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Une nation sur les braises ardentes des fesses

Publié le vendredi 6 mai 2011 à 00h49min

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Les premiers mois de l’année 2011 n’ont vraiment pas souri au peuple burkinabé. Le pays vient de vivre l’une des épreuves les plus douloureuses de sa stabilité sociale. Après la bouillonnante ville de Koudougou pour une mort suspecte d’élève, ce sont Ouagadougou et Fada N’Gourma qui ont pris le relais. Au saccage et incendie déjà inquiétants des élèves dans plusieurs localités du Burkina Faso, les militaires ont ajouté une stupeur : des coups de canons aux armes légères et lourdes comme si le pays venait de sombrer dans une guerre civile. Connus à tort ou à raison pour leur docilité, certains Burkinabé ont, ainsi, bruyamment révélé la face cachée de leur personnalité. Et tout cela pour une histoire de fesses.

Et oui ! Même si de nombreux analystes refusent de s’en référer pour étayer l’origine des maux du moment, il faut oser dénoncer que ce sont les humeurs sexuelles qui ont tout déclenché et laisser la porte ouverte à tous les démons comme des maladies sexuellement transmissibles (MST) s’emparent des organes génitaux quand une pathologie similaire a été mal traitée. Les élèves de Koudougou ont laissé libre cours à leur colère en pointant du doigt accusateur sur un policier qui serait à l’origine de la mort de leur camarade Justin Zongo après que celui-ci ait été convoqué au commissariat par une élève de sa classe qui serait en réalité la copine de l’agent de sécurité. Vrai ou faux, l’instruction en cours pourra l’infirmer ou le confirmer.

A Ouagadougou, la grogne armée des bidasses est due à une incarcération des leurs suite une correction infligée à un présumé courtisan de la concubine d’un militaire. A Fada N’Gourma, c’est un mouvement pour libérer un militaire violeur. Le Burkina Faso a atteint le summum de l’impunité décriée depuis des années. La hargne liée au sexe est dévorante et les péripéties pour la contenir sont incertaines : « Les désirs sont des braises consumant la réflexion ».

Ils bloquent l’esprit et la raison plongeant profondément l’âme dans un désarroi total comme le Burkina Faso tout entier en a souffert avec le réveil brutal de toutes ses rancœurs. D’ailleurs, des politologues n’hésitent à expliquer que l’un des épisodes tragiques de l’histoire politique burkinabé cacherait en réalité une affaire de fesses qui a aiguisé toute sorte de haine et accouché d’une tragédie. Or les sexologues sont unanimes : « Dieu a placé le sexe en bas pour qu’il soit contrôlé par la cervelle ».

Du chef-lieu de la région du Centre-Ouest à la capitale du pays en passant par celle de l’Est, les évènements malheureux et douloureux ont fortement entaché l’image du pays au point de compromettre son crédit au plan international. « Le Burkina Faso n’est plus une destination sure », se sont résolues certaines chancelleries diplomatiques et d’autres nations. Les manifestations des élèves et des militaires ont ouvert la voie à tous les dérapages. Des dizaines de victimes de balles perdues et même des morts, des scènes jamais égalées de pillage de biens publics et privés.

Un sale temps s’est mis à souffler sur tout ce qui ressemble à la hiérarchie. Vomie et vilipendée par la base voire la troupe, elle a été malmenée par des destructions de domiciles et des attitudes honteuses à son endroit. Donnant lieu à un balbutiement au sommet de l’Etat et à un chamboulement sur les plans social, économique et politique. La série de surenchères et les proportions inquiétantes des mouvements en valaient la peine. Militaires, policiers se sont mis dans la danse avec ce qu’ils ont et savent de mieux : le maniement des armes et la destruction.

La grande muette est devenue brusquement bavarde et menaçante. Avec l’entrée « effroyable » dans la fureur et très « honteuse » pour le Pouvoir et la République, du très craint Régiment de sécurité présidentiel (RSP). Amenant la justice et la quiétude à être considérablement troublées. Après trois mois seulement, le premier gouvernement de l’émergence a volé à l’éclat. La chaîne de commandement des forces armées a été limogée. Sans que personne ne soit sure d’affirmer avec certitude que la résolution pleine et entière de la crise passe par une question d’hommes.

La mise en place des mesures tant attendues (baisse de l’IUTS, départ de police des universités, suppression de la TDC, diminution du nombre de ministres, etc.) voit enfin le jour dans une précipitation effrénée. Mais qu’à cela se tienne ! Les réformes si applaudies auraient été saluées à leur juste valeur si elles n’avaient pas été suscitées par des affaires de fesses : « La finalité peut paraître salutaire mais l’alibi déclencheur n’est pas du tout bon. Il est plein de saleté ».

Pour peu que l’on n’ait pas campé sur un bras de fer insolent, la lutte des partenaires sociaux et le dialogue social avec le gouvernement auraient pu atténuer les effets pervers de cette grogne nourris à la source de la pauvreté et de la cherté de la vie des uns, de l’arrogance et de la suffisance insultante des autres.
Finalement ce sont des actes impudiques qui ont servi d’alibi à toutes les revendications fondées ou infondées et montré une certaine nudité du système actuel dont les hésitations à apporter les réponses aux cris des populations rangées légalement dans la société civile ont failli le faire prendre au piège de l’attentisme et des calculs politiques.

Il sied au gouvernement actuel de se montrer attentif aux doléances des traditionnels « bavards » inoffensifs (société civile, syndicats,…) au risque de subir l’affront de la clameur armée des « sourds-muets ». Malgré les avancées enregistrées çà et là en cette période trouble, les Burkinabé doivent savoir raison gardée. Maintenant que dans un élan de lucidité, tout le monde a pris la mesure de la profondeur de la crise et la nécessité de la résoudre une fois pour toute, il faut œuvrer à bannir définitivement les « braises des fesses » envenimant les relations entre les filles et les fils d’une même nation.

Encore une fois, elles ont failli mettre le feu aux poutres en provoquant un affrontement irréfléchi entre policiers et militaires dans la nuit du lundi 2 mai dernier. A la vérité, le flic n’a jamais déchiré la carte professionnelle du bidasse. A cause d’une fille, ce dernier s’en est résolu pour créer un alibi et pousser ses camarades d’armes à le suivre dans sa sale besogne. Ainsi naissent les dérapages. Et la descente des militaires dans les commissariats a malheureusement causé l’internement d’un officier de police en réanimation.

Dommage que des Burkinabé s’infligent mutuellement de telles souffrances parce qu’ils n’ont pas su dompter leur sexe. Il convient d’exhorter les forces de défense et de sécurité de refuser tout ralliement aveugle à certaines causes corporatistes irréfléchies qui pourraient même déshonorer leur corps. Il faut s’assurer des mobiles réels avant de s’engager. Les fesses ont certes une force dirigiste mais leurs affaires manquent d’intelligence. Et en cela, il faut saluer la sagesse de la gendarmerie nationale dont la perspicacité de la hiérarchie aidée en cela par une grande doigté de certains supérieurs de la police a permis d’éviter une confrontation ouverte entre deux entités cousines reconnues pour leurs liens traditionnels et fraternels que des éléments zélés ont voulu brusquement détruire par des actes irresponsables.

Personne ni même l’opposition opportuniste, inconséquente et inconstante n’a intérêt à entrainer la nation dans le chaos en aiguisant des bassesses pareilles. Car après la satisfaction illico presto des revendications, l’on a certes progressé sur le front social mais il va falloir dans un élan d’orgueil national recommencer à soigner l’image du pays comme l’on apporte des soins à un malade atteint de IST : patiemment et efficacement. Et cette puanteur n’est pas du tout à l’honneur de tout Burkinabé.

Dorcas Céleste KOIDIMA,

Pour lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2011 à 22:02 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    Bien dit, certains ont oublié le mot INTEGRE alors qu’ils sont au pays des hommes intègres, vive de tels journalistes

    • Le 8 mai 2011 à 11:01, par elkabort7 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

      vous raison mai kan un individu commè un crime on peu pas accuser tus l eta même en France la police raquette surtout avec violence

      Un policier soupçonné d’avoir racketté deux prostituées du bois de Vincenne

      Un policier, âgé d’une trentaine d’années, a été interpellé, samedi matin, après avoir été dénoncé par deux prostituées, pour des faits supposés de racket.

      Des prostituées exerçant au bois de Vincennes, dans le XIIème arrondissement à Paris.

      Ce policier, affecté à la brigade anticriminalité d’Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, aurait menacé les deux prostituées avec son arme de service, rapporte Le Parisien.

      Selon une source proche de l’enquête, « lors de ces tentatives d’extorsion, le gardien de la paix semble s’être tiré accidentellement dans une main ».

      Le policier a été déféré, lundi soir, devant un magistrat du parquet de Paris.

      • Le 9 mai 2011 à 01:21 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

        Je suis sur que la France reste pour beaucoup d’entre nous la reference par excellence, mais j’avoue ne pas voir trop de liasion entre votre reference et le point du 1er intervenant, a moi que vous teniez a nous rassurer de votre mise a jour avec les evenements de la mere-colonie.

  • Le 5 mai 2011 à 22:19, par M’ka yeel yan ? En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    Bel article. Bravo à son rédacteur pour le rappel des faits ayant déclenché la crise multiforme : "les fesses".

  • Le 6 mai 2011 à 06:22, par Sergent En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    L’Orgueil en est la première Cause de ces dites Troubles. Le Mâle Burkinabè est convaincu que porter la culotte signifie etre au dessus d’autrui afin que la Femelle Burkinabé soit en dessous de lui...
    Domage, ce n’est pas réfléchis de leur part surtout des Hommes de Tenue, car ils sont les vrais Irréfléchis(pour la plupart) et on apporté le Chaos depuis Koudougou, pour ensuite se tourner en Victimes, revendicateurs, justiciers, Pilleurs et Inocents...
    La guerre de fesses ne manque pas au BF ; mais quand ca concerne un Homme de tenue, ca devient une Guerre de Bêtes. Jai des Parents Militaires et je suis parfaitement daccord que les Hommes de tenues en général, souffrent énormément ; mais je ne tolère pas qu’ils aient pleins d’actes irréfléchis ; ils sont trop impulsifs. Fesses ou pas, ils devront arreter de vouloir tout regler par la Brutalité !

  • Le 6 mai 2011 à 10:30 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    Aujourd’hui, le facteur déclencheur, c’est les fesses mais, en réalité, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais, n’importe quel petit évènement aurait pu provoquer la même chose. Voyez le cas de la Tunisie avec le charretier qui a tout déclenché.
    La crise est bien plus profonde qu’une histoire de fesses comme il y en a tous les jours. Le problème est la malgouvernance de ce pays qui reste dans une démocratie de façade.

  • Le 6 mai 2011 à 11:13, par billie En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    Bel article ! Cependant je trouve un peu grossier et sexiste l expression (HISTOIRE DE FESSES) ! C est une figure de style, certes , mais, son emploi est quelque peu irrespectueux de la femme ! Merci !

    • Le 8 mai 2011 à 03:04 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

      Ce n’est pas le journaliste qui a invente cette expression idiomatique. Sa langue maternelle n’est pas le francais. Il aurait pu dire que c’est une affaire des seins mais ce n’est pas idomatique, c’esta dire une expression toute faite. Si vous changez un seul mot, vous changez le sens. exemple d’ expressions idiomatiques : faire chou blanc, faire porter le chapeau, pousser des cornes, etc.
      Quand des chanteuses disent que les hommes ont tout en abs et rien dans le coeur, nous on prend ca sportivement. On ne se fache pas car meme si on se fache, on va revenir vous baratiner et vous allez toujours accepter. C’est comme ca. La femme n’est pas bete pour refuser Zambella.

  • Le 6 mai 2011 à 12:02, par john En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    les militaire ont terni l’image du burkina. honte à ces soldat.

  • Le 7 mai 2011 à 11:16 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    ahhhhhh la femme encore la femme..... mais c’est celle moderne...

    que dieu benisse nos meres... elles sont et resteront des modeles domage que certaines n’ont pas recu la sagesse de leur mere. j’ai honte de ma generation.

  • Le 7 mai 2011 à 16:58, par koko En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    merci ! Et bravo pour votre article cela fait 3 mois que tous le monde parle des soulevements au faso .Des brulerie des cassages sans que l’ont comprennent la source

  • Le 8 mai 2011 à 10:20 En réponse à : Une nation sur les braises ardentes des fesses

    Malheureusement de l’extérieur du pays, l’image qui vient aux gens qui se préoccupent du Burkina, est encore une fois, des soladats et policiers agissant comme des animaux. Mon image est dûre, j’en convient, mais comment imaginer que ses hommes ont un cerveaux lorsque l’ont regarde leurs comportements ? Que dire des étudiants qui agissent sensiblement de la même façon eux qui en principe ont plus de savoir ?

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