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Article 37 : Un pas dans la bonne direction selon l’UE

Publié le vendredi 13 mai 2011 à 01h32min

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Le moins que l’on puisse dire est que l’ombre de la situation nationale a plané sur la célébration de la Journée de l’Europe 2011. Initialement prévue pour le 9 mai, cette journée a dû être reportée au mercredi 11 mai 2011 en raison du deuil national décrété ce jour-là par le Président du Faso par suite de l’accident de la route qui a causé la mort de 28 personnes en territoire togolais. La situation nationale s’est également invitée au cocktail organisé à cette occasion, notamment à travers le discours de l’ambassadeur-chef de la délégation de l’Union européenne, Amos Tincani. Revenant, entre autres, sur les propos d’un représentant du gouvernement qui a affirmé que le contexte actuel ne se prête pas à une révision de l’article 37, l’ambassadeur-chef de la délégation de l’UE dira que cette prise de position est un pas dans la bonne direction.

C’est par la présentation de condoléances aux autorités et au peuple burkinabè pour l’accident de la route survenu au Togo et dans lequel plus d’une vingtaine de Burkinabè ont perdu la vie que l’ambassadeur-chef de la délégation de l’Union européenne, Amos Tincani, a débuté son allocution à l’occasion du cocktail organisé à sa résidence le mercredi 11 mai 2011 à son domicile.

Auparavant, les hymnes du Burkina Faso et de l’Union européenne ont été exécutés devant le parterre d’invités. Puis Amos Tincani, accompagné de son épouse, Heidrun, et de ses pairs européens, a fait la genèse de l’UE : « Le 9 mai, l’Union européenne célèbre la date symbolique à laquelle Robert Schuman a fait part de ses idées concernant une Europe unie. Cette vision reposait sur le postulat essentiel qu’il fallait construire une Europe non pas en vertu d’un concept ou décision unique, mais par étapes. Ce qui avait démarré sous la forme d’une communauté du charbon et de l’acier pour ensuite se transformer en un « club » économique élargi est devenu une Union tournée vers l’extérieur, dont le rôle et l’influence vont croître et qui, pour le meilleur, exerce une force dans les régions voisines et dans le monde. »

En ce qui concerne la coopération avec le Burkina Faso, on peut noter le déboursement, en 2010, d’environ 210 milliards de F CFA, soit 19% du budget annuel de l’Etat burkinabè et l’engagement en faveur du pays des hommes intègres, notamment à l’appui budgétaire général, le projet routier Sakoinse-Boromo, le projet régional des parcs de l’Entente, la mise en œuvre d’un portefeuille d’environ 50 projets ayant comme bénéficiaires des ONGs, l’appui aux organisations régionales basées au Burkina, dont le CILSS et l’UEMOA, les aides d’urgence à travers ECHO.

Tout en saluant le retour à l’ordre constitutionnel au Niger, en Guinée-Conakry ainsi qu’en Côte d’Ivoire, le diplomate européen a souligné que le Sahel reste une zone d’instabilité et d’insécurité où les actions d’AQMI pourraient d’ailleurs connaître une recrudescence par suite de la mort d’Ossama Ben Laden.

« Le paradoxe burkinabè »

Selon lui, la source principale d’instabilité pour le Burkina n’est pas externe mais interne : « Nous avons assisté à un enchaînement de manifestations violentes, notamment d’étudiants et de plusieurs corps habillés. Il n’est pas facile de faire la part des choses entre symptômes, revendications de catégories, causes profondes et réformes de long terme, surtout si l’on doit négocier avec une kalachnikov sur la table. »

L’ambassadeur-chef de la délégation de l’Union européenne, qui n’a pas manqué de louer l’esprit de dialogue du gouvernement, estime qu’à long terme ce dernier devra réfléchir davantage sur ce que les économistes appellent « le paradoxe burkinabè », c’est-à-dire une croissance soutenue mais avec très peu d’impact sur la réduction de la pauvreté profonde : « Dans ce sens, des actions efficaces dans le domaine de la maîtrise de la démographie et pour une augmentation de la pression fiscale sont certainement pertinentes. La pression fiscale actuelle devrait être augmentée de 50% pour s’aligner sur la cible UEMOA, ce qui donnerait des moyens aux ambitions du gouvernement en termes d’une politique sociale d’envergure. L’UE et, je suis sûr, l’ensemble des PTF, sont disposés à avoir un dialogue approfondi avec le gouvernement pour trouver des solutions à ce paradoxe ».

Au dire d’Amos Tincani, l’annonce que le gouvernement s’attellera à la résolution des problèmes de corruption, de bonne gouvernance et de perception de l’impunité est très positive. Une action qui lui tient à cœur, à cet effet, est en cours au profit des forces de sécurité pour leur rôle dans un Etat de droit.

Et il a cité l’Article 23 du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance qui y fait référence de façon explicite : « Les personnels des forces armées et ceux des forces de sécurité publique doivent recevoir dans le cadre de leur formation une éducation à la Constitution de leur pays, aux principes et règles de la CEDEAO, aux Droits de la Personne, au Droit humanitaire et aux principes de la Démocratie. A cet égard, des séminaires et rencontres périodiques seront organisés entre les éléments de ces forces et les autres secteurs de la société ».

A en croire M. Tincani, le corps diplomatique a entendu avec intérêt un représentant du gouvernement (NDLR : il s’agit du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibril Bassolet) affirmer que le contexte actuel ne se prête pas à une révision de l’Article 37 : « Cette prise de position est un pas dans la bonne direction non seulement pour réduire la tension et la radicalisation dans le pays, mais aussi pour renforcer la démocratie de fait ». Il a terminé son propos en levant son verre à l’Europe et à la coopération avec le Burkina.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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