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Investiture de Alassane Dramane Ouattara : Ce que les Ivoiriens et le monde n’ont pas vu

Publié le lundi 23 mai 2011 à 02h41min

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La cérémonie d’investiture de Alassane Dramane Ouattara samedi 21 mai dernier à Yamoussoukro, capitale de la Côte d’Ivoire, constitue à maints égards une première dans l’histoire politique de ce pays. D’abord, de part sa dimension marquée par un parterre de chefs d’Etat africains et de personnalités du monde dont le Président français Nicolas Sarkozy, Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping. Ensuite le site choisi, sur les rives du lac aux caïmans, précisément dans les locaux de la Fondation Félix-Houphouët-Boigny pour la paix. Yamoussoukro, village natal du père de la nation, revêt plusieurs significations en ce sens que le Président Houphouët, est le modèle, voire le père spirituel de Ouattara.

Aussi, c’est en ce lieu que le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) l’a investi pour défendre ses couleurs aux élections d’où il est sorti vainqueur. Il y a surtout le contexte de la sortie de la grave crise postélectorale marqué par une guerre ayant fait près de 3 000 morts.

Enfin, les Ivoiriens renouent avec l’organisation de grandes rencontres internationales dont leur pays était sevré depuis plus d’une dizaine d’années de crise politique.

C’est la première fois, depuis l’indépendance du pays en 1960, que l’entrée en fonction d’un président élu a suscité tant d’intérêt et un accompagnement de citoyens et de personnalités venus d’horizons divers.

Malheureusement, une fois encore comme en octobre 2000 quand Laurent Gbagbo prenait, dans des conditions « calamiteuses », les rênes du pouvoir au général Robert Guéi, les Ivoiriens et leurs amis du monde n’ont pas eu le plaisir de voir le cérémonial de passation de témoin entre présidents sortant et entrant.

Quel gâchis pour le couronnement d’un processus électoral qui a été qualifié de « pacifique sans atteinte aux droits de l’homme » par la communauté internationale ! De ce fait, Laurent Gbagbo, pour s’être « mis hors-jeu » avant la fin du processus ayant consacré définitivement ce 21 mai Alassane Dramane Ouattara dans ses fonctions n’était pas physiquement présent à cette cérémonie.

Dans son entêtement à conserver le pouvoir, Gbagbo, qui avait clamé haut et fort pendant la compétition électorale : « il n’y a rien en face, sinon que du maïs facile à écraser » a été mis K.O. En conséquence, son nom n’a pas été écrit en lettres d’or sur cette nouvelle page de l’histoire de la Côte d’Ivoire. En dehors des commentaires des journalistes de la télévision ivoirienne lors de la retransmission en direct de l’événement, aucun discours officiel n’a fait mention du Président Laurent Gbagbo, sorti « par la petite porte ».

A l’analyse, il apparaîtra aux yeux des générations futures, comme le contraire de Henri Konan Bédié, deuxième président du pays que le maire de Yamoussoukro a présenté comme « une référence politique dans l’histoire de la Côte d’Ivoire de par sa sagesse ».

Alassane Ouattara a lui-même eu les mots qui siéent pour remercier son ainé Bédié dont « l’appui a permis de ramener la paix et de sauver la démocratie en Côte d’Ivoire ».

Dommage pour un Laurent Koudou Gbagbo qui s’est pourtant battu corps et âme durant les années 80 et 90 pour l’avènement de la démocratie en Eburnie.

Actuellement assigné en résidence à Korhogo à des centaines de Km de Yamoussoukro, il a peut-être dû suivre à la télé les images de cette importante cérémonie.

Triste sort pour un couple présidentiel assigné en résidence dont l’épouse Simone a sans doute vécu cet événement de la même manière que le mari, à partir d’un réduit de la ville d’Odienné. Pourtant, Laurent Gbagbo aurait été une des vedettes de cette cérémonie s’il avait eu la hauteur d’esprit de s’incliner devant la vérité des urnes en reconnaissant la victoire de son frère Ouattara. On comprend alors aisément pourquoi le rassemblement est le maître-mot du discours d’investiture de Alassane Dramane Ouattara. Rassembler ses frères ivoiriens pour la paix et la réconciliation constitue pour lui, une exigence pour mettre son pays sur la voie du développement.

Aussi, faudra-t-il saluer l’acte de la délégation des chefs coutumiers, qui par un signe prémonitoire, ont tenu à bénir la cérémonie d’investiture afin que plus jamais une telle crise ne survienne en Côte d’Ivoire.

Les Ivoiriens retiendront pendant longtemps que la démocratie a été célébrée ce 21 mai dans leur pays en l’absence de Laurent Gbagbo, mis-hors jeu à cause des ses allures guerrières qui traduisent fortement ses turpitudes d’assoiffé de pouvoir.

Bilélé BENIN

Sidwaya

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