COTE DIVOIRE-SENEGAL : ADO rend la politesse à Gorgui
A tout seigneur, tout honneur. Le tout nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO) effectue, en principe, aujourd’hui 12 mai 2011, une visite à Dakar au Sénégal. C’est donc au président sénégalais Abdoulaye Wade que revient l’honneur de recevoir ADO qui effectue son tout premier voyage hors de son pays en tant que chef de l’Etat après sa prestation de serment. Et ce genre d’honneur, on ne le réserve pas à n’importe qui. En général, il revient à ceux qui ont soutenu le chef de l’Etat nouvellement élu. En la matière, c’est de notoriété publique que Abdoulaye Wade n’a pas ménagé son soutien à ADO.
On se rappelle la visite- éclair que ce dernier a effectuée à Dakar dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle ivoirienne. Un aller-retour qui avait irrité au plus haut point le président sortant Laurent Gbagbo qui avait même rappelé son ambassadeur accrédité au Sénégal.
Cette fois, ce n’est pas le candidat qui vient voir un allié mais le chef d’Etat ADO. Et foi de certains titres de la presse ivoirienne, il s’agit d’un déplacement pour renforcer les liens de coopération entre les deux pays et aussi exprimer la gratitude du candidat à Gorgui (vieux en wolof). Nul doute que ADO ne manquera pas de l’inviter de vive voix à son investiture prévue pour le 21 courant à Yamoussoukro. La visite d’aujourd’hui est une façon de renvoyer l’ascenseur, de rendre la politesse à celui qui, au-delà du soutien à ADO, s’est aussi impliqué.
On se rappelle qu’au début de la crise en 2002, il avait dépêché son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Cheikh Tidiane Gadio, à Bouaké pour prendre langue avec la rébellion. Abdoulaye Wade s’était aussi indigné de la manière dont étaient traités les ressortissants burkinabè en Eburnie à travers une phrase désormais célèbre : "Aujourd’hui, le Burkinabè vit en Côte d’Ivoire ce le Noir ne vit pas en Europe". Cela lui avait valu des quolibets de la part des partisans de Laurent Gbagbo et aussi des exactions contre les Sénégalais vivant en Côte d’Ivoire.
Mais cela n’a pas découragé Gorgui qui, en avril 2010, s’est rendu sur les bords de la lagune Ebrié pour jouer les médiateurs (certains avaient vu dans sa démarche un court-circuitage du médiateur attitré Blaise Compaoré) entre les protagonistes de la crise. Wade n’a pas voulu être en reste dans le dossier ivoirien alors que bon nombre de ses pairs ont préféré faire profil bas. Il est resté égal à lui-même durant la crise postélectorale consécutive au refus de Laurent Gbagbo de céder le fauteuil qu’il a perdu dans les urnes. Et c’est sans hésiter que Gorgui s’est aligné derrière les décisions de la CEDEAO reconnaissant la victoire de ADO au second tour de l’élection présidentielle.
Mieux, le n°1 sénégalais n’a de cesse d’inviter le président sortant à avoir l’élégance de Abdou Diouf qui, en 2 000, est parti sans faire de la résistance après avoir perdu l’élection présidentielle. C’est donc à un défenseur des principes démocratiques, bien qu’en interne ses opposants trouvent à redire de sa conduite des affaires, que ADO rend visite.
Séni DABO
Le Pays