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PTF/Gouvernement : C’est le moment d’abandonner les mauvaises pratiques

Publié le jeudi 12 mai 2011 à 01h02min

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L’on commençait plus ou moins à s’habituer au « devoir de réserve » et au langage diplomatique, fait de circonlocutions et de périphrases des partenaires techniques et financiers (PTF). Mais force est de constater que, depuis quelques années, ils ont laissé tomber ce langage pour dire crûment les choses. Et ce ne sont même plus dans les salons feutrés mais en public que ces vérités se disent.

Pour tout dire, ceux-là qui oxygènent nos finances et débloquent les fonds, bref, qui mettent la main à la poche pour nos projets de développement, ne gardent plus leur langue dans leur poche. Et ce, au grand désarroi du gouvernement, qui s’est parfois plaint de cette attitude de donneurs de leçons de la part des PTF.

On en a encore eu la preuve le mardi 10 mai dernier lors de la rencontre de prise de contact du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, avec les partenaires techniques et financiers du Burkina, où ces derniers ont, par la voix de leur chef de file, l’ambassadeur-chef de délégation de l’Union européenne au Burkina, Amos Tincani, analysé la situation nationale de manière tranchée. Morceaux choisis : « La crise qui prévaut n’est pas d’origine récente et des diagnostics et recommandations avaient déjà été émis par les Burkinabè eux-mêmes. Elle est notamment issue d’une absence de confiance et d’un manque de qualité du dialogue entre le gouvernement et tous ses partenaires au développement ».

Voilà qui est bien dit ! Les esprits chagrins y verront toujours une ingérence dans nos affaires ou toute autre immixtion. Cependant, quand on tend la main pour « négocier », il est normal que celui qui paie la guitare dicte la note à jouer. Il ne sert à rien de s’abriter derrière certaines considérations.

En vérité, ce sont des vérités que les gens (la presse, la société civile, les partis politiques et même le collège de sages) serinaient depuis longtemps, mais les récriminations et les critiques ont rarement rencontré un écho favorable de la part de l’Etat.

Maintenant que le coup de semonce des militaires a été suffisamment grave, que beaucoup de mythes sont tombés, qu’on imagine la déchirure intérieure qui doit être celle du chef de l’Etat, l’on suppose qu’ils vont analyser froidement les imprécations des bailleurs de fonds de notre pays.

Ce sont des amis qui nous veulent du bien dans une certaine mesure. Qu’ils en viennent à parler des monopoles économiques de fait, de la corruption, de l’impunité, du manque de respect de l’Etat de droit par les corps habillés, sans encore citer de noms, en tout cas pas publiquement, n’a rien d’étonnant et d’indécent. Ils vivent sur la terre des hommes intègres avec nous et connaissent parfois nos pays mieux que nous-mêmes.

Il appartient aux autorités de recevoir ces critiques avec beaucoup d’humilité et de rectifier le tir. C’est tout ce qu’on peut espérer : que ce chaos débouche sur une autre mentalité, sur une façon de gérer sainement et sérieusement les affaires publiques. C’est bien connu, d’un grand mal peut naître un grand bien.

Certes, comme l’a dit le Premier ministre himself, « ce n’est pas le moment de nous abandonner » (cf L’Observateur Paalga du mercredi 11 mai 2011), mais force est de reconnaître que c’est le moment d’abandonner les mauvaises pratiques. Comme on dit, les vérités que l’on n’aime pas entendre sont celles que l’on gagnerait à méditer le plus.

Effectivement, on n’abandonne pas ses amis dans la tourmente, mais encore faut-il que ces amis aient le courage d’abandonner certaines pratiques ! Et à ce propos, le gouvernement de Luc Adolphe Tiao sait réellement ce qu’il doit faire pour ne pas être « lâché » par les bons Samaritains qui lui ont exhibé des maux déjà connus depuis belle lurette. Cela passe par des mesures courageuses afin d’assainir le système.

A bon entendeur, …

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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