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SITUATION NATIONALE : Le Burkina Faso en mal de Justice et d’équité sociale

Publié le mercredi 18 mai 2011 à 02h20min

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Ceci est une déclaration du Mouvement populaire des jeunes (MPJ) qui définit la place de chaque couche sociale et appelle à l’assainissement de l’administration publique. Aussi, il suggère, comme solution à la crise sociale que connaît le pays, une redistribution équitable des ressources et une mise en place de structures telles qu’un Secrétariat permanent des Fêtes nationales et des Centres d’expressions démocratiques...

Dans notre déclaration parue il y a 8 mois dans les Editions "Sidwaya", "Le Pays" et "Le Quotidien", nous avertissions que "La bonne marche d’une société suppose le consensus du plus grand nombre et dans l’ordre social, ce consensus est obtenu lorsque l’autorité s’appuie sur des valeurs implicites, qui, sans être des absolus peuvent néanmoins être considérées comme tels. Se sont ces valeurs qui coagulent le tissu social, qui lui donne son caractère organique". Cette exigence d’hier est toujours d’actualité. Elle l’est d’autant plus que la crise que traverse le Burkina Faso depuis février 2011 est non seulement profonde, mais aussi multidimensionnelle. C’est du reste, au regard de la nature de la crise qu’il nous faut mener de profondes réflexions afin de remettre le train sur les rails du développement.

Ceci étant, nous, Mouvement populaire des jeunes, demeurons plus que jamais convaincus que la résolution de la crise passe aussi par la définition de la place que doit occuper chaque acteur (jeune, femme, ancien) dans la société. Ensuite, elle passe par l’assainissement de l’administration publique y compris l’indépendance de la justice et la mise en place d’une véritable armée républicaine. Enfin, la résolution définitive passe aussi par une redistribution équitable des ressources économiques disponibles et une clarté dans le jeu politique. Toutefois, il convient pour nous, membres du MPJ dans le même ordre d’idées, de faire des propositions de mise en place de certaines structures.

De la définition de la place de chaque couche sociale

Les anciens devraient être un repère et une référence à tous les niveaux afin de jouer objectivement leur rôle de sages, de conseillers face à toute situation. Chacun doit reconnaître ses devoirs dans la société comme ceux d’un père de famille parce qu’il ne s’agit pas là d’une affaire de clan, de régime ou de parti politique. Tous les citoyens sont concernés. La femme de par sa nature joue un rôle social dans la société, qui est celui de l’équilibre de la famille et nul ne peut douter de cela. En plus, le quota genre institué par l’Etat renforce davantage les acquis. Mais il ne faudrait pas qu’elle en abuse. Elle doit plutôt minimiser le clientélisme au profit de sa dimension sociale. Enfin, le mal de notre société aujourd’hui, c’est de n’avoir pas accordé une importance à sa jeunesse ni l’impliqué dans les instances de prise de décisions.

Il faudrait donc rattraper cette erreur et nous proposons que dès les élections législatives et municipales à venir, qu’il y ait au moins un jeune comme deuxième titulaire ou premier suppléant sur une liste de province à 2 députés et un jeune parmi les deux adjoints au maire dans chaque commune. Ce qui permettra aux jeunes non seulement d’acquérir l’expérience des aînés, mais aussi de préparer la relève.

De l’assainissement de l’administration publique

D’abord, le dysfonctionnement de l’administration publique est parfois dû à des absences notoires de certains agents qui, souvent, préfèrent transporter leur bureau dans les maquis ou s’occuper de leurs propres affaires. D’autres s’absentent en raison du manque d’activités. A ce niveau, il faut instaurer des mesures rigoureuses de contrôle pour ces cas, redimensionner les postes créés et lever les gèles de budget au niveau du ministère de l’Economie et des finances, qui est l’une des causes des problèmes de l’heure. Il faudrait effectivement de la bonne gouvernance administrative. Ensuite, des faiblesses ont été constatées depuis un certain temps dans les recrutements des agents de l’Etat (la facilité ; la fraude, le clientélisme, le copinage) et c’est l’ensemble de ces faiblesses qui ont conduit aujourd’hui au népotisme. Malgré les efforts consentis ces derniers moments, il faudrait mettre l’accent sur l’enquête de moralité. Elle doit se faire avec toute la rigueur possible pour pallier toutes les éventualités. Quant à notre armée nationale, force est de constater qu’il y avait effectivement un blocage en matière de grades.

Les militaires les plus avantageux étaient ceux issus des grandes écoles militaires ou les acteurs de la révolution et du front populaire. Ce qui marquait un fossé entre les soldats et les officiers supérieurs. Du reste, seul 1% des soldats peut accéder au grade de sergent et 0,5% à celui d’adjudant. Pour ce faire, il faudrait des mesures immédiates pour permettre à chacun d’évoluer selon ses compétences. Enfin, il faut l’indépendance de la justice. Une justice au sens strict du terme ne saurait exister dans un pays aussi démocratique soit-il, si l’appareil judiciaire est aux mains du plus haut responsable du pays.

En ce sens, le MPJ estime que les acteurs de l’appareil judiciaire doivent choisir leur responsable. De plus, il sied que la nomination des responsables des plus hautes juridictions, de même que celle des responsables des juridictions inférieures du pays requièrent l’assentiment des acteurs de cet appareil. C’est dire que le chef de l’Etat, premier magistrat de notre pays, doit se désengager de ce poste et le laisser aux premiers acteurs du secteur. L’indépendance de la justice sera toujours un leurre si les choses restent en l’état. En plus, cela permettra une plus grande visibilité de ce corps si indispensable pour l’émergence de notre démocratie. Aussi, que l’arrière-garde de cette fonction qui est déjà prise dans l’étau de ce système ait le courage de laisser la place aux plus jeunes magistrats, dynamiques et travailleurs.

De la redistrubution équitable des ressouces

Il est connu de tous aujourd’hui que le Burkina Faso est un pays aux ressources humaines illimitées face à des ressources naturelles limitées. Dans ce sens, il serait plus judicieux que ce que nous possédons de plus précieux, c’est-à-dire l’Or par ces temps-ci, soit la plus grande plus-value de ce pays et que ses retombées soient redistribuées de façon équitable. Qu’on ait le courage et l’intégrité de discuter avec les sociétés exploitantes de ce précieux métal. Que la part de l’Etat passe de 10% à 40%, voire même 45%. Ceci pour éviter que la jeunesse ne prenne un jour le pays en otage. Cela ne sert à rien de monter des scènes fascinantes et éloquentes pour dire que tous y verront clair dans les retombées, mais qu’une meilleure visibilité soit mise en œuvre notamment en impliquant la société civile dans les plus hautes instances de gestion des sociétés minières.

A cela, nous ajoutons l’implication des jeunes dans ces instances et de plus, une plus grande clarté et une visibilité plus large et saine des modalités et systèmes de recrutements des sociétés exploitantes. La bonne gouvernance économique doit aussi passer par le retrait de certaines sociétés à caractère de "prête-nom", le retrait de certains marchés publics longtemps concentrés dans les mains d’un groupe donné, au profit de tous et de sanctionner avec la dernière énergie tous les agents de l’Etat qui se sont sauvagement enrichis et qui continuent de piller les deniers publics. Dans le domaine de l’immobilier, notamment le logement, il ressort que pour louer une maison ou être propriétaire, il faut être plus qu’un citoyen de cadre "A" de la fonction publique ou être dans un service où il y a des "affaires". De ce constat, nous disons qu’il va falloir que l’Etat jette un regard profond sur cet aspect qui relève plus de l’équilibre social que du clientélisme ou de l’affairisme.

Que ce ne soit pas la seule satisfaction de l’intérêt individuel qui domine au profit de l’intérêt collectif ou général. Il est connu de tous que dans la plupart des pays, le volet social, notamment l’aspect logement social est l’une des priorités des dirigeants. Qu’on régularise les prix des loyers en fonction des caractéristiques de l’habitat.

De la mise en place des structures

Depuis la délocalisation de la célébration du 11-Décembre, force est de constater que dans l’organisation, d’énormes problèmes se posent du simple fait que chacun veut en tirer profit. Pour donc éviter cette lutte inutile, il faudrait décharger le MATD et le MCT de cette activité en créant un secrétariat permanant des fêtes nationales (SP/FN) rattaché au Premier ministère dont la mission spécifique sera de s’atteler à l’organisation du 11-Décembre. Ce qui créera de l’emploi pour les jeunes. Pour mieux communiquer avec la population et comprendre leur préoccupation, il faudrait créer des Centres d’expressions démocratiques (CED) dans toutes les communes. Ces centres permettront aux jeunes de se retrouver pour s’informer, débattre et échanger sur toutes les questions d’actualités. Ils pourront également échanger sur leurs projets de société et leurs situations.

Pour mieux renforcer ces CED, il faudrait que l’Etat revoie à la hausse l’enveloppe allouée aux médias et particulièrement à la presse écrite. Ainsi, elle pourra véhiculer les messages jusqu’au bas niveau. Pour anticiper les événements, il faudrait mettre en place un Comité national de prévention des crises (CNPC) rattaché à la présidence du Faso et composé de jeunes leaders d’associations et d’opinions ayant une très bonne capacité d’analyse et une bonne vision. Dans sa feuille de route, ce comité doit jouir d’une indépendance totale afin de détecter tous les germes qui peuvent conduire aux désastres. L’ensemble donc de ces constats, suggestions et propositions contribuera à apaiser la tension sociale et pour un Burkina stable, prospère et émergent. Il lui faut plus de justice et d’équité sociale.

Ouagadougou, le 10 mai 2011

Pour le MPJ Le Secrétaire exécutif national Pascal ZAIDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 mai 2011 à 04:39, par COLUCHE En réponse à : SITUATION NATIONALE : Le Burkina Faso en mal de Justice et d’équité sociale

    Je suis d’accord qu’il faut que des voix s’elevent pour denoncer ce qui ne vas pas au pays des hommes integres. Cependant, pour donner de la credibilite a ce que vous dites, vous devez adopter une demarche scientifique qui veut que vos exemples soient estampilles du sceau de vos sources. Vos statistiques sur le grde de sergent et celui d’adjudant sont archifaux. Qui plus est, si vous saviez que le critere de recrutement des soldats dans l’armee n’inclut pas le niveau intellectuel, alors qu’il faut avoir un certain niveau pr passer au grade superieur, alors vous comprendrez pourquoi les pourcentages pour acceder au grade superieur sont faibles.
    D’autre part, quand vous parlez de grandes ecoles pour faire reference a la categorie des officiers proches du pouvoir, vous faites erreur. La generation des officiers superieurs dont dispose le BF en ce moment est quasiment issue d’ecoles etrangeres. Tres peu ont ete formes a Po. Quelle definition donnez vous a grande ecole ?
    Tout compte fait, reevrivez votre papier avec plus d’acuite ds votre analyse, donc plus de faits justes.
    Merci et Grd courage a vous

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