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SITUATION NATIONALE : "L’Etat de droit et la démocratie ont des exigences"

Publié le jeudi 19 mai 2011 à 00h47min

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Pour l’auteur de la réflexion ci-dessus, les différentes mesures annoncées par le gouvernement afin de contenir la fronde socio-militaire, ressemblent à de la séduction. Il propose comme solution que Blaise Compaoré "songe à céder le pouvoir au moment où il semble toujours avoir les rênes".

De mémoire, au Burkina Faso, les revendications dans la rue n’ont jamais mobilisé à la fois la société civile et les militaires. Jamais les militaires n’ont grogné de façon unanime et violente, défiant toutes les hiérarchies politiques, administratives et militaires jusqu’au président du Faso qui, perplexe devant la mutinerie d’une partie de sa propre sécurité, a choisi, de manière inédite, de déserter le palais en créant la vacance du pouvoir. Faute d’engagement d’une procédure légale, cette vacance de la Présidence du Faso n’a duré qu’une dizaine d’heures. Néanmoins, pour une question d’honneur, aucun des 5 présidents avant Blaise Compaoré, même Maurice Yaméogo le seul président civil du Burkina, n’a déserté sa résidence officielle sous les coups de feu.

Concitoyennes, concitoyens,

Nous vous rappelons, une fois de plus, que l’Etat de droit et la démocratie ont des exigences. Pour construire un Etat de droit véritablement démocratique, il faut tout d’abord une Constitution et des lois électorales adoptées par la majorité des citoyens et respectées par tous. Malheureusement, la Constitution et les lois électorales du Burkina ne sont pas respectées par celui-là même qui doit les faire respecter. Par quatre fois, en 1991, 1998, 2005 et 2010, le Président Blaise Compaoré "a juré devant le Peuple burkinabè et sur son honneur, de préserver, de respecter, de faire respecter, de défendre la Constitution et les lois, de mettre tout en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso".

Force est de constater que beaucoup de crimes de sang et de crimes économiques sont restés impunis jusqu’aujourd’hui. C’est l’impunité des crimes et délits du régime clanique de Blaise Compaoré qui est la cause principale du mécontentement général. Les mesures dilatoires ne peuvent plus rétablir la confiance entre la grande majorité des citoyens désabusés et cette minorité qui dirige. Si, en 24 ans de pouvoir sans partage le président Blaise Compaoré a été incapable de garantir la justice pour tous, ce n’est pas en 5 ans de plus qu’il pourra le faire avec un pouvoir durement éprouvé par les récentes mutineries. S’il n’y a pas eu de justice pour Thomas Sankara, Daniel Kéré, Bertoa Ky, Ibrahim Sakandé et ses compagnons, Boukari Lingani, Henri Zongo, Guillaume Sessouma, Dabo Boukari, Oumarou Clément, David Ouédraogo, Norbert Zongo et autres, l’on peut douter de la justice pour Justin Zongo et autres victimes de 2011.

Si le pouvoir d’achat de la majorité des Burkinabè n’a jamais été équilibré de façon durable avec les 5 Premiers ministres à savoir Issouf Ouédraogo, Rock Marc Kaboré, Kadré Désiré Ouédraogo, Paramanga Ernest Yonli et Tertius Zongo, à quel miracle peut-on s’attendre avec Luc Adolphe Tiao, le 6e Premier ministre qui, comme ses prédécesseurs, ne suivra que le « programme » du même mentor. Tous ceux qui pensent que la nomination d’un nouveau gouvernement, la suppression de la TDC, la baisse du prix de quelques produits de consommation et le départ de la police de l’université sont des signes d’affaiblissement du régime, l’apprendront à leurs dépens. (...)

Chers compatriotes,

Pour sa désertion du 14 avril 2011 (...) et pour son incapacité à garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso (ce qui est un parjure), nous avons suggéré au président Blaise Compaoré de songer avec humilité à céder le pouvoir au moment où il semble toujours avoir les rênes. (cf. Le Quotidien du 19 avril 2011 et Le Pays n°4850). Ne nous méprenons pas. Certes, Blaise Compaoré n’a plus de légitimité. Il a été humilié par sa propre sécurité, fragilisé par l’ampleur des mutineries mais, il est toujours au pouvoir et ne semble pas être prêt à le quitter. Il a d’ailleurs repris la main qu’il a failli perdre le 14 avril dernier. Avec des leaders politiques et des cadres universitaires, membres ou non de la société civile, qui ont collaboré et/ou qui sont prêts à collaborer par peur ou par gourmandise, Blaise Compaoré restera longtemps encore au pouvoir si les autres citoyens se contentent seulement de critiques vaines au lieu de s’organiser pour agir.

Le défunt Bougouraoua Ouédraogo a dit : « Vivre c’est agir, mais agir bien ». Nous avions dit en 2005 et nous restons toujours convaincus que face au manque de volonté réelle des politiques d’empêcher Blaise de briguer d’autres mandats, la décision politique appartenait à lui seul de s’abstenir (cf. "Le Pays" du 14 février 2005 et l’Observateur Paalga n° 6333). Nous avons dit en 2010 et nous sommes toujours convaincus que sans une organisation des forces d’opposition réelle, la modification de l’article 37 de la Constitution pour permettre à Blaise Compaoré d’être indéfiniment candidat sera une simple formalité (cf. notre appel du 18 février dans le Révolutionnaire n° 010). Seule une organisation forte et cohérente de la majorité des citoyens pour le changement pourra le dissuader à céder pacifiquement le pouvoir qu’il a pris par les armes, quitte à y revenir par les urnes lors d’une élection démocratique qui ne sera pas organisée par lui-même.

Les réformes que le RPN demande depuis 2008 (cf. l’Observateur Paalga n° 7123 et n°7160) et que le président lui-même souhaite depuis le 10 décembre 2009, peuvent servir à ouvrir une porte de sortie honorable pour lui dans une 5e République adaptée à nos réalités, car la 4e République ne répond pas aux aspirations de démocratie, de justice et de bien-être de la majorité des Burkinabè. Ouvriers et intellectuels, paysans et étudiants, commerçants et militaires, travailleurs et chômeurs, jeunes et vieux, hommes et femmes du Burkina Faso, le RPN vous exhorte à vaincre la peur pour exercer votre souveraineté qui est un droit constitutionnel.

« Vaincus, sont ceux qui n’espèrent pas vaincre. »

Intégrité – Paix – Progrès

Ouagadougou, le 10 mai 2011
Harouna DICKO président du RPN

Le Pays

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