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Article 37 : Il ne devrait plus y avoir de débat

Publié le mardi 10 mai 2011 à 01h45min

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Depuis l’installation de l’équipe de "mission et de combat" de Luc Adolphe Tiao, c’est la communication à tout crin : d’abord, à l’interne par des conférences de presse chaque semaine, avec une belle brochette de ministres ; ensuite, il y a surtout la communication à l’externe, très prisée par de nombreux dirigeants africains, ce qui se comprend aisément, même si la bataille de l’opinion nationale doit se gagner également en accordant plus d’égard aux médias locaux qui, en outre, sont des lucarnes extérieures via Internet.

Ainsi à l’externe, dès sa prise de fonction, le Premier ministre est intervenu sur RFI, France 24, Africable... On ne peut pas reprocher à un gouvernement qui gère une crise aussi profonde que celle que vit le Faso de communiquer. Encore faut-il que tout soit harmonieux !

Le dernier en date de ce battage médiatique est la sortie le 8 mai 2011 de l’ancien-nouveau ministre des Affaires étrangères, Djibril Bassolet, sur France 24.

Auréolé de sa nouvelle stature internationale, c’est donc un chef de la diplomatie burkinabè qui a abordé de nombreux sujets sur le tube cathodique.

On retiendra particulièrement le sujet sur la transition au Burkina Faso et, derechef, l’actuel sujet à débat sans fin (SDF), l’article 37.

Sur la transition, on est heureux d’entendre l’interviewé affirmer que "nous allons vers une transition apaisée". Voilà qui est bien dit. Car qui dit transition dit passage d’une frontière à une autre, et selon notre diplomate en chef, il se fera en douceur. A l’évidence, foi de Djibril Bassolet donc, l’alternance se passera sans heurts.

Mais en même temps on est refroidi lorsqu’il évoque l’article 37, très querellé. En effet, comme de nombreuses personnalités du microscosme avant lui (sûrement qu’il y en aura après lui), l’ex-représentant de l’ONU et de l’UA au Darfour a répété mutatis mutandis ce qu’on a déjà ouï dire à propos du toilettage des textes politiques et institutionnels :

ainsi on a encore entendu l’antienne selon laquelle il n’y a pas de sujet tabou, qu’il y aura de vastes concertations et que le pouvoir en place se pliera aux décisions consensuelles sur ces fameuses réformes politiques. En un mot comme en cent, on pourrait pinailler sur l’article 37.

Or s’il y a débat sur ledit article, c’est qu’on veut le toucher, et si c’est le cas, c’est certainement pour biffer la mention utile, laquelle avait été élaguée en 1997 avant que la crise post Sapouy ne la réintègre en 2000.

Pourtant le ramdam qui a mis le pays sens dessus-dessous ces derniers temps devrait accoucher d’un nouveau paradigme politique qui consisterait en la mise en sourdine des velléités monarchiques.

Pour cela une clarification s’impose. Du reste, débat pour débat, on sait que quel que soit le chemin emprunté (parlementaire ou référendaire), si on veut charcuter ce SDF, il le sera.

Il faut au demeurant dédouaner Djibril Bassolet, tout comme les autres ouailles de la galaxie Compaoré, car on a la vague impression qu’ils ignorent tout de la position exacte du président du Faso ; d’où toutes ces supputations et tout ce pataquès d’intentions qu’on lui prête.

Jusqu’à preuve du contraire, lui, le principal bénéficiaire d’une révision de l’article, n’a jamais clarifié sa position sur le problème. Si son mutisme est une qualité qui nous a souvent évité l’escalade, notamment en 2002 au plus fort de la crise Burkina Faso/ Côte d’Ivoire, car "un chef est grand par ce qu’il tait que ce qu’il dit" selon un adage, sur ce sujet domestique, Blaise Compaoré doit se déterminer clairement.

Monsieur le président, vous devez vous prononcer dessus, car votre silence est diversement interprété et sert d’arguments qu’on peut regrouper en deux catégories :

- premièrement, d’aucuns estiment que si Blaise Compaoré affiche maintenant de façon limpide sa conviction de ne pas s’affranchir du corset des deux mandats, donc qu’il va faire valoir ses droits à la retraite en 2015, le Burkina va sombrer dans le chaos. Une théorie qui ne tient pas à l’analyse, car l’actuel locataire de Kosyam sait que, dans son écurie, il y a de nombreuses personnes qui peuvent bien diriger le Faso.

Pour peu qu’on leur mette le pied à l’étrier en préparant une bonne transition. Or Blaise Compaoré a encore les ressorts et les ressources nécessaires pour préparer sa sortie. De toute façon, le culte de l’indispensabilité n’a jamais donné de bons résultats dans un pays :

regardez le Togo avec Gnassingbé Eyadéma ou la RDCongo avec Mobutu. Comparaison n’est pas raison, le voisin ATT du Mali a annoncé depuis longtemps qu’il ne remettrait pas le couvert en 2012 ; est-ce pour autant que son pays a volé en éclats et que chaque gourou va partir avec un morceau ?

- deuxième postulat avancé par d’autres Burkinabè : une telle annonce va provoquer une guerre fratricide entre les prétendants, et le CDP va voler en éclats.

Tant mieux, car le bal des vice-califes réels ou putatifs permettrait de faire le tri, et aux hommes d’Etat d’émerger. Que le darwinisme politique prévale !

Quant au CDP, le rêve de son "militant émérite" qu’est Blaise Compaoré est qu’il lui survive, car si après son retrait le parti disparaissait, c’est que ce n’aurait pas été une formation digne de ce nom.

Il est vrai que les formations politiques en Afrique se ramènent à la donne personnelle, mais quand un parti a dirigé un pays pendant deux décennies, il est forcément implanté...

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2011 à 00:00 En réponse à : Article 37 : Il ne devrait plus y avoir de débat

    Excellente analyse

  • Le 11 mai 2011 à 01:59 En réponse à : Article 37 : Il ne devrait plus y avoir de débat

    non sauf blaise compaore peut gerer le burkina.il est le seul qui en ai les compétences. si ce monsieur s’en va la stabilité qui est si chere est au burkina disparaitra.regardez depuis qu’il est là tout va bien dans ce pays avant lui c’etait les coup d’etat et la misère. Nous souhatons même d’ailleurs la création d’une monarchie constitutionnelle ou le roi blaise compaore serait en hauteur et nous servirait de guide.

  • Le 11 mai 2011 à 12:16, par lass En réponse à : Article 37 : Il ne devrait plus y avoir de débat

    Bien dit.Courage !

  • Le 11 mai 2011 à 13:07, par QUID En réponse à : Article 37 : Il ne devrait plus y avoir de débat

    Bjr monsieur le journaliste, pouvez vous bien formuler l’adage "un chef est grand par ce qu’il tait que ce qu’il dit" car il semble avoir une erreur de saisie. Bne journee

  • Le 11 mai 2011 à 13:24, par abi En réponse à : Article 37 : Il ne devrait plus y avoir de débat

    Quel langage honteux. Nul n’est indispensable sur cette terre, encore moins Blaise Compaoré. Il ya des milliers de Burkinabé, sauf vous deux bien sûr qui sont capables de diriger mieux ce pays que Blaise. Gbagbo disait aussi qu’après son départ c’est le chao et on constate bien le contraire depuis le 11 avril. Blaise a assez duré, il a montré toutes ses limites. Il est mieux pour lui de se retirer à temps de facon digne et honorable.

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