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Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

Publié le lundi 30 mai 2011 à 00h33min

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Lors de la séance de questions orales au gouvernement, vendredi 27 mai 2011, les députés se sont préoccupés des récents affrontements sanglants à Solenzo, de l’éventuelle présence d’une base de l’armée française au Burkina Faso, de l’appel à candidature au poste de DG de la CAMEG et de la multiplicité des agréments dans le domaine du Bâtiment et des travaux publics (BTP).

Les affrontements intercommunautaires du 17 mai 2011 à Solenzo dans la province des Banwa qui ont fait deux (2) morts et 25 blessés n’ont pas laissé les députés de marbre. A travers Etienne Traoré, du groupe parlementaire Alternance-Démocratie-Justice (ADJ), ils ont voulu savoir comment le gouvernement a géré cette crise et les mécanismes pour y parer. Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), Jérôme Bougouma, a indiqué que le fond du problème est constitué des conflits fonciers entre les halogènes qui constituent 85% de la population et les autochtones.

L’administration provinciale avait alors multiplié les rencontres avec les différents acteurs pour désamorcer la crise. Les forces vives, les communautés religieuses et coutumières, les associations de défense des droits humains, les conseils villageois de développement ont été mis à contribution. Un atelier sur la loi 34 / 2009 du 16 juin 2009 portant régime foncier rural au Burkina Faso, a même été organisé, de même que des campagnes de sensibilisation, mais rien n’y fit. Jérôme Bougouma a relevé que des enquêtes judiciaires sont en cours. Les autorités se sont déplacées pour présenter leurs condoléances aux familles éplorées, des renforts de forces de sécurité ont été envoyés et le couvre-feu instaurer dans la localité. Pour que de tels affrontements ne se répètent plus, la justice devra notamment trancher au plus vite les litiges fonciers.

Le milieu politique est aussi invité à œuvrer avec les populations pour l’apaisement. En outre, le député Yamba Malick Sawadogo du groupe ADJ a voulu savoir si les informations faisant état de la présence de militaires français sur le sol burkinabè sont avérées et dans l’affirmative, le fondement juridique de cette présence. Le ministre Jérôme Bougouma a rappelé que les relations militaires entre le Burkina Faso et la France s’exercent dans le cadre d’un accord de coopération technique signé le 24 avril 1961 et ratifié le 27 juillet 1961. Il y a également une convention qui fixe les règles du concours de la France au soutien logistique des forces terrestres, aériennes et de la gendarmerie, en date du 29 janvier 1964. C’est ainsi que ces dernières années, la France intervient régulièrement au Burkina Faso dans le cadre d’un Détachement d’instruction opérationnel (DIO) au profit du Centre d’entraînement commando de Pô.

En début 2006, des éléments français en provenance du 23e Bataillon d’infanterie de marine (BIMA), stationné au Sénégal, sont venus épauler les instructeurs burkinabè et faire profiter de leur expérience acquise dans des opérations de soutien à la paix comme en ex-Yougoslavie et sur d’autres théâtres. Les Américains participent aussi régulièrement à la formation des troupes burkinabè en partance pour le maintien de la paix. Sur la question du député, « la présence des militaires français sur le sol burkinabè s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme », a affirmé le MATDS. Il s’agit d’un détachement d’instruction opérationnel programmé depuis septembre 2010 au profit des Forces armées nationales (FAN).

« Aucun militaire français à Kosyam »

Entre-temps, il a été question de l’enlèvement à Arlit dans le nord du Niger, de Français, d’un Togolais et d’une Malgache travaillant pour le compte des sociétés AREVA et VINCI. Avec l’autorisation des autorités burkinabè, ce DIO qui avait pour vocation d’instruire dans la lutte antiterroriste a été projeté par les autorités françaises sur la zone de prise d’otages, au regard de sa position avancée dans la région. « En permettant aux soldats français d’opérer à partir de notre territoire afin de renforcer leur efficacité dans la lutte contre le fléau, nous apportons notre modeste contribution au combat de la communauté internationale contre le terrorisme », a soutenu Jérôme Bougouma.

Il a rappelé la tenue à Ouagadougou en mai 2010, de l’exercice militaire multinational dénommé Flintlock 2010. Plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique et d’Europe ont ainsi renforcé leurs capacités militaires en matière de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Des militaires burkinabè ont aussi participé à Flintlock 2011 au Sénégal et participeront à Flintlock 2012 au Mali. « Le gouvernement a-t-il trahi le serment du premier président Maurice Yaméogo qui a refusé l’installation d’une base française ? », « Y a-t-il des militaires français au palais de Kosyam ? », « Pourquoi le ministre de la Défense n’est pas venu répondre à la question ? », « Nos soldats n’ont-ils pas été dans les meilleures écoles militaires au point d’avoir besoin de formateurs extérieurs sur le territoire national ? », telles ont été entre autres, les répliques des députés de l’opposition Hama Arba Diallo, Norbert Tiendrébéogo et autres.

« Il n’y a pas de base française au Burkina Faso. Il n’existe pas d’accord militaire au sens où les troupes françaises pourraient stationner de façon permanente sur le territoire national comme c’est le cas dans certains pays africains », a répondu le MATDS. Il a réitéré qu’il n’ y a pas d’accord de défense avec la France. « Il s’est agi pour le sujet, d’un concours de circonstances où une mission française chargée d’une formation spécifique au profit de nos forces armées a été modulée en élément d’intervention antiterroriste pour faire face à l’enlèvement le 26 février 2011 de salariés d’AREVA et de VINCI à Arlit au Niger », a insisté Jérôme Bougouma. De plus a-t-il souligné, « aucun militaire français n’est installé au palais de Kosyam ». Le gouvernement a réaffirmé qu’il n’a pas violé la loi et que le DIO présent sur le territoire national exerce ses activités dans le cadre de la formation des forces spéciales pour la lutte antiterroriste.

« L’armée a des cadres compétents, mais se perfectionne en lutte antiterroriste »

Des députés relancent le débat qui devient de plus en plus passionné. Le président de l’Assemblée nationale sort alors pour mettre « balle à terre ». « Il n’ya pas de base militaire française, donc ne faites pas d’amalgame…, notre armée a tous les cadres, mais a toujours besoin de perfection. Nous députés continuions de participer à des ateliers, donc à renforcer nos connaissances », a réagi Roch Marc Christion Kaboré. Les FAN doivent ainsi s’adapter aux nouvelles missions pour la paix et la sécurité humaine, conformément à l’option de professionnalisation et à la politique de défense du Burkina Faso. Cette orientation nécessite « des savoir-faire particuliers et un état d’esprit bien souvent différent de celui du combat classique ». Roch Marc Christian Kaboré a aussi rappelé que les questions sont adressés au gouvernement qui peut désigner le ministre de son choix pour venir répondre, l’essentiel étant les réponses et non la présence du président du Faso, ministre de la Défense ou du Premier ministre.

Après ces chaudes discussions, le député Bindi Ouoba du groupe parlementaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a interrogé le ministre de la Santé Adama Traoré, sur l’appel à candidature pour le recrutement du directeur général de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et consommables médicaux (CAMEG) et le statut actuel de la centrale. En effet, le président du conseil d’administration de la centrale a lancé un appel à candidature pour le recrutement du directeur général paru dans la presse le 15 décembre 2010. Cependant, le conseil d’administration a décidé le 22 décembre 2010 de la suspension dudit appel à candidature. Le ministre Traoré a indiqué qu’une procédure judiciaire est en cours, l’appel à candidature est toujours d’actualité et la CAMEG « ne saurait se soustraire aux impératifs de la bonne gouvernance ». Créée sous forme de projet en 1992, la centrale a évolué à un statut d’association. Des textes sont en préparation.

Les agréments dans les BTP

Par ailleurs, le ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Jean Bertin Ouédraogo a été interpellé par les députés Bertin Ouiya et Bindi Ouoba de la majorité, notamment sur la multiplicité des agréments dans le domaine du Bâtiment et des travaux publics (BTP). « Depuis un certain temps, les journaux publient des listes agréées par le ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique pour l’exécution ou la surveillance des travaux d’assainissement. Cet agrément vient s’ajouter à celui du ministère de l’Habitat pour exercer dans le bâtiment et à celui du ministère des Infrastructures pour exercer dans le domaine des routes et des ouvrages d’art. Pour la promotion des petites et moyennes entreprises, ne serait-t-il pas judicieux de penser à un agrément unique permettant aux PME d’exercer dans le BTP ?

La multiplication des agréments techniques ne risque-t-elle pas de contrarier la politique d’amélioration du climat des affaires, entreprise avec succès par le gouvernement », s’est demandé le député Ouiya. Le ministre Jean Bertin Ouédraogo a souligné que les nouvelles mesures visent la spécificité des entreprises, l’efficacité et le bon résultat, en somme, l’excellence dans chaque secteur du BTP, en tenant compte des tâches à exécuter. De plus, la multiplicité des agréments ne contrarie pas le climat des affaires, en témoigne la présence d’entreprises burkinabè sur des chantiers dans des pays de la sous-région. Néanmoins, le gouvernement reste ouvert à des propositions pour accélérer la délivrance voire la réduction du nombre d’agréments sans perdre de vue la qualité dans l’exécution des chantiers.

Bachirou NANA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 mai 2011 à 05:11 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Pourquoi c’est le President de l’ Assemblee qui justifie le fait que le gouvernement est libre de deleguer qui il veut pour venir repondre a l’assemblee Nationale. Je croyais que le Ministre Bougmou est enseignant, donc pas trop timide et surtout meme tres intelligent pour repondre a cette question. Ca me gene de voir notre President du pouvoir Legislatif de se croire obliger de defendre l’ Executif. Le remake de l’ Association Nationale des cotoncultures qui defend l’ idee selon laquelle 500f /kg coton n’est pas realiste. Quand c’est comme ca, ca ne credibiloise pas notre porcessus democratique qui se dit bati sur la separation des pouvoirs. Liberez- vous, Deputes du peuple. Sinon on ne vous croira plus.
    Chapeau pour le Ministre Bougma qui a des reponses tres consistantes meme si on sait que la France "yankee", pardi, kaki, est deja dans nos murs par le Cheval de Troie denomme Lutte anti- terroriste.

  • Le 30 mai 2011 à 09:11, par Yamwaya En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Merci aux députés pour avoir posé la question sur cette présence de militaires français sur notre territoire national. Cette question traduit l’inquiétude de bon nombre de Burkinabé. Merci aussi au ministre Bougouma pour avoir tenté de donner une explication. Il s’agit d’explications politiques mais qui sait ? Récemment, lors de son investiture, le président ivoirien OUATTARA a évoqué la raison du terrorisme pour justifier l’éventuelle présence de l’armée française en Afrique de l’Ouest. De grâce, évitez-nous une seconde colonisation qui sera lourde de conséquences. Nous voyons la merde que l’armée française fait au Gabon, Centrafrique, Tchad, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, etc. Ne trahissez pas la bonne vision du père de la nation qui a été bien inspiré en demandant à l’armée de De Gaulle de plier bagages. Au président COMPAORE qui serait tenté de s’entourer de gardes français pour être à l’abri, j’appelle à la raison : 30 ans au pouvoir, ça suffit. Non à l’armée française au Burkina Faso ! Non à la recolonisation du Burkina Faso

    • Le 3 juin 2011 à 21:56 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

      Cher Monsieur, je suis français et je partage exactement votre avis : que chacun reste chez soi et les vaches seront bien gardées.

      Je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir (nous avons des élections l’an prochain) pour que les soldats français ne viennent pas vous importuner par leur présence d’un régiment au Burkina et en Afrique en général.

      Dans le même esprit, pourriez-vous faire en sorte d’empêcher la venue en France des ressortissants africains ? C’est que ici, voyez vous, il y en a déjà des milliers de régiments et vous n’avez pas idée de la m.... qu’ils font, pour reprendre votre judicieuse expression, qui s’applique parfaitement à nos deux situations. Même si, vous en conviendrez, la mienne est infiniment plus grave que la vôtre.

      Cordialement et bien d’accord.
      FS

  • Le 30 mai 2011 à 11:28 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    j’ai une petite suggestion a faire si je peux me permettre... faites revenir les retraites de la police certains ont une reputation incontestable je m’abstient de citer leurs noms, afin qu’il puisse enseigner les vrais valeurs du metier aux hommes de tenues actuels et futurs... J’en connais un a son epoque, quand il allait captuerer un suspect il le faisait par respect et discretioon il n’humiliait jamais les voleurs ni... fin de citation. certain retraite ont des diplomes de lEtat d’Istrael ils sont une tres grande connaissance de cette profession tres delicate ou les risques sont imminnents. et ils ont mene a bien leur metier.... un enseignement de leur part sera bien.

    • Le 30 mai 2011 à 20:27 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

      je pense bien que ces diplomes d’etat israelien que vous mentionnez peuvent egalement etre decerné à ces hommes de tenues actuels ou futurs en les envoyant se former.
      de cette façon,il pourront enseigner ces vrais valeurs du metier au lieu d’aller chercher les retraités qui ne tiennent plus tous sur leurs pieds.c’est ce qu’on appelle couramment la relève.l’administration c’est faire et laisser faire.si y’a des carrences assez remarquables qans les rangs comme vous le decrier,c’est peut etre par manque de ces stages de perfectionnement à l’etranger.</

  • Le 30 mai 2011 à 15:05 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Ici, c’est "population ALLOGENE" et non "Halogène" qui est utilisé en chimie. Prière faire attention

  • Le 30 mai 2011 à 17:16, par marco En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Les gens sont terribles, ils voient des problèmes partout, s’il ya des soldats français au BF, ça fait quoi ? ils dérangent qui ? Nous on s’en fout. Le vrai problème, que le PM fasse 25% de plus sur nos salaires et que le PF laisse tomber l’article 37.
    Au lieu de poser les problèmes réels des populations, nos députés nous distraient avec l’histoire de soldats français. même s’ils veulement, ils n’ont qu’à envoyer soldats mauritaniens, canadiens, ukrainiens, coréens et même anglais.
    On veut une augmentation c’est tout, c’est ça le problème

  • Le 30 mai 2011 à 18:32 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Toi ton augmentation depasse l’honneur, la dignité, l’indépendance du pays ? Excuses moi j’oubliais que c’est la période des revendications on peut tout se permettre. Moi je revendique la cotation du pays en bourse, ça va permettre qu’on puisse repondre aux multiples revendications.

  • Le 31 mai 2011 à 01:02 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Les militaires francais sont au Faso contre AQMI. Ils sont basés à Kamboince, Markoye avec un fort soutien logistique à l’aeroport. Ils sont logés à l’hotel LAICO pour ceux residant à Ouaga. Les explications du ministre ne tiennent pas la route. ET SI VOUS NOUS DISIEZ TOUT, MONSIEUR LE MINISTRE ? Il n y a plus rien que vous pouvez cacher.

    • Le 31 mai 2011 à 16:01, par le "lotus" En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

      la France dispose en ce moment plusieurs commandos d’élite au Faso (lefigaro) ils opèrent avec d’autres basés au Niger et au Mali, pour ces 2 pays la France dispose d’hélicoptères d’attaques,du Burkina ils sont convoyés dans des hercules au Mali ou au Niger c’est selon la zone d’intervention !
      à Kossyam, la France à toujours disposée de forces ou de conseillers militaires dans les présidences africaines, l’ambassadeur actuel de la france est un général qui était en poste en Côte d’Ivoire ds le cadre de l’opération Licorne ! Mr le ministre, les TIC nous cachent rien et je suis à mesure de donner le nom de l’unité, sn équipement, ses missions,...!!! peace in Burkina Faso & Africa

  • Le 1er juin 2011 à 00:37 En réponse à : Le ministre Jérôme Bougouma à l’Assemblée nationale : « Il n’y a pas de base militaire française au Burkina Faso »

    Mais je reve ou quoi ? Marco, tu ne penses qu’à ton ventre. Quand tu vas finir de manger, tu te retrouvera en e.....
    Si les gens sont inquiets de cette présence militaire c’est parce que cela peut être la base de la destruction de notre pays si on se laisse faire.
    Pourquoi croyez-vous qu’on est en train d’éliminer les grandes figures politiques africains ?
    Réfléchissons un peu comme le blanc nous l’a soit disant appris.

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