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Burkina : Apaiser et rassurer, les maître-mots !

Publié le mercredi 4 mai 2011 à 03h18min

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Les nuits ouagalaises ont cessé d’être rythmées, depuis quelques jours, par des tirs sporadiques de corps habillés en courroux qui n’ont trouvé d’autre moyen d’expression que celui de l’usage de leurs armes. S’il n’est pas encore levé, l’étau du couvre-feu se desserre peu à peu, puisqu’il n’est imposé désormais qu’à partir de minuit. Luc Adolphe Tiao et son gouvernement vont devoir à présent faire feu de tout bois pour redonner au « pays des hommes intègres », son image d’antan…

Cela ne fait aucun doute, les folles semaines de tensions, de violences et de troubles qu’a connues le Burkina Faso laisseront encore longtemps des stigmates. Comme si en un éclair, la belle réputation de nation de paix, de pays tranquille et sûr qui est le sien depuis au moins deux décennies s’est subitement effritée comme un château de cartes. A l’épreuve de revendications corporatistes et du mal-vivre généralisé, l’image s’est profondément dégradée. Et la norme sécuritaire s’est nettement détériorée. Comment restaurer à nouveau la confiance des populations, mais aussi celle des chancelleries et de l’opinion publique internationale dont on sait bien que dans le monde d’aujourd’hui, ouvert et globalisé, elle compte énormément ?

La tâche, on n’en doute pas, est ardue ! Et l’on n’a aucune peine à percevoir l’inquiétude partagée par les représentations diplomatiques et institutionnelles en place dans le pays. Le gouvernement, pour sa part, semble avoir pris la juste mesure de cette inquiétude persistante, qui multiplie les rendez-vous d’explications, afin de rassurer tout le monde. L’ancien-nouveau ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale a ainsi déjà rencontré, à deux reprises, des membres du corps diplomatique et consulaire, ainsi que des représentants des organisations et institutions internationales accrédités au Burkina. Objectif avoué, assurer leurs excellences que le gouvernement met tout en œuvre pour endiguer la situation et redonner les gages d’une maîtrise progressive des données de la sécurité et de la paix nationales.

Cette dimension, à la fois pédagogique et prospective, est importante. D’autant que le Burkina Faso a fort à perdre d’une détérioration constante de sa situation intérieure. Et le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, semble l’avoir compris qui a d’emblée misé sur des mesures d’apaisement. Ainsi, plutôt que de prendre le bâton du censeur, il a enfilé la veste du médiateur, mettant en avant, en tant que communicateur, son sens de l’écoute. Il a ainsi rendu visite et/ou reçu en un temps record différentes composantes de la société afin de se faire une idée plus juste de la profondeur du malaise. Dans la foulée de ces concertations tous azimuts, Luc Adolphe Tiao a mis le doigt là où ça fait mal, prenant une série de mesures qui, incontestablement, contribuent à saper le moral des populations et à cristalliser le mécontentement général.

Certes, il y a encore à mettre toutes ces mesures en scène, ou plutôt en action synergique afin que chacun sente que les choses commencent véritablement à bouger. C’est vrai, aucun remède miracle ne saurait guérir le mal national en un tour de main magique. Mais on peut bien admettre que la nouvelle équipe gouvernementale, qui sait que plus rien ne sera comme avant –les derniers événements ayant montré une exceptionnelle capacité d’expression et de réaction des populations- n’a aucun intérêt à ne pas travailler dans une optique claire de retour à la normalité.

En face, les attentes sont toujours là, tenaces, cruciales. Et il y a encore fort à faire pour ramener la sérénité dans les cœurs. En jouant à fond la carte de l’apaisement et de la sécurité, et en cultivant une bonne dose d’humilité dans sa façon d’aborder les graves questions qui nous tourmentent en ce moment, le gouvernement devrait pouvoir tirer son épingle du jeu. A condition toutefois que l’hypocrisie déserte le forum…

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2011 à 00:43, par habitant de Wongo En réponse à : Burkina : Apaiser et rassurer, les maître-mots !

    je salut le courage du Premier Ministre qui a essayé de prendre certaines mesures qui étaient à mon humble avis la cause réelle de la crise. Outres ces mesures, je lui demande de se pencher aussi sur le logement qui est devenu aujourd’hui la richesse de certains. S’il peut franchement reviser ce volet, cela contribuerau sans doute la population.
    En fin mon dernier souhait est qu’il s’y implique véritablement aux lotissements des zones comme zongo ; yagma ; bissighin ; bogodogo et autres. Si les militaires les policiers ; les eleves sortent et gagent gain de cause, alors la population aussi va rester muette. par conséquent je souhaite franchement qu’il règle les lotissements, chaque fois dans la saison pluvieuse, les populations souffrent ; des sans habrits, etc... Les maires n’ont rien fait de bon sauf que s’enrichir sans conscience ; ni remort ; sans pitié de ceux qui les ont votés.
    Bocou de courage au PM

  • Le 4 mai 2011 à 09:02 En réponse à : Burkina : Apaiser et rassurer, les maître-mots !

    c’est bien pour un début.Je le répète le burkina a moins besoin de technocrate que d’honnête homme.

  • Le 4 mai 2011 à 15:42 En réponse à : Burkina : Apaiser et rassurer, les maître-mots !

    Malheureusement, "apaiser" et "rassurer" ne suffiront pas.

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