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INVESTITURE DE ADO : Jour de gloire et d’espérance pour la Côte d’Ivoire

Publié le vendredi 20 mai 2011 à 05h40min

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Demain samedi, Alassane Dramane Ouattara (ADO), élu en novembre dernier, sera officiellement investi dans sa fonction de président de la République de Côte d’Ivoire. Que de sacrifices aura-t-il fallu consentir pour en arriver là ! Nul n’ignore les problèmes de nationalité et les harcèlements dont ont été victimes de nombreux citoyens de ce pays. ADO, lui-même, originaire du Nord ivoirien, a dû subir jusqu’à l’exhumation du corps de sa propre mère. On ne saurait passer sous silence les calculs d’intérêts, les abus de toutes sortes, les conciliabules et autres rencontres au sommet sans fins, les accords et les désaccords qui ont marqué l’histoire récente de ce pays.

Finalement, les solutions consensuelles, arrachées de haute lutte, auront abouti après maintes misères, à l’organisation d’un scrutin présidentiel. Mais, bien que fort éloquents, les résultats ont vite été contestés par l’ex-président Laurent Gbagbo et ses partisans. Il aura fallu déployer des trésors d’énergie pour venir à bout de tous les récalcitrants, et entreprendre par la suite les démarches devant conduire à terme à la justice, à la réconciliation et à la reconstruction du pays. La cérémonie d’investiture d’ADO constitue donc pour les Houphouëtistes une victoire rayonnante en raison même de la présence de nombreuses personnalités étrangères. Parmi les convives, figure le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, dont l’organisation s’est fortement impliquée dans l’accompagnement du processus démocratique.

Le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, est également attendu ainsi que bien d’autres invités dont Blaise Compaoré du Burkina Faso, facilitateur dans la résolution de la crise ivoirienne. Plusieurs invités ont contribué à l’avènement de la Côte d’Ivoire nouvelle par l’armada de moyens investis au plan financier, matériel, humain et moral. Rarement on aura vu un tel défilé de têtes couronnées. Leur présence à la cérémonie constitue un sérieux atout pour ADO. Leur absence aurait surpris, et même fait l’événement. Car, celui pour lequel ils font le déplacement, le mérite amplement. Le fait que les Houphouëtistes célèbrent cet événement, là où repose le père de l’indépendance dont ils se réclament tous, est sans conteste une consécration pour ADO qui concrétise en même temps une promesse de campagne. A ce propos, il n’est pas exclu que l’on entende à nouveau ce refrain cher aux adversaires politiques d’ADO et ses compagnons : « Voici la preuve qu’ADO était bel et bien le candidat de l’étranger ».

Le camp de l’ex-président Gbagbo qui a tristement marqué les esprits pour avoir toujours nié les évidences, est bien capable de tenir de tels propos. En tout cas, l’opinion est aujourd’hui témoin des ravages de son entêtement. Mais qui donc, parmi les détracteurs d’ADO, n’aurait pas été heureux de rassembler autant de monde et d’appuis ? Combien d’entre eux n’auraient pas aimé réussir la mobilisation de tant d’expertises et de ressources financières venues de partout assister le pays ? Ceux qui arrivent confirment que les grands de ce monde sont prêts à se mobiliser pour ceux qui jouent franc-jeu avec les règles de la démocratie. Le monde entier vient non seulement pour saluer la victoire d’ADO mais aussi pour l’aider à reconstruire la Côte d’Ivoire. Ce soutien, ADO en a besoin après des années de sanglantes répressions et une guerre fratricide. C’est le signe avant-coureur d’une reconstruction réussie. En cela, on peut dire sans exagération aucune, que ADO est une chance pour la Côte d’Ivoire et l’Afrique de l’Ouest.

Cet homme a l’estime des principaux bailleurs de fonds. L’afflux de ces derniers est une marque de confiance envers le nouveau chef de l’Etat ivoirien et ses compagnons. Leur pays, la Côte d’Ivoire, semble bénéficier en ce moment d’un véritable Plan Marshall qui ne dit pas son nom. ADO en profitera sans doute pour donner un coup de fouet aux économies de la sous-région, et redonner espoir aux générations montantes. En effet, ce démocrate libéral qui pense constamment Côte d’Ivoire, a aussi le sens du partage. Dans ses premiers déplacements au Sénégal et au Burkina Faso, il a ouvertement exprimé sa préoccupation de voir la Côte d’Ivoire s’ouvrir aux autres, et surtout son désir de contribuer activement au développement intégré de la sous-région ouest-africaine. Ira-t-on jusqu’à ressusciter un jour Air Afrique et réhabiliter totalement la ligne ferroviaire de la Régie Abidjan-Niger (RAN) ? Tous les rêves sont permis. Mais il faudra pour cela, que les processus démocratiques en cours deviennent plus concrets dans l’ensemble des pays. Ces préalables dont on ne saurait se soustraire, préoccupent de nombreux bailleurs de fonds. En effet, ils sont de plus en plus nombreux à se montrer attentifs à tout ce qui a trait à la démocratie républicaine, à l’élargissement des libertés et au respect scrupuleux des droits humains.

Autrement dit, ADO pourrait bien profiter de son investiture pour faire passer le message de l’intégration sous-régionale auprès de ses invités. Mais il faudrait que les chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine l’aident en jouant le vrai jeu de la démocratie républicaine et de l’alternance sur fond de libertés. Pour l’heure, les défis à relever sont nombreux pour le nouvel arrivant. Pour d’aucuns, ils sont insurmontables. Sauf qu’ADO inspire beaucoup confiance. Tant aux citoyens ivoiriens, aux Africains, qu’aux Partenaires techniques et financiers (PTF). Pas de doute : quelque chose a changé. La Côte d’Ivoire bouge à nouveau. La preuve : les voyageurs, les marchandises et les capitaux ont recommencé à circuler. A nouveau, en Eburnie, on paye les salaires, et les populations qui ont repris confiance, vaquent tranquillement à leurs occupations. Au fur et à mesure que les forces républicaines s’installent et se réorganisent, l’insécurité tend à reculer dans une Côte d’Ivoire qui en a vu de toutes les couleurs.

L’investiture d’ADO n’a donc rien à voir avec celle de Gbagbo, ne serait-ce que du point de vue de la qualité et du nombre des invités. Certains se rendent pour la première fois à une investiture du genre sur le continent. Au plan de la mobilisation des personnalités, l’histoire du continent n’a enregistré qu’un exemple du genre : celui de Nelson Mandela. Mais les contextes et les circonstances ne sont pas comparables. Au-delà de la victoire d’ADO, Yamoussoukro célèbre donc la victoire de l’Afrique et de la démocratie. Comme une seconde renaissance, la Côte d’Ivoire, peu à peu, émerge de ses cendres. Le pays du café, du cacao, du bois et de l’hévéa, étale au grand jour ses pétales pleins de promesses. Et en ces jours de retrouvailles et de fêtes, l’investiture d’ADO, jour de gloire pour tous les Ivoiriens et les peuples de la sous-région, traduit bien l’espérance d’une aube nouvelle.

"Le Pays""

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