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GOUVERNANCE POLITIQUE : Réfléchir sur la problématique du civisme des jeunes

Publié le jeudi 26 mai 2011 à 04h28min

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Pour l’auteur de l’analyse ci-dessous, les récents événements qui ont secoué le Burkina Faso posent à suffisance la problématique du civisme des jeunes.
Le contexte sociopolitique que notre pays a récemment connu nous emmène à réfléchir sur la problématique du civisme en général et du civisme en milieu jeune en particulier. Et sous réserve d’investigations empiriques très approfondies, nous allons ici esquisser quelques hypothèses.

La problématique du civisme en milieu jeune

Il existe plusieurs foyers de socialisation à savoir la famille, l’école, les groupes de fréquentation, les activités des médias, etc. Mais l’école est de loin le principal du fait que les jeunes y passent une bonne partie de leur temps et également parce qu’elle engendre des groupes de fréquentation qui peuvent durer, mécanismes facilités de nos jours par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il y a donc lieu de s’intéresser à la part que l’école fait de la formation civique et morale des jeunes. On peut déjà relever qu’il n’existe pas de programmes formels de formation sur le civisme en milieu scolaire, disparus depuis longtemps des programmes d’enseignement du primaire et du secondaire. De nos jours, dans le milieu scolaire, cette formation est assez informelle, ressortant soit indirectement de certains enseignements, soit résultant surtout de l’œuvre des individus eux-mêmes ou d’initiatives des organisations de la société civile. L’existence de véritables cours d’enseignement civique se constate seulement dans certains centres de formation ou à l’occasion de séminaires organisés par des structures. Mais ils ne touchent qu’une petite partie des jeunes et surtout ne s’inscrivent pas dans la durée.

De là, on semble se rapprocher de la thèse d’une corrélation entre la faiblesse de ces enseignements et la recrudescence de l’incivisme. En effet, les jeunes recrutés de tous les corps ont maintenant presque tous un cursus scolaire plus ou moins étoffé, et partagent le point commun d’être la génération qui n’a pas bénéficié d’enseignements formels sur le civisme et la morale au primaire, collège et lycée. Même si cette hypothèse peut être formulée, il conviendrait toutefois d’élargir la réflexion sur les causes de l’incivisme. Une autre hypothèse qui peut être avancée résiderait dans les difficultés socio-économiques que vivent les jeunes, dans ce contexte de vie chère greffé à d’autres problèmes anciens qui les frappent, à savoir les difficultés d’emploi et la dévalorisation des diplômes scolaires.

Enfin, une troisième hypothèse serait que la société elle-même ne donne pas toujours le meilleur exemple en matière de civisme. Notre société reste encore très marquée par le patrimonialisme qui s’accompagne parfois d’une mise en veille des principes éthiques et civiques dans les procédés d’accumulation. Les jeunes baignent dans cette société. A cela s’ajoute le manque de repères solides pour ces jeunes aussi bien dans le domaine social que politique. En effet, de nombreux leaders d’opinion et leaders politiques se sont énormément discrédités aux yeux des jeunes, sans compter les difficultés d’éducation des enfants et jeunes dans nos familles. La société se doit donc d’assumer les conséquences des valeurs qu’elle diffuse et revisiter le cas échéant les canaux de socialisation en vue d’y injecter une bonne dose de leçons de civisme aussi bien théoriques que pratiques.

Le civisme en milieu jeune, propositions

De toute évidence, un énorme travail de réforme de l’enseignement est nécessaire d’abord et surtout pour adapter la formation à l’emploi – question sans doute prise au sérieux par les acteurs politiques – mais aussi pour y introduire des cours théoriques et pratiques de civisme. Le sentiment d’être utile à sa communauté est très partagé chez les jeunes qui ont en plus la fougue de leur jeune âge. Les laisser en marge de la gestion de la cité, c’est courir des risques. Les actuels leaders politiques étaient-ils invertébrés dans les années 80 ? Il est possible d’associer les jeunes à de petites activités qui ne touchent pas au cœur du pouvoir politique tout en évitant cette marginalisation de la couche la plus importante de la société. Ceci est impérieux et relève véritablement de la responsabilité des autorités politiques. S’agissant des initiatives pour le renforcement du civisme en milieu jeune, un simple particulier pourrait proposer d’engager des réflexions sur la possibilité d’améliorer certaines activités déjà existantes.

Il en est ainsi des campagnes de reboisement qui peuvent être institutionnalisées dans les établissements d’enseignement et s’étaler durant la période scolaire. On pourrait également envisager d’associer les jeunes, scolarisés ou non, à ces campagnes de civisme dans le domaine de la circulation routière pendant leur temps perdu, les périodes de vacances par exemple, ou réactualiser avec plus de vivacité pendant ces temps, des campagnes d’entretien de biens communs tels les espaces publics (petites rues de quartiers, cours des bâtiments publics, etc.). Ces petites activités peut-être pourraient modifier à terme le rapport des jeunes à la chose publique.

Cheik Daniel KERE Directeur de l’Observatoire des Jeunes d’Afrique (Association.oja@gmail.com)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 mai 2011 à 09:46 En réponse à : GOUVERNANCE POLITIQUE : Réfléchir sur la problématique du civisme des jeunes

    Que bla-bla,Sankara avait donné le sens du civisme ,actuellement nous l’avez détruit an formant menteurs,escros.Le civisme doit commencer au sommet !

  • Le 26 mai 2011 à 10:08, par Le pragmatiste En réponse à : GOUVERNANCE POLITIQUE : Réfléchir sur la problématique du civisme des jeunes

    mon ami soit pragmatique.La gouvernance politique c’est d’abord et d’abord l’œuvre des adultes.UN PERE IRRESPONSABLE ne saurait donner de bonne éducation à ses enfants.comment des gouvernants incivistes peuvent parler de CIVISME. soyons pragmatiques !

  • Le 26 mai 2011 à 12:44, par Mark En réponse à : GOUVERNANCE POLITIQUE : Réfléchir sur la problématique du civisme des jeunes

    Mon cher, de quoi parles tu ? Si tu n’as pas encore compris ce sont les jeunes qui nous montrent la voie. Ils sont à encourager.

    Ils sont honnête , non calculateurs comme leurs parents irresponsables, carrents , incompétents et voleurs qui au nom d’une paix mensongère leur disent de rester calme.Rester calme pour attendre quoi ? Pauvres jeunes, no futur !!!

    Que font les adultes pour une école publique de qualité et accessible à tous ? parmi les gouvernants d’aujourd’hui, qui ont privatisé l’école Burkina et détruit l’école publique, que ceux dont les parents ont payé des écoles privées pour eux lèvent le doigt,personne. Eux tous ont fréquenté aux frais de l’État et à leur tour, ils envoient les enfants des autres à l’abattoir tandis que leur enfants sont à l’étranger.Alors, arrêter votre littérature !
    Monsieur l’administrateur laissez passer mon post svp.

  • Le 26 mai 2011 à 15:44, par le bon citoyen En réponse à : GOUVERNANCE POLITIQUE : Réfléchir sur la problématique du civisme des jeunes

    Bonjour à tous

    Le problème du civisme des jeunes n’est pas dégradé aussi que vous le pensiez.

    Elle reflète avant tout la perte de civisme au niveau des adultes. Quand vous-même vous faites des choses pas permises (corruption, détournement, ignorance du code de la route etc. …), qu’est ce que vous voulez que les enfants apprennent ?

    Aujourd’hui on a instauré la culture du matériel en lieu et place du moral. Prenez l’exemple des parrainages aujourd’hui. On choisi les riches ou des époux et épouses, des petits frères et même fils des hommes politiques comme parrain à toutes les cérémonies des jeunes. Ce qui veut dire que c’est ce qu’on montre aujourd’hui comme réussite dans ce pays.
    Alors qu’on devait prendre des gens qui ont rendu servi à la nation. Prenons l’exemple du Panthéon français où sont enterré les grands hommes français, il n’y pas de richard là bas. Ce n’est même pas tous les chefs d’état qui y sont enterré ?

    On a instauré les tenues scolaires mais il existe des facteurs aujourd’hui tels que les motos et les cellulaires que les enfants ont aujourd’hui pour faire la différence à l’école. Et que dire des enfants qui amènent des millions dans les maquis ?

    Nous sommes à l’origine du manque de civisme de nos enfants et il ne sert à rien d’instaurer les plages de civisme dans nos programmes scolaires quand nous même nous démontrons le contraire.

    A notre comportement vient s’ajouter la mondialisation. Les moyens de communication (télévision satellitaire, internet, DVD etc. …) ont fait du monde un village planétaire. Donc en plus de ce que nous leur éduquons, les jeunes reçoivent les informations venues d’ailleurs qui influencent beaucoup leur vision. La révolution arabe est là pour nous témoigner.

    Enfin il y a la misère et le désespoir lié à notre gouvernance. Nous vivons dans une misère révoltante par rapport au niveau de vie de nos dirigeants. Qui pour leur quiétude sont prêts à fermer les écoles pendant que leurs enfants sont en Europe. Ce qui frustrent la jeunesse, car cela donne l’impression qu’on les brime au profit des enfants des tenants du pouvoir. Et au vu des projets de révision constitutionnelle en vue, cette jeunesse sait que la situation va perdurer et ne voyant pas la fin venir, elle n’a que la violence pour argument. Et comme l’a dit la jeunesse espagnole : « Quand vous nous ôter notre rêve, nous deviendrons vos cauchemars »
    Alors comme nous sommes en train d’enlever le rêve à ses jeunes, ne soyez pas surpris qu’ils deviennent nos cauchemars

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