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Autant le dire… : Solenzo, je suis vraiment écœuré

Publié le vendredi 20 mai 2011 à 05h41min

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Ce qui s’est passé et se passe à Solenzo depuis ce mardi 17 mai n’a surpris personne. A commencer par les autorités au plus haut niveau ou non. Car en réalité, nous par exemple à L’Express du Faso, nous avons abondamment écrit sur cette question. Nous avons prévenu, sensibilisé et souvent appelé à l’intervention. Parce qu’au fur et à mesure que les jours passaient, la situation devenait très préoccupante. Malheureusement, son évolution actuelle nous montre que nous n’avons pas été écoutés. Soit. Au moins, nous pensons qu’il y a des services de renseignements dans ce pays. Et que ces derniers ont joué leur rôle.

Si cela n’a pas été fait, il faut nécessairement situer les responsabilités. S’ils l’ont fait et que quelque part, dans la chaîne de transmission, il y a eu dysfonctionnement, il faut également situer les responsabilités et prendre les mesures qui s’imposent. Car à l’analyse, on a l’impression que dans le cas de Solenzo, on a laissé faire, ou du moins qu’il y a eu beaucoup de négligence. Pour quelle raison exactement, peut-on s’interroger ? Pourtant la tension était visible et tout le monde savait et devrait se dire qu’un jour ou l’autre, elle allait exploser. Et voilà que nous y sommes. Si les circonstances dans lesquelles ses affrontements sont arrivés sont réelles, il faut également prendre les mesures qui s’imposent.

Dans quelles circonstances le policier par qui cette bombe latente Solenzo est partie s’est-il retrouvé dans le cortège des masques alors que, semble-t-il, un communiqué radiodiffusé avait prévenu tout le monde du rituel des masques ? Si dans le cadre de cette cérémonie rituelle de masques il y a eu non-respect strict des coutumes, il faut également prendre des mesures car ces manifestations ne peuvent et ne doivent plus être organisées comme cela se passait il y a une dizaine d’années. Ces localités ont évolué, elles ne sont plus des bourgades mais des villes où vivent des personnes qui n’ont rien à voir avec une cérémonie de masques. Il faut désormais en tenir compte. Et cela est valable pour bien d’autres villes du pays. Même à Bobo-Dioulasso par exemple où des masques continuent de frapper des populations étrangères à ces cérémonies-là.

Aujourd’hui, le bilan provisoire est bien macabre. Hier en début d’après-midi, en plus des deux morts et de la vingtaine de blessés que nous annoncions, un troisième mort est venu grossir le nombre des décès liés à ces affrontements entre autochtones bwaba et populations allogènes majoritairement mossi. Les dégâts matériels sont énormes. Les habitants de cette commune, qui n’ont jamais connu de couvre-feu le vivent depuis mercredi soir. Ils vivent désormais la peur au ventre. Tant dans la journée que dans la nuit ; en ce début de saison hivernale majoritairement paysans, ils ont besoin d’aller dans leurs champs, leurs plantations. La ville ressemble à une ville morte car aucun commerce n’était encore ouvert au moment où nous bouclions.

Après une visite du gouverneur sur le terrain le mercredi 18, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité s’y est également rendu hier jeudi. Tous pour trouver une solution à une crise qu’on aurait pu gérer bien avant. Car, une fois de plus, tout le monde savait qu’un jour ou l’autre, la situation à Solenzo allait exploser. Pourquoi donc avons-nous laissé faire ? Il faudrait qu’une fois de plus, chacun prenne ses responsabilités à sa place.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 20 mai 2011 à 09:25, par Vérité En réponse à : Autant le dire… : Solenzo, je suis vraiment écœuré

    Il n’ya pas lieu d’être ecoeuré car il faut simplement faire la part des choses et interdire ces rituels en ville. Il faut que les autorités prennent leur responsabilité car ces histoires de masques commencent à semer la zizanie même à Bobo-Dioulasso qui habrite non seulement des Bobos mais aussi d’autres ethnies et nationalités.Je me vois mal être frappé par un masque ou être pourchassé. On est où là ? Il faut qu’on apprenne à abandonner certaines coutumes ou à les moderniser en fonction de l’évolution car dirait-on, on n’est plus à l’ancien temps.

  • Le 20 mai 2011 à 09:45, par bbr En réponse à : Autant le dire… : Solenzo, je suis vraiment écœuré

    mon ami KANI, je suis désolé pour ce qui est arrivé à Solenzo, mais tu aurais du retracer en quelques lignes tes inquiétudes pour raffraichir les mémoires
    salut

  • Le 20 mai 2011 à 10:06, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Autant le dire… : Solenzo, je suis vraiment écœuré

    KANI, merci de cette intervention !

    - C’est exacetment ce que j’écrivais hier dans le forum de LE PAYS, et il s’est trouvé un fameux RESSORTISSANT DE SOLENZO qui s’en est pris à moi.

    Il s’est dit connaisseur et entretient soit-disant une trentaine d’élèves et patati-patata. Tout celà sans apporter la moindre proposition au problème de son Solenzo alors que moi j’ai proposé de revoir la pratique des coutumes dans ce contexte nouveau.

    - La réalité, c’est qu’aujourd’hui, qu’on le veuille ou pas, les bwaba, mais aussi les autres ne peuvent plus pratiquer leurs coutumes comme avant les indépendances !

    - Il faut l’admettre aussi : un village sans étrangers est un mauvais village !

    - Quand au Gouverneur de la Région (M. TRAORÉ), moi je le félicite grandement. Depuis très longtemps il gère ce problème. A cause de lui les choses étaient jusque-là calmes.

    Mais disons-le tout net ; il n’a pas eu les coudées franches du niveau supérieur pour venir à bout de cette crise. La hiérarchie l’a laissé seul devant ce problème.

    Maintenant que les gens en sont venus aux mains, voilà que le ministre se pointe là-bas ! Trop tard, le médecin après la mort.

    En plus, les fils de la région, soit-disant ’’Grands’’, quand ils viennent, ne s’intéressent pas au problème, se contentant de se pavaner, de boire la bière à longeur de journée et de repartir.

    Ils ne viennent même pas dire un bonjour de courtoisie au Gouverneur et à aucune autre autorité dans la région pour savoir l’état des lieux et voir à quel niveau ils peuvent contribuer.

    A la limite, ils passent le temps à se vanter, à livrer les secrets des réunions de clans à Ouaga, à faire de fausses promesses à leurs parents.

    D’autres alimentent même les querelles pour se faire valoir.

    Cherchez bien dans ce problème de Solenzo et vous verrez qu’il y a de ces gens-là qui ont alimenté cette bagarre !

    - Malheureusement, les burkinabè n’ont plus leurs yeux que pour pleurer ! On n’a plus de bon journaliste d’investigation depuis la mort de Norbert ZONGO. Celui qui émergeait est Barry de LÉVÈNEMENT. Mais on dirait qu’on la sérieusement apeuré lui aussi !

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 21 mai 2011 à 05:53, par kayla En réponse à : Autant le dire… : Solenzo, je suis vraiment écœuré

    Koro yamyélé...j’aimerais savoir qui vous etes....you are something ....unbelievable all the time !

  • Le 26 mai 2011 à 22:59, par Silla En réponse à : Autant le dire… : Solenzo, je suis vraiment écœuré

    Je pense que le Burkina n’a pas besoin de ça. Au Burkina les politiciens nourrissent la division ethnique pour des intérêts personnels ; ces politiciens on doit les démasquer. La cohabitation aussi a ses règles ; les autochtones sont de fois frustrés quand ceux qui se sont installés dans les localités ne respectent pas leurs traditions ; le respect des traditions d’autrui est un facteur d’intégration.Toutes les ethnies ont leurs traditions ; et des petites localités comme solenzo il faut pas s’attendre à ce que les populations changent vites leurs pratiques traditionnelles ; cela viendra avec le temps.
    Voyez dans les différentes localités ; même les associations sont homogènes ; quand ce sont les autochtones, ces des autochtones ; quand c’est allogènes c’est les allogènes.
    Donc attention ! Le spectre de la guerre.

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