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CHARNIERS EN COTE D’IVOIRE : Vous avez dit horreur ?

Publié le mercredi 11 mai 2011 à 03h58min

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Avec Duékoué, on croyait avoir atteint le fond de l’horreur en Côte d’Ivoire. Cette ville, où règne l’odeur pestilentielle de la mort, est devenue emblématique des violences post-électorales en Côte d’Ivoire. Il faudra malheureusement compter avec d’autres charniers que la fin de la guerre révèlera au grand jour. C’est le cas des découvertes macabres faites ces derniers jours dans la commune de Yopougon, à Abidjan, après sa libération par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Une folie meurtrière s’est emparée des anciens maîtres des lieux, les miliciens et mercenaires pro-Gbagbo, qui a conduit à une véritable hécatombe.

La Côte d’Ivoire n’a donc pas fini avec le sinistre décompte des morts. Le côté obscur de l’ancien régime apparaît peu à peu à la lumière du jour avec la fin du conflit, charriant les cadavres d’innocentes victimes mortes pour délit de faciès. Laurent Gbagbo est véritablement allé trop loin dans sa lutte pour le pouvoir. Au titre de ses nombreux crimes que l’histoire retiendra, figure incontestablement le recrutement de miliciens et de mercenaires, auteurs des graves atteintes aux droits de l’Homme.

On l’a vu, ces supplétifs des ex-FDS (Forces de défense et de sécurité) ont été commis à la sale besogne. Ce furent des machines à tuer, comme si la consigne leur avait été donnée d’ôter le plus de vies possibles. Sans aucune éthique de la guerre, juste motivés par l’appât du gain (pour les mercenaires) ou la soif de vengeance (pour les miliciens), ils ne savent que tuer. Gbagbo, en faisant appel à de tels criminels, savait donc à quel résultat on aboutirait : une tuerie à grande échelle que des militaires professionnels n’auraient peut-être pas faite. Du reste, beaucoup de FDS, au plus fort de la crise, ont préféré ranger leurs armes que de se battre pour une cause incertaine. Les miliciens et les mercenaires sont donc le symbole de la déchéance morale du régime Gbagbo.

Une graine terrible a été semée en Côte d’Ivoire et il faudra vite, dans le processus de réarmement moral, s’y attaquer. Mais la Côte d’Ivoire ne peut, à elle seule, traiter cette gangrène du mercenariat. Il faut éradiquer le mal à sa base, depuis le pays qui l’héberge, à savoir le Libéria. L’une des leçons que devra tirer la sous-région, c’est qu’il est impérieux de régler définitivement la question. Les autorités libériennes n’ont visiblement pas su apporter une réponse adéquate à la réinsertion de tous ces anciens soldats. Si beaucoup d’entre eux n’ont pas résisté à l’appel des armes, c’est que la politique nationale de reconversion a échoué. Un coup de pouce de la CEDEAO ne serait pas de trop, pour mettre un terme définitif à l’ère des soldats de fortune. Mais cela n’exonère en rien le Libéria de son devoir de bien tenir en laisse ses chiens de guerre.

Cela passe par des peines très sévères contre le phénomène du mercenariat. En tout état de cause, le Libéria ne doit plus être à l’Afrique de l’Ouest ce qu’est l’Afrique du Sud pour la partie australe du continent : un pourvoyeur de mercenaires. Au regard des blessures difficilement cicatrisables que les mercenaires libériens ont infligées à la Côte d’Ivoire, la question doit être rapidement prise à bras-le-corps. Tout comme un code d’éthique doit être édicté et imposé aux dirigeants ouest-africains sur l’interdiction d’utiliser ces "desperados" tropicaux. Car, il est impératif d’éviter à d’autres peuples de revivre l’horreur ivoirienne.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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