Non ; elles y allaient expliquer que la concorde nationale et la paix sociale étaient violemment rompues de par un soulèvement quasi général de la jeunesse civile et militaire du Burkina Faso. Pour le retour de la paix, des prières et incantations furent sollicitées, programmées et rapidement exécutées, sans nul doute avec sincérité et ferveur : les sacrificateurs chrétiens, musulmans et animistes s’appliquèrent devant leurs autels respectifs.

Les populations, elles, observaient tout cela avec circonspection ; et pour cause. Elles avaient conscience que le Christ, Allah et les mânes de nos ancêtres ne font pas des miracles à tous les coins de rue, en tout cas pas de cette nature et de cette manière. Cela se vérifia par l’aggravation de la crise pendant deux mois supplémentaires.

Par contre lorsque Luc Adolphe Tiao ... Premier ministre, courageusement, rendit visibles les promesses du Président du Faso, il améliora le crédit de l’Etat. La tension sociale commença à baisser au fur et à mesure que les satisfactions du peuple deviennent réalités. Il est manifeste que ce courant pacificateur peut s’estomper à tout moment pour peu que naisse la velléité de biaiser, de traîner ou de tronquer les attentes des populations.

Cet aspect de nos propos sera traité plus tard en détails car des craintes sont déjà perceptibles. Pour aujourd’hui retenons simplement que la paix est une richesse que secrète le cœur des hommes et qui se matérialise par les actes des hommes. Bien sûr pour nous autres croyants, c’est Dieu qui bénit le cœur de l’Homme et l’oriente vers le bien, vers la paix. Mais que dire quand malgré cela le cœur des hommes conduit à la violence, à la destruction de la paix ?

Evidemment Dieu ne pénétrera pas le cœur de l’Homme par effraction. L’homme doit préalablement ouvrir son cœur à Dieu, à la paix. Il n’y a rien à faire, les hommes ne pourront pas se décharger sur le bon Dieu, même au prix de moult prières et incantations sublimes. Les injustices cumulées de près de trois décennies ne peuvent pas faire place à la paix et à la réconciliation par la seule force des prières sans passer par la justice et la réparation.

Luc Adolphe Tiao a ouvert son cœur et cela s’est traduit par des actes clairs en direction de la jeunesse militaire et civile ainsi qu’en direction de la population ; le dégel alors s’installe timidement et la paix pointera peut-être à l’horizon. C’est sans doute trop tôt de rêver mais c’est toujours bon d’espérer ; mais il faut s’attaquer à tous les problèmes, le vrais, et vite.

Auparavant nous nous devons d’emboîter ensemble le pas de Tiao en ayant à l’esprit que le temps ne joue pas pour lui, pour nous et encore moins pour la paix ; seules la transparence et la célérité pourront nous éloigner des désillusions. Cela est tout aussi valable pour les Prieurs du Pays. Un couac entre ces derniers et le Tsumani devient imparable. On y reviendra.

Tigdi Major

L’Observateur Paalga