucune action, ni idée n’est susceptible de faire l’unanimité à priori. Il faut s’armer de courage et de combativité pour aboutir à des résultats probants. Des exemples sont légion pour illustrer cette hypothèse. Beaucoup de citoyens ont décrié les projets de construction d’échangeurs à Ouagadougou qu’ils jugeaient budgétivores et non prioritaires pour le développement du Burkina Faso. Force est de constater aujourd’hui que les partisans de ce courant de pensée admirent la réalisation des échangeurs dont ils profitent en terme de fluidité et de sécurité pour la circulation routière.

Au niveau de l’opposition, la création du statut de l’opposition et de son chef était une revendication fébrile. A présent, les opposants ne parviennent pas à transcender leurs querelles intestines et de personnes pour se fédérer autour du chef de file de l’opposition. Ainsi, ils risquent d’aller aux réformes politiques avec des voix discordantes et en rangs dispersés. Au Burkina Faso, ce qui est déplorable, c’est que les gens, pour des conflits voilés d’intérêts et de personnes, refusent de s’accorder sur l’essentiel et passent plus de temps à se disputer pour des détails qui n’en valent vraiment pas la peine. Aussi, dans un esprit de sursaut patriotique pour un développement progressiste du Burkina, il est préférable que les différentes composantes sociales qui devront siéger pour les réformes politiques ne se résignent pas et ne se laissent pas divertir. Qu’elles s’arment de courage et d’objectivité pour des propositions idoines de réformes, tout en restant mobilisées et vigilantes pour la mise en œuvre des recommandations consensuelles et pertinentes qui en résulteront à terme.

Arzouma Philippe OUEDRAOGO mailinfo_com@yahoo.fr

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 30 mai 2011 à 03:56, par Sidbala En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

    Dans cet article quid de l’article 37 ? C’est pourtant le mobile qui a soutendu l’idée même des reformes au niveau du pouvoir. Si cet aricle n’est pas évoqué dans un écrit de ce genre ce ne sont que balivernes pour nous mener dans le décord.

  • Le 30 mai 2011 à 10:52 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

    Je pense que ceux qui estiment que des propositions existent et qu’on en a plus besoin ont raison ; Pourquoi les nouvelles reformes seront appliquées alors que la strategie du pouvoir c’est de divertir le peuple ? le journal "le pays" est si serieux pour publier de tels écrits. Il faut demander d’abord au pouvoir s’il croit au rapport du college des sages ? Mon ami si aujourd’hui tout le monde fait des propositions et que le pouvoir les classe comme à son habitude tu diras quoi ? Mon ami si c’est Blaise lui-même qui t’a dit d’ecrire parce que cette fois çi ils prendra les propositions au serieux dit lui tout simplement d’annoncer officiellement qu’il ne revisera pas l’article 37 et tu veras que la crise sera vite desamorcée. Et puis tu n’as rien compris de la position de l’opposition et de la société civile. certains conditionnent leur participation a une non revision de l’article 37. point final. Qu’est ce que toi tu ne comprends. Tu as suivi comment Laurent Gbagbo a passé tout le temps a rouler le monde entier ? C’est ce que Blaise aussi a deja fait aux Burkinabè et veut continuer de faire. cette fois çi comme en côte d’ivoire ça passera pas.

  • Le 30 mai 2011 à 13:41 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

    Pour l’instant, je doute de l’efficacité des échangeurs construits en matière de fluidité du trafic (car ils sont dehors du centre ville), attendons de voir les prochains (prévus au centre ville.

  • Le 30 mai 2011 à 16:42, par le pacifique En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

    cet article a été publié deux fois dans le meme journal version papier du 30 juin.comment le secretariat de redaction a-t-il pu laisser passer une telle erreur.c’est grave

  • Le 30 mai 2011 à 20:31, par un burkindi En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

    La récusation du CCRP pour moi provient du fait qu’il est simplement un organe consultatif et qu’il n’engage pas obligatoirement la responsabilité du commanditaire : le chef de l’Etat. Les autres raisons qui sont liées à la personnalité de son président est secondaire pour moi car à supposer que le CCRP est dirigé par un Anselm Sanon, le rapport qui en sera y issu des travaux des travaux connaitra le même sort : non imposable au président. N’est-ce pas le même sort qui a été réserve au rapport du collège des sages. A l’époque, lorsque le parti-Etat a compris que le rapport du collège des sages lui étaient défavorable, le gouvernement a jugé bon de dire que le rapport n’engage pas le chef de l’État et par conséquent n’a qu’une valeur consultative. la suite, nous la connaissons.Le rapport du MAEP est aussi consultatif.
    Aujourd’hui, ce ne pas des reformes politiques et institutionnelles seulement que le Burkina Faso a besoin, mais d’une assise nationale ou autre chose pour permettre au Burkinabè de faire le bilan de son cheminement depuis son indépendance à nos jours afin de dégager un nouveau projet de société. C’est que le Front populaire a évité en 1990 qui nous rattrape aujourd’hui. L’affaire Norbert Zongo En 1998 a été la seconde occasion pour les burkinabè de faire le bilan, mais le parti-Etat a usé de nouveau en allant à la journée nationale de pardon sans un projet de société nouvelle. Il faut que cette fois-ci nous acceptons de nous regarder dans le miroir, de faire une introspection sérieuse avant de parler de l’avenir.
    Sans cette rétrospective sérieuse, nous nous mentirons. le Bénin dont on admire aujourd’hui la démocratie (certes non parfaite) a jeté les bases de sa démocratie sur un consensus national à travers la conférence nationale souveraine. C’est de ce consensus qui permet d’éviter les turpitudes des démocraties bananières. En somme je voudrai dire, quelque soit le vhemein que nous prendrons pour dégager des reformes nouvelles, il faut le bilan des errements soit faits , que le nouveau contrat social soit issu d’un consensus national soit imposable au président du Faso.

  • Le 31 mai 2011 à 01:09 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Aller au-delà du Collège de sages et des querelles intestines

    C’est le ras le bol quand nous assistons au charcutage de notre Constitution pour seulemnet permettre à un homme de regner ad vitam aeternam sur ce peuple. D’accord pour ameliorer ce que nous appellons abusivement le processus democratique engagé par les revolutionnaires qui se muent en democrates du jour au lendemain. Qu’ils passent la main et qu’ils rendent compte de leur gestion. Democratie rime avec responsabilité.

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